Compte tenu des virages à 180 degrés du FN sur l'antisémitisme et sur le libéralisme économique, sans parler des relations avec la Russie, une rupture théâtralisée entre la fille et le père était devenue indispensable pour crédibiliser le virage de notre Walkyrie nationale. Et la voilà qui se produit opportunément!
En effet Jean-Marie Le Pen avait construit et renforcé le FN avec le soutien caché mais déterminant (via l'institution d'une proportionnelle partielle à l'Assemblée Nationale accompagnée d'un un battage médiatique provocateur de SOS-racisme qui a su faire miraculeusement passer le FN d'un score minable à un score national de l'ordre de 10%) de l'auguste et machiavélique François Mitterand. Ce dernier a utilisé très efficacement le FN pour diviser la droite et mettre Chirac à genoux, avant que cette stratégie ne retombe sur le nez rouge du malheureux clown Jospin qui avait naïvement joué beaucoup trop dogmatique... Chirac a en effet prouvé après le départ de Mitterand qu'il n'avait pas complètement courbé l'échine devant les forces hégémonistes, d'où ses tribulations appliquées par anticipation, et celles de ses séïdes...
Jean-Marie Le Pen, pour sa part, avait toujours su rester à sa place dans le rôle incantatoire du gros méchant épouvantail antisémite, raciste, xénophobe et ultralibétal, dont le rôle consistait juste à valoriser ses ennemis tout en captant l'énergie négative et dangereuse des hordes de frustrés, condamnés à toujours rester les perdants de l'Histoire. Il avait en particulier toujours su faire baisser opportunément les sondages en sa faveur par des déclarations antisémites outrancières de façon à montrer aux maîtres du jeu (je veux dire les forces hégémonistes -pas encore hégémoniques cependant- à l'échelle mondiale) qu'il respectait son contrat moral et ne cherchait pas à arriver au pouvoir, faute de quoi son élimination rendue nécessaire aurait risquée d'être brutale, comme celle de son collègue autrichien et aussi du trouble-fête Coluche... Il faut savoir rester à sa place!
Mais Marine, pourtant grandie dans son giron, ne pouvait sur la base des résultats déjà atteints par son géniteur, rester immobile, sous peine de tôt ou tard tomber en ruine, et il lui fallait donc passer à la vitesse supérieure et se poser comme une candidate semi-crédible (c'est à dire d'une part patrone d'un parti exerçant d'importantes responsabilités locales et d'autre part toujours présente au second tour des élections présidentielles bien qu'inévitablement éliminée par le scrutin majoritaire à deux tours, impitoyable avec les partis radicaux). Mais pour cela il faut rompre avec l'antisémitisme qui ne peut être toléré à ce niveau de responsabilité et aussi rompre (en projet du moins, quitte à trahir cette partie de ses promesses dans quelques années en cas de banalisation du FN qui le mettrait alors en position de participer au pouvoir) avec l'ultra-libéralisme et le mondialisme dont les résultats lamentables interdisent toute forme de popularité dans l'opinion publique.
Alors le brave vieux (tous les vieux finissent un jour par être braves dans le naufrage de leur vieillesse, même les pires) s'est dévoué pour sa fille en ramassant une dernière fois son bâton d'antisémite ringard pour que la chair de sa chair, portée par sa monture Philippique si dérogatoire aux clichés bruns habituels, puisse terrasser le dragon nazillard et ses vieux alcoolites, et se refaire une virginité ainsi qu'au FN qui pourrait d'ailleurs bien changer de nom sous peu pour mieux vivre ses nouvelles aventures... Jusqu'au jour encore lointain où il aura perdu presque toute odeur de souffre et sera autorisé à participer au pouvoir pour à son tour trahir ses promesses les plus incompatibles avec le nouvel ordre mondial, qui lui n'est pas négociable en particulier sur son volet financier...
Le résultat c'est que l'alternance PS/UMP, deux sigles qui mènent exactement la même politique en se démarquant à grands cris sur la forme, va pouvoir continuer sa politique française de soumission totale aux intérêts hégémonistes, étant (compte tenu de nos fabuleux modes de scrutin) protégée à droite par un FN puissant mais systématiquement bloqué au second tour, et à gauche par les rodomontades gauchistes de Mélenchon qui empêchent l'émergence d'un mouvement dangereux de type SYRIZA qui pourrait bien déstabiliser un pays comme la France, disposant d'un siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU et maîtrisant l'arme thermonucléaire, allons donc...
Dormez tranquille bonnes gens, les vaches seront bien gardées! Je le dis sans amertume ni esprit partisan, mon seul but étant de comprendre et de me faire comprendre! Quitte à survivre encore en effet, autant comprendre les ressorts qui nous entraînent vers le gouffre, c'est plus acceptable... Le gouffre c'est l'énorme tourbillon des marchés et la fatalité de leur croissance exponentielle qui ne peut que détruire la planète. L'avenir n'appartient plus en effet à l'esprit humain qui à échoué à piloter notre devenir. La France fait désormais (depuis Sarkozy le Joker et Hollande le Pingouin) partie intégrante du dispositif sécuritaire du système financier international et THERE IS NO MORE WAY OUT!