Un maffé, a priori innocent de tout crime ou délit. Pourquoi tant de haine ? Contre la gastronomie ! On décrypte assez facilement le message adressé par les autorités : « C’est pas l’tout, mais va falloir penser à dégager !». « Les crotteux, les métèques et les gauchos… ».
Alors que continuait de s’élever dans le ciel de nos nuits parisiennes, le cri d’insoumission irrésolu de tous les mécontents, de plus en plus nombreux et organisés; la Maire de la capitale, Mme H., commençait à faire entendre la voix d’une autorité ferme. Hasard ou coïncidence; la Maire a commencé à se fâcher dans tous les médias. Dans le même temps que s’opérait un durcissement des pratiques policières; qui sont, en ce 42 mars, certainement qualifiables de provocations délibérées, voir de véritables incitations à l’émeute citoyenne.
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Une violence gratuite et incompréhensible. Sauf à entendre comment les médias, les politiques, et les bourgeois riverains de la place de la République, sont montés en puissance dans leurs récriminations à l’égard de ces « jeunes utopistes et autres voyous pseudo-révolutionnaires », qui prétendent camper sauvagement sous les fenêtres de leurs duplex.
Il est certainement intéressant de tenter de déconstruire les phraséologies des politiques et des médias de masse aux ordres du capitalisme dégénéré. Qu’entend-on à droite comme à gauche, à propos des participants ? On nous parle de « jeunes », de « libertaires », d’ « extrême-gauche », d’ « inconscience », d’ « anarchistes », de « Zadistes », de «souillures». Etc. Et maintenant de « délinquance », de « désordre » et autres « troubles à l’ordre public ». Il a souvent bon dos l’ordre public. L’invoquer quand on le trouble soi-même… C’est un peu limite.
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Les bourgeois du centre de Paris se disent excédés, dans l’ensemble. « C’est l’Anarchie. La chienlit. C’est insupportable. Détruisons les barricades ! Et encore une fois : faisons venir l’armée comme en 1848 ou au printemps 1871, pour nettoyer toute cette « merde », tous ces « gueux »… ». Des réactions, en effet, qui ne datent pas d’hier. Même Hugo en son temps, comme l’a bien dit Paul Lafargue (*), n’était pas très pro-manifestants, lui non plus. Ha ! Ces bourgeois !... « Louise Michel, sors de ce corps ! ».
Les bobos dans l’ensemble soutiennent, tolèrent ou participent même pour certains. Mais les « réacs » et les nantis, sont majoritairement inquiets et outrés. Comme l’indiquait un riverain d’un boulevard alentour de la place en révolte, dans une interview passée hier en boucle sur France Info : « Y’a un moment où il faut arrêter ces conneries »… Bizarrement, les propos de cet exemplaire égoïste bourgeois, apparemment de Droite, faisaient écho et étaient même à l’unisson de ceux de Mme H., elle de Gauche... Les CRS se chargeant, eux, d’allier le geste à la parole.
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Par ailleurs, comme nous l’apprend le site de l’Express, il semble que notre Secrétaire d’Etat chargée du numérique, Mme L., illustrement inconnue, se soit rendue discrètement dimanche place de la République, pour étudier « à titre personnel » le mouvement ND. Et de livrer ainsi, sur Public Sénat, son analyse de la dynamique à l’œuvre :
"J'ai le sentiment, quand on interroge les personnes qui prennent part à ses évènements, qu'il y a un désenchantement, une désillusion voire une défiance vis-à-vis des responsables politiques"… Non !? Menteuse ! Mais pourquoi ça alors !?
Remontons ensemble le cours de notre sélective mémoire, pour comprendre les causes et les déterminants possibles d’une si lumineuse exégèse politique :
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Panama papers, le fond LSK, le majordome Le Pen, Thévenoud, Cahuzac, Agnès Saal qui prend le taxi, même en dormant, Guéant qui vend des tableaux, ou plutôt des croûtes surévaluées à d’obscurs avocats établis en Asie, Woerth qui vend un hippodrome, et son chatoyant domaine, propriété publique, à la mafia du turf, mais là à un prix largement sous-évalué, Paul Bismuth et ses onze ou douze affaires dont Bygmalion, Bettencourt, Karachi, Onze ingénieurs français explosés, la Libye, qui brûle encore, les sondages… Balladur et le financement de la campagne de 1995, Chirac, Juppé et les emplois fictifs ou HLM de la mairie de Paris, Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais, Clearstream, l’implication française dans la préparation du génocide rwandais, ou l’évidente responsabilité des autorités politiques françaises dans le découpage à la machette de près d’un million de rwandais innocents. Aux manettes à l’époque : Balladur, Juppé, l’ex-canadien, Védrine, le probe diplomate, Léotard, et sa maison provençale, Mitterrand, et sa fille cachée… Inquiétés ? Non ! Promus. Prétendument respectables. Pasqua et l’Angolagate, tout de même 600 millions de francs de commissions douteuses sur des ventes d’armes, détournés, Urba, le financement des partis, de tous les partis politiques, les attentats de Paris, Action Directe et autres, le sang contaminé, le Rainbow Warrior, Gladio, Boulin, De Grossouvre, Bérégovoy, tous suicidaires, les diamants de Bokassa, Pompidou, ex-Rothschild, et son rapport aux banques, ou comment passer de 10% de dette, à presque 100% du PIB, grâce à ce charmant fossoyeur de notre souveraineté et indépendance monétaire, donc de notre « santé » budgétaire. Je crois qu’il nous aura quand même bien enfumés, avec ses gauloises, ce brave Georges, non ?... Etc.
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Croyez-vous donc vraiment, Mme la Ministre Axelle Lemaire, chargée du numérique, que les « jeunes », et encore davantage les moins jeunes, auraient quelques raisons d’être désillusionnés par le monde politique ? Perspicacité, quand tu nous tiens…
« Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
Joyeux et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout ». Les Anarchistes… Léo Ferré.
"Il trouva que l'Empire avait du bon: "Napoléon a fait ma fortune", avouait-il dans un de ces rares moments où il déposait sa couronne d'épines".
(*) : Paul Lafargue - "La légende de Victor Hugo" - Aux éditions Libertalia.
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« Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart Espagnols allez savoir pourquoi
Faut croire qu'en Espagne on ne les comprend pas
Les anarchistes
Ils ont tout ramassé
Des beignes et des pavés
Ils ont gueulé si fort
Qu'ils peuv'nt gueuler encor
Ils ont le cœur devant
Et leurs rêves au mitan
Et puis l'âme toute rongée
Par des foutues idées
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart fils de rien ou bien fils de si peu
Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux
Les anarchistes
Ils sont morts cent dix fois
Pour que dalle et pourquoi ?
Avec l'amour au poing
Sur la table ou sur rien
Avec l'air entêté
Qui fait le sang versé
Ils ont frappé si fort
Qu'ils peuv'nt frapper encor
Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et s'il faut commencer par les coups d' pied au cul
Faudrait pas oublier qu' ça descend dans la rue
Les anarchistes
Ils ont un drapeau noir
En berne sur l'Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l'Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier
Qu'y'en a pas un sur cent et qu' pourtant ils existent
Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
Joyeux et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout. »
Ce titre est extrait de l'album : Poète, Vos Papiers
Année de sortie : 1967 - Label : Barclay