On n’est pas surpris. Genzyme, une boite spécialisée en biotech vient de mettre une nouvelle veste à Sanofi-Aventis. Un petit rappel des enjeux de cette OPA manquée.
Sanofi a subi en dix ans un véritable échec industriel malgré le tabou sur le sujet. En effet, la fin de la commercialisation de l’Acomplia, molécule anti-syndrome métabolique avait conduit la firme à une vaste remise en question. La fin des « big pharma » s’assurant d’un ou deux pipelines leur permettant une mainmise sur le marché était annoncée pour tous les analystes. Sanofi-Aventis a donc changé de voie en cherchant des moyens de se diversifier et de démultiplier les possibilités de molécules miracles. Ainsi, l’industriel s’est lancé dans une forme de frénésie totale de rachat de société biotech… tous les acquis de 20 ans de génétiques moléculaires ont commencé à intéresser les vendeurs de médicament implantés dans l’hexagone. Cette nouvelle voie est certes pertinente mais en même temps l’entreprise a vu l’attrait pour la volonté de l’actionnariat grimper en flèche. La fracture sociologique sur ce plan a été remarquée par bon nombre de salariés de l’entreprise… « A une époque, on cherchait pour soigner, maintenant on convoite surtout des parts de marché » lâchent certains en coulisse… Mais ceci est largement partagé dans la Big-pharma…rappelons par exemple que les rosyglitazones (Avendia produite par viennent d’être juste interdites alors que depuis le début de leur commercialisation des experts annoncent l’aspect catastrophique de ces molécules… On a donc exposé des patients à une molécule dangereuse ou inactive en fonction de la génétique de l’individu. Leur sortie du marché par ailleurs coïncide avec la tombée du brevet dans le domaine public. Encore une fois, les lois de la bourse sont impénétrables…
Des choix douteux. Pour revenir à Sanofi-Aventis, malgré les salaires stratosphériques de ses DG et retraités de haut-rang, on a donc vu une firme devenir « accro » à la bourse et à certains aspects assez basiques en termes de management. Des « experts » conduisaient à des catastrophes industrielles (refus des AMM par la FDA ou l’EMEA) et en conséquence des usines entières sont fermées. Une autre logique aurait pu conduire en des restructurations moins calamiteuses au niveau humain.
Outre cette stratégie brutale, Sanofi s’est lancée dans l’achat « d’usine à génériques », histoire de faire rentrer de l’argent frais. Mais là encore, on trouve un déploiement à vue courte. En effet, alors que les produits de la firme sont petits à petits finissants, il est urgent pour cette big-pharma de trouver un point de chute en vue de préparer l’avenir… et acheter des providers de générique est assez « petit » comme gesticulation, mieux vallait se lancer dans la création de structures françaises de biotech sachant que le chômage des chercheurs est en pointe dans le pays…
D’où l’attrait pour la biotech. Ainsi, cette année, Sanofi a signé des alliances avec des boites produisant des microRNA qui sont fondamentaux pour la médecine de demain. Mais Genzyme, qui détient un trésor de technologie est un élément indispensable… Sanofi est parti donc à l’assaut de Genzyme. C'est vital pour la survie du collosse. Cependant la journée d'OPA qu'on vient de vivre a été épique. Cela a ressemblé aux charges désespérées des 6000 cavaliers commandées par le Maréchal Ney sur la morne plaine de Waterloo. Sanofi s’est effrité symboliquement dans une série d’OPA presque inutiles devant les carrés très soudés de Genzyme. On dit que la firme française a offert plus de 80 Dollars par action Genzyme et pourtant, rien n’a abouti.
En conclusion. Au delà de cette Bérézina boursière, on peut juste parler de la symbolique de cette action massive. D’un coté un géant malade de ses choix passés et de l’autre un groupe qui a formé son excellence sur un créneau d’avenir avec une éthique d’entreprise bien plus valable que notre géant français qui rappelons le se frottait les mains lors de la pandémie de grippe A.
La résistance de Genzyme est donc héroïque et astucieuse. A vrai dire, c’est peut être Genzyme qui devrait racheter Sanofi-Aventis!!
ps: l'auteur déclare ne pas avoir d'action Sanofi-Aventis ou Genzyme et en tant que chercheur, il a seulement un beau reve de travailler sur les microRNA.