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Billet de blog 18 septembre 2025

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« Où va l’argent du CAC 40 ? »

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CAC 40 : transparence attendue, débat nécessaire
En analysant les données publiques du CAC 40, un constat s’impose : il est souvent difficile de connaître précisément la part d’activité réalisée en France par les plus grandes entreprises cotées.
Certaines sociétés, comme Orange (≈ 44 % du chiffre d’affaires en France), Vinci (≈ 42 %) ou EDF (≈ 80 % de sa production en France), publient des ventilations claires.
D’autres, comme TotalEnergies, Sanofi, Schneider Electric ou Pernod Ricard, regroupent la France dans de larges zones géographiques (« Europe de l’Ouest », « EMEA »), ce qui rend l’évaluation précise difficile.
Ce que disent – et ne disent pas – les chiffres
Les groupes du CAC 40 investissent bien en France : plusieurs milliards d’euros par an dans l’industrie, l’énergie, la recherche ou le luxe, ainsi que des milliards d’euros d’impôts (LVMH a par exemple payé plus de 8 Md € d’impôts en France en 2023).
Mais la croissance est majoritairement mondiale : la plupart de ces entreprises réalisent entre 70 % et 90 % de leur chiffre d’affaires hors de France. Cela ne signifie pas qu’elles « abandonnent » le pays, mais que leurs marchés sont planétaires – un choix économique rationnel pour des groupes de cette taille.
En d’autres termes, il n’est pas exact de dire qu’elles ne réinvestissent “rien” en France, mais il est vrai qu’aucune donnée publique consolidée ne permet de savoir, au centime près, quelle part des profits est réinjectée dans l’économie nationale.
C’est bien une question de transparence, plus que d’abandon.
Fiscalité et participation : au-delà de la « taxe Zucman »
La « taxe Zucman » – projet d’imposition minimale sur les très grandes fortunes – est perçue par beaucoup comme un premier pas pour que la contribution des ultra-riches reflète mieux la concentration de richesse.
Mais pour être efficace et acceptée, elle devrait s’accompagner de deux leviers complémentaires :
1. Participation réelle des salariés : élargir l’accès à la gouvernance (comités, actionnariat salarié significatif) pour que les employés bénéficient directement de la création de valeur.
2. Transparence renforcée: obligation pour les groupes de publier chaque année la part exacte de leur chiffre d’affaires, de leurs investissements et de leur masse salariale en France.
Les critiques craignent un effet dissuasif sur l’innovation, notamment pour les start-ups technologiques. Cet argument mérite d’être examiné, mais il perd de sa force tant que l’opacité des grands groupes alimente la méfiance.
Une large majorité d’opinion restera favorable à une taxation accrue si les entreprises ne démontrent pas clairement leur contribution sociale.
Pour un contrat social moderne
L’enjeu n’est pas d’opposer les « multinationales » à la nation, mais de redéfinir le contrat social:
* Une économie ouverte sur le monde,
* …mais avec des comptes lisibles et une redistribution équitable,
* …et une participation accrue des salariés et des territoires.
La France offre à ces champions des infrastructures, une main-d’œuvre formée, un État de droit.
En retour, les citoyens sont en droit d’exiger clarté, contribution et co-décision.

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