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Que sont devenus les corps des personnes assassinées par la dictature militaire brésilienne ?

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Les parents des brésiliens assassinés par la dictature militaire ont tous les droits de savoir ce que sont devenus les corps de leurs chers disparus. Nous voulons savoir que sont devenues les personnes qui ont été massacrées par des fonctionnaires d'Etat qui agissaient au nom du Gouvernement Militaire.

    Paulo Moreira Leite
    Je n'aime pas les clichés mais il y a des fois ou l'on ne peut pas fuir la réalité. Il y a des moments où le mensonge dominant incarne l'idéologie de la propagande dominante. La Commission pour la Vérité (Comissão da Verdade) en est un exemple parfait. 
    Le pays a traversé la dictature sous la censure, les histoires à dormir debout, les mensonges et autres faussetés que le régime militaire laissait circuler dans la presse. Le résultat se trouve devant nous, des dizaines d'années plus tard.
Ces gens-là ? Ceux qui sont de bonne foi ? Ceux-là mêmes qui nous disent que nous devrions aussi faire toute la lumière sur ceux qui s'opposaient à la dictature. Ils veulent se présenter comme des personnes censées, de bonne volonté, préoccupées pour l'avenir. 
    Ce ne sont pas des personnes avec des idées extrémistes et elles sont convaincues et que dans toute société démocratique, il doit y avoir de la place pour les conservateurs et les progressistes, pour la gauche et la droite et ainsi de suite. Je suis d'accord avec cela.
    Mais nous devons voir la réalité en face. Il n'y a pas de place pour une lutte idéologique en relation au passé.
    Il suffit de consulter les archives de Tribunal Suprême Militaire (Supremo Tribunal Militar) pour vérifier qu'aucune des actions violentes venant de l'opposition à la junte n'a pas été résolue à l'époque. Rien n'a échappé au régime militaire, qui maintenait un immense appareil d'investigation, entrainé par des spécialistes internationaux qui possédaient les équipements nécessaires pour poursuivre leurs ennemis d'une façon implacable, utilisant la violence et les méthodes les plus illégales d'interpellation et d'interrogatoire de leurs prisonniers. 
    Celui qui résoudra, par exemple, l'enlèvement de l'ambassadeur Charles Elbrick, le premier cas du genre, permettra de découvrir le second.
    Le responsable de l'opération, l'ouvrier Virgílio Gomes da Silva, a été assassiné sous la torture au DOI CODI de São Paulo. Joaquim Câmara Ferreira, qui était le principal responsable de l'opération, a lui aussi été assassiné dans des circonstances identiques. Manoel Cyrilo, qui a directement participé à l'enlèvement de l'ambassadeur, a été arrêté, torturé, et a passé des années en prison. Il a été libéré après l'amnistie, qu'une fois qu'il a pu prouver qu'il était capable de trouver un emploi.
    Carlos Marighella, qui était le principal dirigeant de l'ALN, mais qui n'avait pas directement participé à l'opération, (il subsiste même encore des doutes sur son appuis à l'opération), a été exécuté quelques mois plus tard.
Fernando Gabeira, qui avait oubliée sa veste lors de sa captivité, veste qui avait servi de première piste pour arriver jusqu'au groupe de ravisseurs, a été arrêté et torturé.
    L'entrepreneur Rubens Paiva a été arrêté, torturé et assassiné parce qu'il avait reçu une lettre d'une personne qui habitait au Chili et avait un lien avec l'un des participants à l'enlèvement. Ils ont imaginé qu'il pouvait avoir participé et l'ont donc assassiné. Rubens Paiva était député du PTB, il a été destitué de ses fonctions en 1964. Il avait obtenu sa formation d'ingénieur à l'université Mackenzie et il était père de cinq enfants.
    L'enlèvement de l'ambassadeur est devenu un livre et un film, O que é Isso companheiro ? Le massacre de Rubens Paiva a inspiré un beau livre, Segredo de Estado.
    Nous ne savons toujours pas aujourd'hui ce qui est arrivé à Rubens Paiva. Lors d'une action honteuse de désinformation, pour tromper l'opinion publique, le régime militaire est allé jusqu'à informer officiellement les journaux qu'il avait était sauvé par une organisation de gauche et qu'il avait fuit. Ce mensonge a fait la une des journaux.
    Nous ne savons pas non plus qui a assassiné Virgílio, ni Joaquim Câmara Ferreira.
    A la différence des militants qui s'opposaient à la dictature, qui ont été arrêté et n'ont eu le droit à aucun jugement, et qui pouvaient se considérer heureux d'arriver en vie à un tribunal, pour une sentence déjà connue à l'avance, les responsables de leurs morts n'ont jamais été inquiété depuis. Ils ont continué leur carrière professionnelle et certains ont même reçu des promotions.



    Face à cela, je pense qu'il est nécessaire de se poser des questions simples : que s'est-il passé ? Qui a donné les ordres ? Qui a cru bon de devoir les exécuter ? Pourquoi ? Qui a caché les corps ? Quand ? Comment ?

Ce n'est pas dans un esprit de revanche. Nous n'avons pas eu de guerre civile. Nous avons eu droit à un massacre. Ils ne nous ont pas laissé l'autre côté vivant de l'histoire. 



    Nous ne sommes pas en train de parler de citoyens qui ont agi pour leur propre compte et qui se sont recroquevillés sur leurs options politiques. Nous parlons d'agents de l'Etat, qui ont fait carrière dans le service public, et ont obéi à une chaîne de commandement, qui donnait et obéissait aux ordres.  



    C'est pour toutes ces raisons que cette histoire doit-être contée. C'est une question de respect.
Par Beth le 18/05/2012

Bande annonce du film (portugais) O que é Isso companheiro ? : http://www.youtube.com/watch?v=9iD9skE6l-o

http://boilerdo.blogspot.com.br/2012/05/quem-escondeu-os-corpos-dos.html

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