Les trente squatteurs du collectif Jeudi Noir ont été expulsés le samedi 23 octobre au petit matin. Il était important de vous montrer au plus prêt les moments clefs de ce drame social et la sérénité implacable dont on fait preuve les militants pris dans la tourmente policière et judiciaire. En cette mi-novembre, ces galériens du logement n'ont eu aucune aide de la part d'un Préfet oublieux. L
Chronologie d’une injustice annoncée.
Vendredi 22 octobre.
10h30. Le jugement est reçu par les squatteurs. Rapidement, il est communiqué au carré rapproché du collectif et des soutiens. Toute l’information est gardée sous embargo aux journalistes les plus proches du mouvement. C’est du off. La machine de communication de Jeudi Noir s’apprête à fonctionner en direction des rédactions. Pas de secret mais juste le temps d’annoncé aux squatteurs parti travailler/étudier les éléments du jugement. Les mailings s’agitent. On se scandalise, on s’attriste, on manifeste tous la volonté de « rester ». Certains reconnaissent que le jugement au niveau financier reste encore très élevé pour un bâtiment abandonné et sans chauffage ou commodité…
11h30. Julien Bayou propose un texte à envoyer rapidement aux médias et journalistes. Avec une synthèse et une clarté habituelle, le communiqué est envoyé pour répondre au jugement et faire le résumé de l’inacceptable. 100 000 euros exigés à des jeunes fragilisés, précaires et mal lotis… pour une utilisation d’un bien vide. Au delà de ces faits, déjà l’organisation des prochaines heures est cruciale. Certains ont répondu à l’appel des militants… Karima Delli sera présente, Jean Baptiste Eyrault du DAL vient « voler en formation » pour soutenir l’action, Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre se fera un honneur de participer à une conférence de presse prévue au lendemain.
15h00. La plupart des militants disponibles se retrouvent à la Marquise et conviennent de maintenir le forum social du Logement qui devait se tenir le samedi 23 octobre. L’heure à la mobilisation et la sensibilisation. Les média et photographes sont là. Y compris Domi qui suit avec son téléobjectif les trublions depuis les débuts. On le charrie un peu, car on s’est tellement habitué à lui qu’il fait quasi parti du groupe. Sa présence est devenue familière, sécurisante et il a tellement fait de création photo sur les activités du groupe.
Absurdité moderne... Aujourd'hui, en ce 9 novembre 2010, les 35 jeunes délogés de la Place des Vosges n'ont pas eu de solution de relogement. Ces galériens du logement survivent grace à la solidarité... Le préfet de Paris dans un courrier laconique a simplement dit qu'il n'était pas dans ses prérogatives de reloger ces jeunes. En pleine treve hivernale, on peut se questionner sur le role social d'un préfet qui s'affichait d'ailleurs dans le 11ieme arrondissement pour inaugurer 11 logements sociaux neufs. Autre image déplorable...La Marquise est toujours gardée par des vigiles et de leur chiens qui cassent l'image de ce lieu grandement symbolique et pour un cout estimé à plusieurs milliers d'euros par jour.
Ne nous y trompons pas. Alors que le Secours Catholique dans un rapport sorti ce jour, on entend des secrétaires d'Etat au logement vanter les mérites d'une utilisation bénévole des chomeurs. Signe des temps, Julien Bayou mentionne que la région Ile de France va budgeter environ 200millions d'euros pour l'habitat alors que le gouvernement ne dépensera que 511 millions au niveau national. Signe des temps, l'absurdité gagne, la précarité aussi.