Bob 92 Zinn (avatar)

Bob 92 Zinn

Abonné·e de Mediapart

166 Billets

9 Éditions

Billet de blog 2 avril 2012

Bob 92 Zinn (avatar)

Bob 92 Zinn

Abonné·e de Mediapart

Regard critique de la civilisation chrétienne selon Red Jacket, chef indien Seneca.

Bob 92 Zinn (avatar)

Bob 92 Zinn

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

    "A la lumière de ce combat, on peut se demander : qu’est-ce qui sépare l’homme éclairé du sauvage ? Est-ce que la civilisation est une fin en soi ou n’est-ce qu’un stade avancé de la barbarie ?" Herman Melville

    "Qu’est-ce que la vie ? C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un Bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe et se perd au couchant » Isapo-Muxica (Crowfoot), Chef indien Siksiká (pied-noir).

    Sagoyewatha, Red Jacket (1750-1830) était chef indien Seneca du clan des loups. Le regard qu’il portait sur la civilisation chrétienne était sans appel. Sagoyewatha disait en faisant référence à un missionnaire du nom de Cram (gaver en anglais) : "Les hommes blancs, non content du mal qu’ils ont fait à mon peuple, voudraient en plus lui faire avaler leur doctrine".

    Le texte ci-dessous date de 1824, il évoque les raisons de son opposition aux missionnaires. 

    Ils ne nous sont d’aucune utilité. Les blancs n’ont pas besoin d’eux et ils ne leur sont d’aucun secours, pourquoi les envoient-ils chez les indiens ? Si l’homme blanc a besoin d’eux et qu’ils lui sont secourables, pourquoi ne les garde-t-il pas chez lui. Ils (les blancs) sont assez mauvais pour avoir besoin du travail de tous ceux qui peuvent les rendre meilleurs. Ces hommes (les missionnaires) savent que nous ne comprenons pas leur religion. Nous ne pouvons pas lire leur livre - ils nous racontent des histoires différentes sur ce qu’il contient. Nous pensons qu’ils font parler le livre selon leurs besoins. Si nous n’avions ni argent, ni terre, ni pays, rien dont nous ne puissions être volés, ces manteaux-noirs ne se soucieraient pas de notre bien dans l’au delà. Le Grand Esprit ne nous punira pas pour ce que nous ne savons pas. Il rendra justice à ces enfants rouges. Ces manteaux-noirs parlent au Grand Esprit et demandent que nous voyions la lumière comme eux, lorsqu’eux-mêmes sont aveugles et en désaccord sur la lumière qui les guide. Ces choses que nous ne comprenons pas, et cette lumière qu’ils nous donnent, obscurcissent et rendent morne le chemin droit et clair ouvert par nos pères. 

    Les manteaux-noirs nous disent de travailler et de planter le maïs quand eux-mêmes ne font rien et mourraient de faim si personne ne leur donnait à manger. Ils ne font que prier le Grand Esprit, mais cela ne fera pas pousser le maïs et les pommes de terre. La preuve, c’est qu’il leur faut mendier leur nourriture. L’homme rouge ne connaissait pas le malheur jusqu’à ce que l’homme blanc vînt. Aussitôt que les hommes blancs ont traversé les grandes eaux, ils voulurent notre pays et en échange ils nous proposaient toujours de prendre part à leurs querelles religieuses. Red Jacket ne peut pas être l’ami de tels hommes. S’ils (les indiens) étaient élevés par les hommes blancs et apprenaient à travailler et à lire comme eux, cela ne ferait qu’aggraver leur situation... Nous sommes peu nombreux et faibles, mais nous vivrons longtemps et heureux si nous nous accrochons à notre pays et à la religion de nos pères. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.