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Billet de blog 17 septembre 2010

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Médiation en vue pour Jeudi Noir et La Place des Vosges

2300 mètre carrés vides Place des Vosges pendant 43 ans. Un hôtel particulier laissé en pleine déliquescence par une octogénaire dépassée par l'ampleur de l'entretien d'un bâtiment inoccupé et classé aux monuments historiques.

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2300 mètre carrés vides Place des Vosges pendant 43 ans. Un hôtel particulier laissé en pleine déliquescence par une octogénaire dépassée par l'ampleur de l'entretien d'un bâtiment inoccupé et classé aux monuments historiques.

Il y a un an environ Jeudi Noir avait donc décidé d’occuper cet hôtel ou naquit la Marquise de Sévigné. Beau symbole : la jeunesse sans logement pousse juste une porte pour se trouver un toit.

Depuis les débuts très médiatisés de l'occupation, un procès s’est déroulé et une indemnité de 25000 euros par mois s’accumulait sur les 17 étudiants et jeunes travailleurs. Somme dantesque ne se basant pas forcément sur la moindre logique car le bâtiment était laissé vide sans véritable projet. Jeudi Noir décida de rester à la « Marquise » du nom du bâtiment rebaptisé par les militants, les habitants et les soutiens.

Très vite, La Marquise aura ainsi vu le jeune collectif s’affairer à mettre les lieux dans un état de rajeunissement permanent. Des équipes nettoyant la cour, d’autres astiquant les marbres, tournant sans relâche au fond des caves pour viabiliser, assainir et quelque part restaurer l’ordre dans cet hôtel particulier qui subissait les fientes de pigeons et les rats et les infiltrations d’eau.

En quelques jours, les « Marquizards » mirent donc cet espace au cœur de Paris à disposition pour des expositions d’artistes, des colloques touchant le logement ou des aspects plus marquants de l’actualité avec la célébration de la « semaine anticoloniale ».

Une vie communautaire intense et un véritable respect des lieux, la plupart des visiteurs s’accordèrent sur ce point. Le bâtiment était en meilleur état à la suite du squat, grâce à la vigilance des occupants et aussi l’expertise des architectes du collectif dans la mise en place d’aspect fonctionnels utiles pour la vie en squat… En un an, la vie s’est installée dans l’hôtel particulier, avec bien évidemment la crainte de devoir verser ces milliers d’euros requis au procès qui eu lieu au printemps dernier.

« On ne va tout de même pas faire des logements sociaux place des Vosges ! ». Ce jeudi 16 septembre, Jeudi Noir s’est donc rendu au palais de justice de Paris pour un appel sur cette décision et éviter de payer ces indemnités.

13h30. Depuis quelques jours déjà, sur la liste interne du collectif, une fébrilité était perceptible car chacun se concentrait sur ce moment de justice important et respecté. Ceci allant crescendo au fil des heures jusqu’à ce jour. Le flot des militants de Jeudi-Noir s’est donc concentré devant le Palais de justice avec une sonorisation festive, une des marques de fabrique du collectif (cf. Le célèbre disco king).

14h00. Maitre Winter, l’avocat du collectif, vient saluer la troupe au pied du tribunal de grande instance de Paris.

14h15. Les soutiens les plus assidus réitèrent face aux media présents leur colère face à une aberration cristallisant incompréhensions et indignations. Jean Paul Huchon pour la Région Ile-de-France, Emmanuelle Cosse pour Europe Ecologie ainsi qu’Eric Coquerel appuie le collectif dans sa démarche citoyenne et soutiennent surtout ces jeunes occupants ayant fuit une précarité et le mal logement.

«C’est Un bâtiment vide au cœur de Paris en pleine crise du logement » s’énerve Séverine « 210000 euros d’indemnités pour 17 prévenus qui ont pris soin d’un bâtiment et qui ont amené la vie dans un endroit laissé vide » fustige Ophélie du collectif Jeudi Noir, intarissable sur le sujet et arborant une perruque flamboyante rouge parsemée de confettis…Non loin d’elle on retrouve les piliers du collectif notamment Julien Bayou, Manuel Domergue, Lionnel Primault ou encore Margaux Leduc, etc.

14h30. Dans la salle d’audience, le débat a démarré. Mais, dès le début Jeudi Noir trouve un écho favorable à sa requête… Une médiation a été accordé jusqu’au 22 septembre à la suite de quoi un jugement pourra être donné au mois d’octobre. L’audience a été ponctuée de phrase hallucinante. Petit moment croustillant du procès. Me Waroquier a créée un blanc en déclarant "On ne va tout de même pas faire des logements sociaux place des Vosges !" Ce à quoi le juge a répondu "La question est posée."

Solution confirmée deux heures après. Une médiation est accordée jusqu’au 22 octobre. Au final, la Justice semble avoir compris le changement qui s’opère dans la société, qui ne tolère plus ce type de situations. Une propriété vide occupée sans que cela soit un délit surtout en période de pénurie drastique de logement. Le cas de Jeudi Noir étant particulier il est évident pour tous qu’un procès favorable aux principales réquisitions du collectif n’entrainera pas une vague d’occupation mais plutôt un élan de réflexion sur la notion de propriété et de l’utilisation de celle-ci. Il faut se souvenir que des pays scandinaves sont déjà plus avancés dans ce domaine et permettent à des propriétaires de laisser des occupants dans un bâtiment sans que cela ne dérange personne pour un loyer très modique.

Au final, Jeudi Noir espère nouer un contact constructif avec la propriétaire et ses représentants sous l’impulsion de la décision du juge. Il faut aujourd’hui laisser les parties s’accorder. Soulignons que de tout temps, le collectif a toujours eu une politique de main tendue.

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