Indigestitut

Ancien Prof de lycée, médiateur culturel, futur aveugle

Abonné·e de Mediapart

27 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 septembre 2025

Indigestitut

Ancien Prof de lycée, médiateur culturel, futur aveugle

Abonné·e de Mediapart

Le cœur à la poupe. Quand le silence a brûlé Notre-Dame.

Indigestitut

Ancien Prof de lycée, médiateur culturel, futur aveugle

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tribune : Le cœur à la poupe, Notre-Dame brûle. Et l'omerta de la République...

Mon cœur a coulé à la poupe. C'est le sort de ceux qui ont vu et qui ont crié. Mais ma souffrance n'est plus seulement une affaire personnelle ; elle est le symptôme d'une maladie bien plus grande, celle d'une administration française où le carriérisme prime sur la vérité, où les petites lâchetés se font les fossoyeurs de notre patrimoine.

Pendant des années, j’ai été ce lanceur d’alerte isolé, pourchassé, cornerisé. Mes mots, mes rapports, mes avertissements sur les dangers d'incendie sur les chantiers de restauration sont restés lettre morte. On m'a traité de fou, de complotiste. Mes supérieurs ont préféré l'omerta au devoir de sécurité. Pendant des années, j’ai combattu des absurdités, des fausses économies et des pratiques managériales dangereuses. J’ai pointé du doigt les failles dans la sécurité, les risques d’incendie. J’ai été persécuté pour cela, cornerisé, pourchassé par une hiérarchie qui voyait dans mes mises en garde une menace à son autorité. Mes collègues, par peur ou par indifférence, sont restés silencieux. Les accusations sans fondement sont devenues mon quotidien.

Mais le plus terrible, c'est ce qui s'est passé deux jours avant l'incendie. J'étais en présence d'un haut fonctionnaire, un ami proche et conseiller d'Édouard Philippe. J'avais enfin l'occasion d'être entendu. Je connaissais mon dossier, j'avais les preuves. J'étais certain de pouvoir le convaincre, de le pousser à agir. Le rang de cet homme, sa proximité avec le sommet de l'État, avec le président de la République lui-même, lui donnait le pouvoir d'alerter, de freiner la montée de la catastrophe.

Mais il ne m'a pas laissé parler. Il a esquivé mes questions, il a détourné la conversation. J'ai senti, ce jour-là, l'épaisseur de l'omerta. J'ai vu la complicité des grands chefs, leur propension à cacher leurs arrangements, leurs petites ententes. Ma voix a été étouffée par le silence de la haute administration. Et le cœur du pays, son joyau, a brûlé.

L'incendie de Notre-Dame n'est pas qu'une tragédie, c'est un crime moral. Un crime commis par le silence, la lâcheté et le refus d'écouter. Je ne cherche pas à être une victime. Je suis un témoin. Et ce que je témoigne, c'est que l'incendie de Notre-Dame de Paris n'est pas le résultat d'un simple accident. C'est l'issue fatale d'un système qui a préféré protéger ses petites carrières que de sauver son âme.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.