Ceux qui hurlent à la nomination de Valls au poste de premier ministre doivent réfléchir au sens de cette nomination: nous ne vivons plus dans un monde gouverné par la logique, ni par des idées contradictoires qu'on exposerait publiquement en vue de les confronter, pour autant que ce monde ait jamais existé... Ceux qui comme Mélenchon, par exemple, se battent pour des idées en cherchant à convaincre, en dénonçant aussi rationnellement que possible l'absurdité du système dans lequel on vit n'ont aucune, mais aucune chance d'arriver au pouvoir. Ils s'époumonnent en vain dans le désert jusqu'à la fin car ils luttent contre des forces qu'ils ne comprennent même pas, contre un adversaire invisible.
Cet adversaire, c'est la manipulation des émotions. Manu par exemple, est passé maître en la matière. C'est pourquoi il est monté si vite! Il ne faut pas chercher à convaincre, il faut chercher à domestiquer les émotions du peuple. Et une fois qu'elle vous portent au pouvoir, on est le maître... Regardez Manu, son air sévère, empressé, ses gestes assertifs; écoutez ses saillies sur les Roms; appréciez ses dérapages jusque dans les bus scolaires qui attirent l'attention sur lui, apparemment négativement, mais en êtes-vous si sûrs? Ce sont des coups de maître des émotions! C'est pourquoi les raisonneurs n'ont aucune chance en face de lui et ses pareils: les résonneurs d'émotions. En politique, on ne doit pas, plus viser la cohérence du discours, on doit réfléchir aux émotions qu'il va susciter (tout en préservant une certaine cohérence formelle avec son projet bien entendu). Chaque fois qu'on touche une fibre qui résonne émotionnellement avec son discours ou ses actes symboliques, on décroche la timbale! Et à la fin on gagne les élections...
Si on refuse cette voie, on perd et on est cantonné à une opposition impuissante, fut-ce avec tout l´honneur du monde...