A quelques jours du premier tour des primaires citoyennes, je souhaite livrer quelques enseignements que je tire de cette campagne au cours de laquelle j'ai accompagné Arnaud Montebourg, et les raisons pour lesquelles je vous invite à voter pour lui dimanche.
Dans un premier temps, j'avais choisi de soutenir Martine Aubry, dans une forme de vote utile. J'ai finalement décidé, au cours de l'été, de soutenir celui qui me semble apporter les vraies réponses de gauche, Arnaud Montebourg. Car le seul vote utile, c'est celui de ses convictions, pas des calculs tactiques sur fond de sondages improbables.
La campagne des primaires a bousculé le paysage politique à gauche. Enfin ! Car depuis trop d'années, il y a chez beaucoup d'électeurs de gauche un double sentiment : celui d'une attente forte vis-à-vis du PS, en tant que principale force d'opposition à un pouvoir contesté de toutes parts ; mais aussi celui d'un scepticisme sur la réalité de la transformation politique que le PS mettra en oeuvre si la gauche gagne les élections. Je l'ai vécu depuis que j'ai rejoint, fin 2008, la direction du PS. Combien de mes collègues m'ont dit leur scepticisme que les idées que nous portons, depuis les premiers combats de Sauvons la Recherche, soient réellement intégrées par les leaders du PS !
Arnaud Montebourg, dans sa campagne, a fait des propositions fortes pour la recherche et l'enseignement supérieur, qu'il a présentées dans une tribune libre que nous co-signons et lors d'un débat à Toulouse : «A l'université aussi, il faut changer de République». C'est une volonté importante de transformation de notre système de recherche et d'enseignement supérieur, qui a été fortement abîmé par 10 années de pouvoir de la droite, qu'il présente. C'est une ambition pour l'augmentation du niveau d'études dans notre pays, un vrai projet éducatif (télécharger le Projet pour l'école en pdf), l'amélioration de la réussite des étudiants, l'avenir de nos jeunes chercheurs (avec un plan de 5000 créations d'emplois par an), des relations renforcées entre les chercheurs et la société. Le projet que nous portons est clair : les lois, décrets et outils qui sapent les laboratoires et universités seront remplacés après une large consultation par une loi qui donnera l'ambition d'un service public d'enseignement supérieur et de recherche moderne, fier de ses valeurs, centré sur la coopération, la démocratie, la collégialité, les libertés académiques. Il ne peut s'agir d'un replâtrage, d'une réécriture, car les fondements que nous proposons sont différents de ceux de la droite, malheureusement portés par une partie de la gauche.
Mais cette politique ne pourra être menée que si nous nous en donnons les moyens économiques et budgétaires. Dans cette campagne, Arnaud Montebourg a porté une vision différente de l'avenir de la France et de l'Europe. Sortant des dogmes absurdes qui privent les responsables politiques d'une action politique réelle en faveur de ceux qui souffrent dans notre pays, il a montré que nous avons les moyens, si nous en avons la volonté et le courage, de reprendre le dessus face aux puissances financières qui ont pris le contrôle de nos vies. C'est un retour à la démocratie, qui n'a cessé de régresser ces dernières années. Les Français ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, en boudant les urnes de manière de plus en plus massive. Il est urgent de redonner confiance aux électeurs. Arnaud Montebourg, par la clarté de son projet politique, par la détermination de son action politique, a su convaincre de nombreux électeurs de voter aux primaires dimanche, car celles-ci seront l'occasion de faire un vrai choix.
Le risque de ces primaires était la focalisation sur des attributs personnels plus que sur le fond du discours. Il n'en est rien. Nous avons plusieurs candidatures qui, si elles partagent naturellement beaucoup d'éléments de programme, se distinguent sur le fond. Mais les différences ne sont pas les où on les attendait. Avant le lancement de la campagne, beaucoup de mes amis, et moi-même, se concentraient sur un duel Aubry-Hollande, trouvant généralement la première plus à gauche que le second. Au cours de cette campagne, nous avons été saisis à l'inverse de leur convergence, en particulier sur un sujet majeur : leur engagement à réduire dès 2013 le déficit public à 3% du PIB. Or cette direction est contradictoire avec le besoin de relancer d'abord l'économie française, mais aussi des services publics qui ont été démolis pendant des années. Et c'est en réalité Arnaud Montebourg qui porte un message réellement nouveau, apporte des propositions différentes.
S'il le fait, c'est parce qu'il se nourrit des travaux les plus récents des chercheurs. Qu'il a intégré les apports d'un prix Nobel d'économie comme Joseph Stiglitz, comme des économistes atterrés. Quand d'autres candidats, au moment de se tourner vers le pouvoir, s'entourent d'experts gestionnaires, dont certains ont accompagné la droite ces dernières années, il s'entoure de chercheurs, mais aussi d'animateurs de mouvements sociaux.
Dimanche, tout est possible. Je vois depuis plusieurs jours de nombreux amis qui s'affranchissent des discours rabâchés à longueur de journée qui réduisent le choix à deux ou trois candidats. Ils me disent, à l'issue de cette campagne, que les différences sont claires et qu'ils veulent porter les idées neuves de la gauche en votant Arnaud Montebourg. Qu'ils veulent utiliser leur bulletin pour voter pour leurs convictions, car c'est le seul vote utile. C'est pourquoi je souhaite que chacun oublie les pressions stériles visant à empêcher le débat. Nous avons une chance de faire progresser la gauche, ne la manquons pas.