Sécheresse : et si la bio avait des réponses ? Les producteurs d'Atanka témoignent: face à la sécheresse, l'agrobiologie propose des solutions simples et de bon sens... pour qui veut les écouter.
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Sécheresse : et si la bio avait des réponses ? Les producteurs d'Atanka témoignent: face à la sécheresse, l'agrobiologie propose des solutions simples et de bon sens... pour qui veut les écouter.
En agriculture conventionnelle, toute cette microbiologie est tuée par le labour et les pesticides. Le sol devient un simple support minéral incapable de stocker puis de restituer l'eau.
Alors que la France est le 3ème consommateur mondial de pesticides et le premier consommateur européen, il n'y a aucune chaire officielle de microbiologie des sols en France depuis la disparition du secteur microbiologie des sols de l'Institut Pasteur... cherchez l'erreur !
Un sol couvert limite l'évaporation
Bien connues des paysans les plus en pointe dans l'agriculture biologique ou naturelle, des techniques telles que le Bois Raméal Fragmenté (BRF – sol couvert de plusieurs centimètres de rameaux broyés) ou le semis sous couvert (on sème les graines directement sur les restes de la culture précédente ou sur un tapis de plantes telles que du trèfle) permettent de ne jamais laisser la terre à nu. Ce qui favorise la microbiologie du sol (encore !) et limite l'évaporation.
Dans nos campagnes, on voit souvent des hectares de terre à nu soigneusement labourée, hersée et grattée... ce qui nécessite en plus des heures de travail au tracteur en consommant d'énormes quantités de gasoil... cherchez l'erreur !
Les engrais "déconnectent" les plantes du climat et les empêchent de s'adapter
Comme nous l'explique Julien Taton, "mes plantes n'ont pas besoin de Météo France pour savoir le temps qu'il va faire. Cela fait longtemps qu'elles se sont adaptées au climat de cette année. Elles font moins d'épis mais pourront les amener à maturation. Par contre, si on pousse artificiellement les plantes avec des quantités d'engrais, on les oblige à faire autant d'épis que les années précédentes, mais il n'y aura pas assez d'eau : résultat, tout meurt." ... cherchez l'erreur !
Adaptées et diversifiées, les variétés locales résistent mieux
80% des légumes cultivés il y a 50 ans ont disparu. Une douzaine de variétés de pommes sont cultivées en France aujourd'hui, il y en avait 1000 il y a un siècle. On trouve seulement quatre ou cinq variétés de tomates sur le marché, alors qu'il en existe plusieurs centaines... que s'est-il passé ? L'industrialisation de l'agriculture, les semenciers, les OGM et les réglementations qui les favorisent sont passés par là.
Pourtant, seules les variétés locales sont bien adaptées à chaque climat et permettent d'éviter le recours aux engrais ou à l'arrosage artificiels. De plus, l'utilisation de plusieurs variétés sur une même parcelle est l'une des techniques de l'agriculture naturelle mise au point par Masanobu Fukuoka : si une variété souffre plus que les autres, que ce soit de maladies ou du manque d'eau, celles qui résistent mieux se développent plus et prennent sa place.
Si une culture nécessite un arrosage systématique, c'est que cette plante n'est pas adaptée au climat (le maïs par exemple, qui est une plante tropicale des zones humides d'Amérique Centrale) ou que la variété choisie ou les techniques culturales ne sont pas les bonnes.
Ainsi, des domaines viticoles tels que le Pech d'André montrent qu'il est possible de cultiver la vigne et de faire un vin excellent sous le climat de l'Hérault, sans avoir recours à l'arrosage.
Pourquoi dans ce cas l'installation d'arrosage par goutte-à-goutte dans les vignes est-elle favorisée et même subventionnée dans cette région ?! Et l'on commence à entendre parler d'un impôt sécheresse... cherchez l'erreur !
Les arbres favorisent le cycle de l'eau
On sait maintenant que les arbres régénèrent les sols et favorisent le cycle de l'eau. Mêlant arbres et cultures au sol sur les mêmes parcelles, la technique de l'agroforesterie est désormais largement utilisée en Afrique pour refertiliser des régions entières... avec succès !
En France, certains paysans tels que François de Soos (Domaine de Mazy) font partie des pionniers qui expérimentent cette technique, mais depuis des dizaines d'années on favorise surtout le déboisement et l'abattage des haies pour faciliter la mécanisation à outrance de l'agriculture... cherchez l'erreur !
Le cas particulier de l'élevage
Les marges de manoeuvre et d'adaptation sont beaucoup plus faibles pour l'élevage. En diminuant le nombre d'exploitations il serait plus facile de leur venir en aide en cas de sécheresse.
Plutôt que de favoriser une alimentation hyper-carnée à l'américaine, on ferait mieux de privilégier les protéines végétales (beaucoup plus efficaces en terme de rendement écologique) et de limiter l'implantation des élevages aux terres agricoles difficilement valorisables autrement, comme c'est le cas pour certaines zones marécageuses (le marais de la Bruyère pour la Ferme de Kervy) ou les prairies de moyenne montagne (dans le massif central pour la Ferme des Mille Fleurs).
Pour conclure...
Au final, les agriculteurs conventionnels parlent de catastrophe et de fatalité, alors que ce sont leurs pratiques qui constituent une véritable catastrophe, y compris pour l'agriculture biologique et naturelle qui subit les conséquences indirectes de ces aberrations.
Une agriculture plus intelligente, plus localisée et diversifiée, respectueuse des sols et des cycles naturels permet de mieux faire face aux aléas climatiques.
Alors qu'on nous parle d'impôt sécheresse, il faudrait plutôt soutenir cette agriculture biologique et naturelle, qui doit se débrouiller sans soutien public pour explorer de nouvelles pistes et innover.
Venez nous retrouver, discuter avec nous, déguster et découvrir les produits de ces paysans-chercheurs !
Autre rendez-vous, le samedi 25 juin après-midi au CICP, 21 ter rue Voltaire à Paris 11ème, arrivage festif de la nouvelle récolte de café en provenance des Coopératives Zapatistes des Paysans Insurgés du Chiapas (Mexique) : animations, débats, informations...
Atanka sera là avec un stand et une sélection de nos produits.