Si désormais, après ses propos navrants, M. Gilles Bourdouleix a la figure du crétin dramatique, il l’ajoute à celle, plus ancienne, du traître de comédie. Ceux qui connaissent un peu l’histoire de Cholet – c’est mon cas - voudront bien se souvenir de l’élection municipale de 1995. Le maire, l’antique M. Maurice Ligot, un peu affairiste, un temps vague secrétaire d’État de Giscard, fut longtemps un pilier du CNIP*, groupuscule poussiéreux de la IVe République, très à droite, antigaulliste, ultralibéral et ultraconservateur, qui voue un culte à Antoine Pinay et se retrouve naturellement, comme un seul homme pourrait-on dire vu le nombre d’adhérents, au sein de la maison UDF. Or ce M. Ligot a un jeune directeur de cabinet, le désormais fameux Bourdouleix, qui n’hésita pas à lui planter une dague dans le dos pour lui piquer sa place à la mairie et bientôt à l’Assemblée nationale. Sans l’ombre d’un scrupule. L’affaire fit du bruit dans les Mauges, puis s’éteignit gentiment sous le mouchoir épais des traditions d’un petit pays parmi les plus réactionnaires de France.
On ne peut que s’étonner de l’étonnement soudain et des cris d’orfraie de l’UDI. Il ne faut pas être grand connaisseur de l’histoire politique pour savoir que cette branche de l’UDF formée par le CNI est moins centriste qu’elle ne voudrait le paraître : les rescapés du CNIP, aujourd’hui le CNI, dont M. Bourdouleix est le président, sont beaucoup plus proches de l’extrême droite que de M. Borloo. Les propos qui ont échappé à M. Bourdouleix en témoignent et ne dépareraient pas les provocations d’un Le Pen. Le CNI est à sa place dans le courant « orléaniste » représenté aujourd’hui par l’UDF, où ont été parfois recyclés nombre d’antigaullistes, anciens de Vichy ou de l’OAS. Les plus malins se sont rachetés une conduite au « centre » mais maintiennent des liens idéologiques avec le FN. Giscard lui-même, qui a débuté sa carrière politique au CNIP, est issu de cette branche orléaniste proche de l'extrême droite. Ce vieux courant qui structure la droite française n’a pas épargné le mouvement « gaulliste » : après des Madelin et des Longuet qui s'y sont retrouvés, des Balladur et autres Sarkozy en sont beaucoup plus proches que de l’héritage « bonapartiste » du Général, l’autre courant de la droite française.
*Centre National des Indépendants et Paysans