Aymeric C. : L’antispéciste. Relativisme abusif ?

A n’en pas douter ONPC représente un bien bel objet d’analyse sociologique. Ainsi, la semaine dernière, avons-nous assisté à l’empoignade du siècle ! Anthropomorphisme contre anthropocentrisme. Et, en fait, essentiellement : ethnocentrisme…

Dans un contexte où près de trois milliards d’humains vivent en dessous du seuil de pauvreté, crevant véritablement la dalle pour beaucoup, n’est-il pas quelque peu « inconvenant », voir vaguement choquant, d’entendre Mr Aymeric C. nous indiquer comment faire un gâteau avec du jus de pois-chiche, à la place des blancs en neige…

La question n’est pas tant de savoir si les animaux souffrent, ont une âme, une conscience… Mais bien de se demander si les vues étriquées de cet « antispéciste » nanti sont adaptables aux réalités pratiques, environnementales, mais aussi culturelles, de ces populations qu’il semble méconnaître, mépriser, ou ignorer. L’antispécisme, serait-ce donc une théorie de bobo parisien ?

Selon Mr C., dans le règne animal, nous sommes le diable, le Mal absolu. Voués à disparaître. Ce qui ne manquera pas d’arriver un jour pour le plus grand bénéfice de la planète et du Vivant. Là-dessus, on pourrait s’entendre. Nos méfaits sont évidents, leurs conséquences catastrophiques en effet. Mais en attendant l’extinction de notre espèce, que devrions-nous faire de tous ces pauvres, qui comptent sur un bout de viande pour pouvoir survivre. Devrait-on leur envoyer Mr C. pour leur faire profiter de ses lumières didactiques ; et leur faire la morale. « Ne fais pas de mal à ton mouton, ne le manges pas, fais-en un ami, respectes-le comme le mérite tout être vivant… ». Petit bédouin affamé…

Dans mon pays, si tu ne fais pas de méchoui, de temps en temps, le menu se résume en général à bouffer des pierres, du sable ou du riz blanc importé de Thaïlande ; lorsqu’on en a les moyens.

La suffisance de ces Mrs Aymeric C. et Yann M., la nature égotique de leur opposition de bourgeois parisiens, prétendus humanistes ou « intellectuels », ayant les moyens de s’acheter des semi-remorques de jus de pois-chiche pour faire des gâteaux, a donc pu hérissé le poil de tout auditeur, pas forcément carnivore, mais en tout cas au fait des réalités de ce monde. En dehors de la capitale française. Voir du VIème arrondissement.

Le désert, vous connaissez ? Croyez-vous messieurs qu’on y ait le loisir de préparer un caviar d’aubergine accompagné d’une petite roquette du jardin ? « Et en dessert vous prendrez ? Framboisier ou tarte aux pommes ? ». Et Léa S. de confirmer : « J’en parlais justement avec Laurent au restaurant, ce midi… ». Non mais vraiment, là... C’est onirique !

La question de la souffrance du moustique, de la vache ou du cochon ; et la question de leur droit à la vie, auraient donc, en ce samedi soir, éclipsé toute considération pour la misère humaine, réduite à néant par les hauteurs de vue de notre beau-gosse végane du PAF. Le rebelle. L’insoumis. Le défenseur des causes nobles et dignes. Le sauveur de l’animalité. On aurait cru entendre Pamela A., d’Alerte à Malibu, nous indiquer qu’il faut sauver les canards avant tout. Et que, par ailleurs, nous ne devrions pas être plus d’un milliard d’humains sur terre… Ou comment la prétendue défense de la cause animale confine parfois à l’eugénisme.

Car l’antispécisme de Mr C. semble parfois celui d’un misanthrope. « Vivement l’extinction de l’humanité et le règne des abeilles… ». Son relativisme prétend ainsi balayer d’un revers de main tout humanisme. Requalifié « anthropocentrisme » pour l’occasion.

L’abstraction excessive de nos intellectuels, les amènerait-elle parfois à une incohérence rigoriste, une forme d’intolérance à l’égard de leurs propres congénères ? Du fait d’une déconnexion des réalités, rendues dogmatiques. Une abstraction valant désensibilisation en fait. Matinée d’un certain complexe de supériorité, assez décomplexé, pour le coup.

L’antispécisme, au même titre que la décroissance, semblent donc être des théories issues des pays surdéveloppés, majoritairement carnivores et énergivores ; souvent même : anthropophages. Les mêmes qui ont foutu le bordel partout sur cette terre, voudraient maintenant expliquer à ceux qu’ils se sont acharné à asservir, dominer, torturer, détruire, exploiter, au cours de l’Histoire, qu’il faudrait, pour le bien de tous, et de leurs « cousins » les animaux en particulier, diminuer leurs consommations de tous ordres, et de viande en particulier. Au titre d’être raisonnable, réfléchi ; de l’abolition nécessaire de notre cruauté aveugle…

Et le tout serait, selon Mr C., de la faute de Dieu… Rien que ça. Le sacrifice du fils d’Abraham, en guise d’explication. Pourquoi pas ? L’Homme, en tant qu’animal, ne serait pas naturellement omnivore, mais victime d’une culture gastronomique dévoyée. Teintée d’abrutissement religieux. L’Homme ne serait pas tributaire de son environnement pour se nourrir, mais parfaitement « libre » de ses choix, Partout, Tout le temps, en matière de régime alimentaire…

Les quatre-cent mille enfants vivant en France, sous le seuil de pauvreté, certainement des « spécistes » pour la plupart, apprécieront... Le coup de gueule salutaire de ce repu du tofu.

Et s’il est vrai que l’on est ce que l’on mange, Mr C. fait assurément un sacré cornichon…