Concernant l’article de la revue LA RECHERCHE dans son numéro de Décembre 2012, « OGM vérités et Mensonges, Retour sur la polémique, ce qu’il faut savoir ».
A la lecture de ces articles je n’ai pas eu d’éclaircissement notables quant aux fondements de cette polémique, dans le sens où aucun éclairage ne nous est proposé. Par contre nous avons droit à une suite de clichés largement diffusés dans la sphère médiatique.
En effet, dès le premier chapitre de l’article de Cécile Klinger « les effets toxiques impossibles à prouver » une fin de non recevoir est apporté à l’étude de Gilles Eric Séralini en ces termes : « le 22 Octobre 2012, le Comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies, le HCB, a rendu un avis clair et net sur l’étude concernant la toxicité d’un maïs OGM publiée le 19 Septembre, par l’équipe de Gilles-Eric Séralini, de l’université de Caen…ces travaux n’apportant pour le HCB, aucune information scientifique étayée quant à l’identification d’un éventuel risque sanitaire lié à la consommation de maïs NK603, traité ou non traité avec du roundup. »
J’ai écouté pendant quatre heures la retransmission des auditions de Gilles-Eric Séralini organisée parl’OPECST, l’Office Parlementaire d’Etude des Choix Scientifiques et Technologiques, lundi 19 novembre 2012 qui avait pour objectif de tirer les leçons du traitement de l’étude de Gilles Eric Seralini sur les OGM ainsi que celle organisée par la Commission des affaires sociales de l’assemblée Nationale le 9 octobre 2012.
Il est dommage que vous n’ayez pas assisté à ces deux auditions car vous auriez alors entendu qu’il était reproché aux agences de n’avoir jamais communiqué les données brutes des études des industriels de l’agro-alimentaires aux experts missionnés par les dites-agences pour valider une autorisation de mise sur le marché.
Un débat s’est alors instauré pour essayer de comprendre comment ces dit-experts ont-ils pu alors donner un avis positif et les agences, en charge de l’évaluation de ces études, valider, au nom de la science, les autorisations de mise sur le marché de produits de consommation auprès des gouvernements et de l’Europe, et ce depuis plus de 20 ans !
Ainsi a été mis en évidence, grâce à ce débat sur la place publique, les carence dans le rôle des agences responsables des évaluations concernant les risques sanitaires.
En tant que citoyenne, j’ai été déstabilisée par cette révélation et je suis étonnée de voir que ce débat, très polémique car touchant au cœur de l’évaluation des risques, n’a suscité aucun commentaire de votre part.
Il me semble qu’un esprit scientifique se serait emparé de cette information pour exposer à ces lecteurs ce disfonctionnement impropre à l’élaboration de quelque raisonnement que ce soit puis de solliciter l’accès à ces données brutes afin de les analyser et de les comparer avec les données brutes de l’étude de Séralini.
A la lecture de vos articles, l’idée même de cette démarche n’est pas évoquée.
Pour une revue qui se dit "scientifique", cela a de quoi étonner. Vous vous contentez de papillonner d’avis d’expert en avis d’expert qui émettent des points de vue, tel que « l’évaluation règlementaire du risque toxicologique n’est pas un espace d’interrogations et d’innovation, mais un exemple de conservatisme » , ce que nous n’arrêtons pas de lire ou d’entendre dans les médias.
En tant que citoyenne, ayant eu un bac comme 80 % de ma génération et qui lit une revue dite scientifique , je ne peux me satisfaire de points de vue pour décider de la véracité d’une étude , mais d’une démonstration fondée sur des données et non d’arguments ad Hominem sur les personnes ou la méthodologie du genre « pour explorer un éventuel effet carcinogène de telle ou telle molécule, il faudrait idéalement utiliser deux espèces d’animaux, par exemple le rat et le lapin » alors que 98% des études en toxicologie sont réalisées sur des rats!
D’autre part, vous affirmez des contre-vérités, du genre « les effets toxiques impossible à prouver » ou concernant les effets pathologiques significatifs suite à l’absorption par les rats de mais OGM et de roundup « qu’il s’agit d’un effet que ni l’analyse de la composition de la plante transgénique ni les essais de toxicité à court terme réalisés en amont de la mise sur le marché ne permettent de suspecter ».
Pourtant, lors de ces auditions, Le professeur Bellé, expert en biologie cellulaire, a été invité à présenter son étude sur le Roud-UP qui révèle que le rapport Bénéfice/Risque des OGM était mal évalué pour les raisons suivantes que je vous résume ainsi :
Après avoir rappelé que tous les OGM sont fabriqués pour être tolérant au Round-UP, c'est-à-dire que les plantes OGM après avoir été arrosées par cet herbicide, vont l’ingérer dans toutes les cellules de leur organisme et ne pas mourir, à contrario de la mauvaise herbe qui a eu le malheur de pousser à côté, Monsieur Bellé a constaté que lors de la division cellulaire le round up occasionnait des dommages.
Avant chaque division cellulaire, les gènes doivent être multipliés par deux, puis de là partir moitié pour moitié dans chaque cellule divisée.
A ce niveau de transfert, que Monsieur Bellé nomme le « check-point », une vérification est faite pour savoir si les gènes sont parfaitement identiques. S’il ne le sont pas, la division se bloque, le transfert des gènes est stoppé et un mécanisme de réparation de l’ADN s’enclenche soit pour réparer, soit pour détruire.
Or Monsieur Bellé a constaté qu’après 60 minutes, en présence d’une solution de Roundup la division cellulaire était accélérée et déstabilisait le mécanisme de contrôle visant à réparer ou à détruire les cellules contenant des aberrations de l’ADN au niveau du « check-point ».
Et de conclure par cette phrase « le round-Up, par l’accélération de la division cellulaire a une relation avec le cancer génotoxique ».
Cette étude du Professeur Bellé est pourtant passer sous les fourches caudines de la communauté scientifique. Vous ne nous en parlez pas et préférez affirmer que « les effets toxiques sont impossible à prouver » .
En tant que citoyenne, j’ai été stupéfiée par cette démonstration du Professeur Bellé qui date de 2001 ( plus de 10 ans) et je suis atterrée qu’une journaliste scientifique puisse écrire que l’on ne peut prouver quoi que ce soit sur les OGM.
De plus au cours de ces auditions il a été révélé que les accords de technologie et d'intendance requis pour l'achat de semences génétiquement modifiées interdisent explicitement la recherche. Ainsi aucune personne, aucun chercheur ne peut semer librement des plantes OGM sous brevet Monsanto pour en observer le comportement.
En tant que citoyenne j’ai été déstabilisée par cette information car je me demande sur quoi repose tous ces discours sur les OGM si la moindre étude est la chasse gardée exclusive des laboratoires privés et qu’elle en maintient le secret en invoquant « le secret industriel ».
Par contre je suis inquiète de voir qu’une revue scientifique ne soit pas la première à émettre des réserves sur des études qui sont uniquement réalisées dans le secret des laboratoires privés et jamais transmises dans la sphère publique. Au contraire vous semblez les encenser comme preuve irréfutable ! Vous y croyez….Or le propre d’un esprit scientifique implique qu’on prenne comme point de départ, non pas un préjugé mais l’observation et l’expérience.
Dans la double page 46/47 vous nous présentez deux beaux dessins en format A4 en couleur représentant chacun un type d’OGM, le soja et le maïs recevant une pluie de roudUp. Et vous nous expliquez que « lorsque l’on pulvérise du roundup sur le soja, le glyphosate, substance active de l’herbicide, pénètre dans les feuilles de les cellules des feuilles ».
Au cours de ces auditions , il a été moulte fois rappelé que l’agriculture des OGM est systématiquement couplé avec le déversement de ces herbicides dans les sols et que pour que le gène s’exprime, la plante OGM doit impérativement absorber les Herbicides.
Ainsi les champs de culture OGM, soit plusieurs millions d’hectares à ce jour à travers le monde, sont systématiquement pulvérisés par du Roundup se répandant comme vous le dite si bien « en totalité jusque dans les moindres cellules des feuilles ». Des millions de gens et d’animaux de par le monde mangent donc des plantes contenant des résidus de pesticides, des millions d’hectares de sols en sont imbibés et sans coup férir ces poisons arrivent par voie de fait dans l’eau de nos robinets.
En tant que citoyenne, j’ai été atterrée d’apprendre que la culture des OGM est systématiquement couplée avec le déversement d’herbicide et je suis très inquiète de voir des journalistes scientifiques présenter cette technique comme la panacée de l’agriculture du 21 ème siècle !
D’autre part vous nous reprochez, à nous, consommateurs « de faire pression sur le politique pour mettre en place des règlementations contraignantes » (sous-entendus contraignantes pour les laboratoires parce qu’inutiles …).
Or vous nous dites que « les effets en amont de la mise sur le marché ne peuvent être détectés ». Pour dire les choses autrement, les effets se font donc en aval, c'est-à-dire après avoir été consommés… par les consommateurs ?
On croit rêver ! Ainsi sans vous en rendre compte vous arrivez aux mêmes conclusions que celle de Gilles-Eric Séralini ou Arpad Pusztai, à savoir que nous sommes considérés comme des cobayes.
Si les effets en amont de la mise sur le marché ne peuvent être détectés, cela révèle une sacré incertitude quant aux effets et les agences auraient dû ne pas autoriser la commercialisation de ces produits et exiger d’autres études en se référant au principe de précaution qui, je vous l’apprend peut-être, n’est pas un principe de blocage mais un principe de recherche.
En tant que consommateur, nous sommes en droit de ne pas accepter ce rôle de cobaye et en effet à partir de ce moment comme vous le dites « les conflits sur ce sujet ne sont pas de nature scientifique et ils ne s’éteindront pas rapidement ».
Bref : 5 articles pour aborder ce sujet si controversé, à l’heure où les plantes transgéniques font débat, où l’on se demande si cette technologie est bien ou mal maitrisée, bien ou mal évaluée, il aurait été judicieux de nous proposer un travail d’investigation avec une démarche scientifique en allant chercher à la source les données brutes, puisque l’on nous dit depuis peu qu’elles sont maintenant disponibles, soit nous rapporter les études des scientifiques, comme celle du Professeur Bellé .
La seule chose que vous nous proposez n’est pas un éclairage sur une polémique mais une réactivation des discours que l’on retrouve à foison sur les sites de présentation des industriels de l’ Agro-alimentaire, discours qui n’ont de cesse de justifier les bienfaits que les OGM sont censés apporter au monde…sans tolérer la moindre controverse…
LA RECHERCHE: "mauvaise science", vraiment.