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Billet de blog 24 avril 2023

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Des fermetures de classes nombreuses : Couret, Ganties, Estadens

Vous imaginez 28 maternels dans une salle de moins de 40m2, sur 4 niveaux d’enseignement ?...

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Éducation : 
Et si on remettait la carte scolaire sur la table ?
Les fermetures de classes sont nombreuses cette année, particulièrement en zones rurales

    Après la douloureuse pilule des retraites, voici notre cher gouvernement en quête de salut au sujet de l’éducation. A grand renfort de communication, l’annonce de primes versées aux enseignant·e·s qui trouveront le temps de faire des heures de soutien en plus réussira-t-elle à faire oublier la carte scolaire 2023 ?
Rappelons-le, cette dernière est absolument désastreuse au niveau national : suppression de 2000 postes adoptée à coup de 49.3 (loi de Finance - 4 novembre 2022) et 4944 fermetures de classes dont 2259 ne rouvriront pas. Un service public à la dérive, avouons-le nous ! La grogne des parents et des enseignants est palpable, un peu partout en France…

Illustration 1


A la campagne, pas de quartiers ! Même les plus petites écoles, disposant de peu de moyens (voir quasi-aucun), ne sont pas épargnées ! A l’image de celles d’Orgibet (09), de Luchon ou de Couret (31).
Située dans le piémont pyrénéen, la petite école de Couret fait parti d’un RPI. La fermeture d’une seule classe dans ce RPI aura des conséquences catastrophiques à court et long termes. Tout d’abord, parce qu’elle n’impactera pas une école, mais les trois qui composent le RPI Couret-Estadens-Ganties : des effectifs en hausse dans des locaux inadaptés (trop petits) et inadaptables; le tout en classes triple ou quadruple niveaux (en fonction des scénarios, 25 ou 28 élèves dans au moins 2 des 3 classes). Par ailleurs, l’accueil des TPS ne sera plus possible (et tant mieux, vu les conditions dans lesquelles ils seraient accueillis). Mais alors que les services petite enfance sont saturés sur le territoire, les parents se questionnent : que vont-ils faire de leurs enfants ? Rappelons que congé parental d’éducation et aides sociales stoppent à l’âge de 3 ans. Pour un enfant né en janvier, c’est 8 mois de sacrifice que devra assumer la famille. Nous voyons là toute l’incongruité de la situation : aucune  facilité pour le retour à l’emploi des jeunes parents (des mères principalement) alors que le gouvernement prône le raccourcissement des durées d’allocation d’aide à l’emploi.

Vous imaginez 28 maternels dans une salle de moins de 40m2, sur 4 niveaux d’enseignement ? On ne parle pas d’une classe simple niveau, en ville, avec toutes les infrastructures culturelles et sportives accessibles à pied. Non, on parle d’une école en zone rurale isolée dont le seul atout est la vue sur la montagne et la nature environnante. Pour tout le reste, il faut compter sur les compétences de l’enseignant·e multi-fonctions, véritable couteau suisse de l’éducation. En simple ou double niveau, avec des classes de plus ou moins 20 élèves, c’est l’idéal. Mais à 25 dans des locaux trop petits et en triple niveau, c’est sacrifier nos enfants sur l’autel des économies budgétaires et creuser les inégalités déjà criantes entre les zones urbaines et zones rurales.

Alors que le Ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, roule des mécaniques sur France Inter, ce vendredi 21 avril, pour présenter les efforts de revalorisation des salaires des enseignant·e·s, il affirme : « le taux d’encadrement […] a un lien vers l’attractivité du métier ». Et il promet que le taux d’encadrement va s’améliorer progressivement. Pour rappel, le rapport de la DEPP publié en décembre 2022 classe la France parmi les plus mauvais en termes de niveau salarial et de taux d’encadrement en maternelle et en primaire.

L’éducation nationale affiche la volonté louable d'inclure les enfants à besoins spécifiques (notifiés par la MDPH ou non) qui demandent pour l'enseignant souvent bien plus que la présence seule d’un·e AESH (d'ailleurs de plus en plus mutualisé·e·s malgré des prescriptions qui sont souvent  individualisées). Permettre cette inclusion, c'est donner à l’enseignant·e la possibilité d'une prise en compte individualisée de chaque enfant qui plus est quand cet enfant présente des particularités (troubles du comportement, autisme, DYS, etc…). Comment imaginer cette qualité d'enseignement au regard d'un nombre de jeunes par classe qui explose ?

Pourquoi fermer autant de classes quand on sait qu’un faible effectif permet l’épanouissement des élèves, des professeurs et l’obtention de meilleurs résultats scolaires ? On y voit là une vision court termiste et ignorante des mutations de territoires au regard de la migration, toujours présente depuis la COVID, de la population citadine vers les zones rurales. 
Les parents d’élèves de Couret et d’ailleurs ne veulent pas que leurs enfants subissent les résultats d’une mauvaise gestion des ressources humaines dans l’éducation nationale depuis des années, ni qu’ils soient victimes d’une logique purement comptable ne prenant pas en considération les particularités de leur territoire. 

« Nous avons choisi de nous installer dans la région pour que nos enfants bénéficient du cadre paisible de la campagne, et aussi parce que les conditions d’enseignement nous paraissaient idéales. » affirme Christine B., parent d’élève et mère de deux enfants en bas âge. « Aujourd’hui, cela ne me semble plus être le cas et cela me fait peur : je ne sais pas si mon garçon pourra être accueilli à l’école l’année prochaine. »

Et pendant ce temps, Arnaud Leclerc, DASEN de la Haute-Garonne fait la sourde oreille aux demandes répétées d’entretien avec les parents d’élèves des écoles de Couret et de Luchon…

Lors de la dernière rencontre avec l’inspecteur de circonscription de l’éducation nationale (forcée par l’occupation de l’école de Couret par les parents), ce dernier a justifié la fermeture de classe par la baisse démographique dans la région. Cela lui donne-t-il l’absolution pour détériorer gravement les conditions d’apprentissage des élèves ? Et rendre les conditions de travail des professeurs déplorables ? En toute logique, non. 


    Ces fermetures de classes en masse promettent une dégradation du service public de l’éducation, pourtant prioritaire par sa nature. Emmanuel Macron, dimanche dans le Parisien, confirme vouloir « lancer un grand projet de restauration écologique de nos écoles ». Peut-être pourrait-il commencer par réviser sa carte scolaire pour la rentrée prochaine. Ces récentes annonces font l’effet d’un pansement pour nous faire oublier la catastrophe annoncée… 


Historique de la mobilisation des parents à Couret (31) :
8 février 2023 : Lettre envoyée par les parents d’élèves aux membres du CDEN de la Haute-Garonne.
9 février 2023 : CDEN 31 - confirmation de la fermeture de classe à Couret. 1ère réunion publique qui réunira parents d’élèves, élus, journalistes et citoyens solidaires. Les maires des 3 villages (Couret, Estadens Ganties) apportent leur soutien au mouvement. 
9 mars 2023 : Réunion publique avec M. Tissinier, Inspecteur de Circonscription de l’éducation nationale. 
13 mars 2023 : M Joël Aviragnet, député apporte son soutien à la mobilisation. Roselyne Artigues, conseillère départementale également. 
15 mars 2023 : François Arcangeli, président de la communauté de commune Cagire-Garonne-Salat confirme son soutien aux parents d’élèves.
20 mars 2023 : Carole Delga, présidente de la région Occitanie, dépose un voeu s’opposant fermement à la fermeture des classes dans la région. 
28 mars 2023 : Les conseillers départementaux Roselyne Artigues et Patrice Rival déposent des voeux à l’encontre des fermetures de classe dans le canton de Bannières de Luchon (6 classes concernées dont celle de Couret).
31 mars 2023 : Pierre Medevielle, sénateur apporte son soutien à la mobilisation. 
17 avril 2023 : les parents d’élèves occupent l’école de Couret. Plus de 70 personnes sont présentes. Rencontre avec M. Tissinier, inspecteur de circonscription. 
18 avril 2023 : M. Médevielle adresse un courrier à Arnaud Leclerc demandant l’annulation de la décision de fermeture de la classe de Couret. 

APE

L'association des parents d'élèves du Cagire
Ecoles de Ganties - Couret - Estadens

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