Bokar X (avatar)

Bokar X

Aphoriste du Bâtardisme

Abonné·e de Mediapart

53 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 mai 2016

Bokar X (avatar)

Bokar X

Aphoriste du Bâtardisme

Abonné·e de Mediapart

Eurovision : « OTAN : one point. Poutine : zero point. »

L’Eurovision, tradition de l’européanisme culturel bon teint, ne serait donc pas qu’un simple concours de chansons ringardes qui font mal aux oreilles, mais bien aussi l’occasion d’adresser un message politique crucial : l’Ukraine, pro-européenne, c’est la Liberté ! La Russie n’est qu’un vilain peuple ; viscéralement oppressif ! Simplisme ?...

Bokar X (avatar)

Bokar X

Aphoriste du Bâtardisme

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et Poutine d’être assimilable, sans trop de nuance, à l’un des ses charismatiques prédécesseurs ; dont on préfère se rappeler qu’il massacra les populations de Crimée en 1944, plutôt que du fait qu’il défit l’armée d’Hitler, presque à « lui » seul, à Stalingrad, entre autres. Combien de ces méchants russes sont donc morts pour libérer la France et l’Europe ? Pas assez, apparemment, pour éviter la recrudescence d’insultes diplomatiques, à peines voilées, à l’encontre du fort peu sympathique dirigeant russe. Nous, dans notre mythologie, nos libérateurs ce sont les USA, et dans une moindre mesure les anglais, et c’est tout !...  Rappelons-nous Yalta : Roosevelt-Churchill, les gentils ; Staline, le grand méchant moustachu, l’ogre bolchévique… Poutine, ex-KGB-FSB, est effectivement extrêmement inquiétant et même gravement « flippant », pour ne pas dire plus ; mais, objectivement, n’est-il pas en prise, et quelque peu contraint de composer avec les velléités géopolitiques de nations coalisées, qui lui seraient plutôt hostiles, elles-aussi. Pour ne pas dire plus.

Le problème est donc bien moins de savoir si l’un quelconque (illuminé) d’entre nous voudrait s’attacher à « justifier » les terribles exactions et crimes commis par le régime stalinien, avant, pendant et après la guerre, que de savoir à quoi bon perpétuer, 70 ans plus tard, cette vision schismatique. Rappelant la guerre froide et les pratiques du Maccarthysme. Bou ! Poutine le pas beau ! Puérilité sans nom. Il est assurément, aujourd’hui, la figure iconoclaste de l’antihéros de tous nos contes de fées hollywoodiens. Mais à trop vouloir le transfigurer en cette icône de l’antihéros en tout point, assimilé carrément à Joseph, le dictateur sanguinaire, à tort ou à raison, n’en viendrait-on pas à méconnaître, voir maquiller les réalités diplomatiques et stratégiques. N’exagérerait-on pas le trait, à dessein, pour que Poutine devienne, à son tour, un acteur majeur d’une Histoire travestie, et « story-tellisée ». Une sorte de Saddam-bis… L'homme à abattre, s'acheminant, lentement mais sûrement, vers la place de N°1. Car la question qui se pose est bien : quel est l’intérêt pour l’éthique du travail historique universel, d’abonder dans le sens qu’impose le scénario, écrit il y a bien longtemps déjà, par quelques faucons néolibéraux et néocons, amis des Georges Bush, père et fils. Dont on est en droit de penser ; si toutefois on a un cerveau ; qu’il fut biaisé dès le début, et pétri de mensonges d’essence mafio-capitalisto-identitaro-totalitaire. L’interprétation qui nous est donné des conflits qui se démultiplient depuis le 11 septembre 2001, par nos politiques et médias occidentaux main-stream, devrait pourtant pleinement satisfaire nos intelligences. Et apaiser nos esprits, qui, s’ils s’intéressaient trop avant aux nombreuses zones d’ombre et questions non résolues qui restent en suspend, seraient aussitôt taxées de dérives paranoïaques. Complotistes. Voir crypto-terroristes. Mais rassurons-nous, l'ouvrage de décérébration, et de réécriture, est dors et déjà, pour l'essentiel, parachevé.

Ou : quand la propagande de la coalition atlantiste, s’insinue jusque dans les concours de chanson « internationaux ». La « Sous-Culture » européenne au service de la propagande de guerre, en Europe de l’est, en Syrie, et au Moyen-Orient en général ?... Non ! Quand même pas !

Bien qu’il n’ait certainement échappé à personne, que la victoire décernée est presque uniquement d’ordre politique… Presque de « bas étage ». L’intérêt artistique de l’œuvre, restant, à minima, discutable. A maxima, à considérer comme nul. Il fallait que soit dit, publiquement, le mot de Cambronne, à la Russie de Poutine, par le biais d’un rappel historique, chargé d’une dimension polémique indéniable. Un véritable coup de semonce !

Si l’horreur de la guerre est connue de tous, à quoi bon procéder, encore une fois, à la manipulation des Mémoires. Et ainsi raviver des plaies jusqu’alors difficilement cicatrisées, en désignant, par la vindicte d’un simple chant de « variété », un pays plus qu’un autre. Devenant du coup dépositaire d’une culpabilité rétroactive quasi-exclusive. Eurovision ou CPI, en charge d'affaires prescrites ? L’instrumentalisation des Mémoires est certainement l’un des outils préférés des totalitarismes. L’une des pires tares de nos démocraties déliquescentes ; et, presque à tout point de vue, un fléau qu’il nous faudra savoir combattre, pour ne pas sombrer. La mémoire tronquée, dirigée, tordue ; et le révisionnisme qui est son prolongement, sont évidemment bien plus répandus qu’on ne saurait l’admettre. Ils ne sauraient être l’exclusive de Tel ou Tel ; d’un état ou d’un autre. La manipulation historique est certainement une de nos tares universelles les plus partagées. Car elle est un carburant ultra-polluant de nos débats démocratiques ; partout dans le Monde ; et sans aucun doute l'un des moteurs primordiaux de nos conflits sans fin. Un outil multifonction de la boîte de Pandore de la réal-politique. Une dommageable énergie renouvelable. Ultra-destructrice. Exploitable sans limite. Jusqu'à l'Anéantissement mutuel, prévisible horizon.

L’année prochaine, si cela n’a pas déjà été fait, il nous faudrait couronner une chanson arménienne sur la sauvagerie turque, il y a cent ans. Sur le martyr des chrétiens de Syrie, chantée par un ancien soldat de l’OTAN ; ou sur la douleur que l’on ressent lorsqu’on est un Etat, interdit d’annexer un lieu emblématique du Patrimoine Mondial de l’Humanité ; que l’on dit pourtant compulsivement et inlassablement être sien. Une chanson consistant à se lamenter à grands cris, tout en gesticulant frénétiquement : « C’est à moi, c’est pas ta toi !... », par exemple, pourquoi pas ?… Et ainsi de suite, selon la fluctuation de nos intérêts géostratégiques. L’auto-flagellation valant toujours mieux pour autrui, que pour nous-mêmes. Il est vrai. Et toutes les indignations n’étant pas également traitées, dans un environnement critique et culturel donné. C’est normal, me direz-vous. Mais jusqu’à quel point tout cela est-il salutaire pour nos sociétés dites « Libres » et « démocratiques » ?… Demandez donc aux sociologues et aux historiens de notre pays ; universitaires, intellectuels académiques ou érudits non institutionnels ; quelles sont leurs marges de liberté; et quels sont les moyens qui leurs sont réellement alloués, permettant une étude scientifique, rigoureuse, exhaustive et impartiale de l’Histoire. Vous verrez… S’il y a « carcan » ou non…

Sélectivement vôtre.

Illustration 1
Propagonde - (Merceniare) - Illustration Copyright Zet'R

P.S : Paix aux âmes de Toutes les victimes, de Toutes les tragédies du XXIème, XXème siècle, et d’avant même. Sans distinction, et sans parti-pris surtout. « ONE LOVE », comme disait Bob.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.