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Billet de blog 1 décembre 2011

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Parlez d'"Otages du monde"!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'Assemblée Générale annuelle de l'association Otages du Monde se tiendra le samedi 3 décembre de 14h à 17h au Palais du Luxembourg .

J’ai connu cette association au moment de l’enlèvement d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, quand nous sommes entrés en lutte pour qu’ils soient libérés et que l’affaire ne « tombe pas dans l’oubli ». Depuis, cet épisode a connu l’heureuse issue que nous savons et il aura eu, à mes yeux, le triste avantage de faire un peu sortir du flou ce phénomène d’ampleur internationale et de douleur intime: la prise d’otages.

Face à cette problématique mondiale, peu de chiffres disponibles…mais on peut tout de même dire qu’il y aurait, d’après la compagnie d’assurance Nassau, qui garantit les risques d’enlèvement, une dizaine de milliers de prises d’otages par an dans le monde «…..les autorités des pays victimes sont plus ou moins coopératives. Beaucoup de consultants spécialisés dans ce métier avancent le chiffre de 20 000 enlèvements par an dans le monde »

Dans cette masse, beaucoup de gens dont on ne parle pas du tout (pour de multiples raisons ) et puis, les données « quantifiables » comme par exemple, les victimes de piraterie maritime dont le nombre connait une croissance exponentielle (on arrive à 1200 personnes pour l’année 2010. Chiffre donné par le Bureau Maritime International BMI). On constate aussi que les journalistes et les humanitaires sont deux professions très concernées par les prises d’otages. A titre d’exemple en 2009 on dénombrait 155 enlèvements d’humanitaires (rapport annuel, Center on International Cooperation, qui documente ce phénomène depuis 13 ans). Enfin, on reconnait maintenant que les français sont des cibles de plus en plus fréquentes pour les preneurs d’otages, comme le soulignait le Figaro en janvier 2010.

Voilà 7 ans que l’association Otages du Monde , unique en son genre sur la planète et créée initialement pour soutenir Ingrid Betancourt, fait face à ces réalités et surtout , répond aux demandes en tous genres dont elle est l’objet.

A ce titre, la rencontre avec Martine Gauffeny, secrétaire générale de l’association Otages du Monde, est totalement déconcertante, elle cite entre autres « une demande de soutien accrue de la part d’ex-otages et de leurs proches, des questions infinies sur les problèmes spécifiques (juridique et psychologique) de cette situation, une possibilité de consulter des archives sur les ressources documentaires disponibles qui sont trop dispersées à travers le monde, une demande de formation pour les gens qui « partent sur le terrain » dans des métiers, ou des zones, à fort risque d’enlèvements… » et face à cela ?

Face à cela des bénévoles, uniquement des bénévoles…à peu près une vingtaine de bénévoles et une centaine de membres se donnent avec noblesse pour la cause et organisent des actions diverses mais dont les moyens sont limités….par les limites du bénévolat.

Or, on le voit, les questions posées et la force de la demande outrepassent bien évidemment une réponse basée uniquement sur le bénévolat!

D’où un projet est né : celui du Centre d’Accueil, d’Ecoute et d’Information d’Otages du Monde.

Ce centre aurait pour vocation de répondre aux diverses demandes dont Otages du Monde est l’objet. Il s’inspirerait au mieux de la démarche actuellement suivie par la Fondation Pais Libre (ONG), basée en Colombie, qui est plus spécifiquement centrée sur les prises d’otages en Amérique du Sud. L’idée est de se donner les moyens de lutter efficacement contre le phénomène de la prise d’otage et d’en connaître toutes les dimensions: historiques, géopolitiques, psychologiques, juridiques et statistiques. De nombreuses études sont menées à ce sujet dans le monde mais il n’existe pas de lieu clairement identifié permettant de rassembler et de consulter toutes les données sérieuses disponibles sur cette problématique. Par ailleurs, si, en France, les proches des otages sont généralement pris en charge pendant la détention par la cellule de soutien psychologique du Quai d’Orsay (voire par les psychologues des organisations employeurs), le suivi se fait beaucoup plus rare, même inexistant, dans la période post-libération. Or , il a été prouvé qu’en cas de libération heureuse, le trauma ne s’arrête pas sur le tarmac de l’aéroport loin s‘en faut. Sans parler des nombreux cas d’échecs de la libération où les proches sont souvent marqués à vie, dans leur chair, leur âme et….. leur vie quotidienne et leur équilibre financier.

A ce titre on pourrait longuement cité en triste exemple le cas de Christophe Beck « L’otage oublié », ou les nombreux enchainés malheureux « sans beaucoup d’existence légale » évoqués par Ingrid Betancourt dans « Même le silence à une fin ». A titre d’indication, les associations locales parle de 3000 otages en Colombie, alors que le gouvernement colombien avançait, généreusement, en 2010 le chiffre de 79 personnes séquestrées. Chiffre qui pourrait prêter à sourire si le sujet n’était pas si odieux.

Pas de lieu sur la planète qui puisse répondre à ces flous, pas de lieu indépendant ou recevoir les familles pour ces drames infiniment politiques et surtout à ce jour, pas de moyens solides indépendants pour faire face à ce qui devient l’un des grands fléau de notre époque.

Espérons que cette réunion portera quelques fruits…

Voilà pourquoi il m’a semblé important de vous signaler ce qui va se jouer, samedi 3 décembre lors de l’assemblée générale annuelle de l’association Otages du Monde.

Je vous tiendrai au courant.

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