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Billet de blog 25 mars 2015

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Crash de Barcelonnette: inexplicable?

25/03/2015, mercredi, au lendemain du crash de l'Airbus A320 de Germanwings, cette compagnie Low Cost de Lufthansa, vient de déclarer officiellement que de son point de vue l'accident était inexplicable, l'avion ayant subi toutes les vérifications requises et ce y compris peu de temps avant le vol.

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25/03/2015, mercredi, au lendemain du crash de l'Airbus A320 de Germanwings, cette compagnie Low Cost de Lufthansa, vient de déclarer officiellement que de son point de vue l'accident était inexplicable, l'avion ayant subi toutes les vérifications requises et ce y compris peu de temps avant le vol.

26/03/2015, jeudi, il semble qu´un acte de malveillance du copilote, alors que le pilote était coincé hors du cockpit, soit à l'origine de cet accident. Comment a-t-on pu certifier des équipements/procédures qui permettent l'occurrence de telles situations absurdes? Pourquoi mettre deux pilotes dans un cockpit si la sortie de l'un d'eux risque d'être irréversible?

Il convient certainement de s'interroger sur ces procédures et sur les critères de certification des équipements, qui ont déjà produit en 2014 une nette augmentation de la proportion (rapportée au nombre de vols) de destructions accidentelles d'avions européens (contrairement à la proportion de destructions mondiales, qui régresse). Le regard doit en particulier se tourner vers les organismes responsables de la certification des équipements aéronautiques, certification dont les processus et les organismes sont activement modifiés depuis quelques temps (ça a commencé quelques temps déjà avant le crash "technique" de l'Airbus Rio-Paris, tiens tiens...) sous la houlette de la Commission Europeenne et de son Agence EASA. Il faut dire qu'auparavant cette responsabilité appartenait aux États qui s'appuyaient également sur la compétence reconnue d'organismes intergouvernementaux comme L'OACI, et pour l'Europe: la CEAC et pour sa navigation aérienne, Eurocontrol.

Mais depuis quelques années la Commission Européenne, au nom d'objectifs de rentabilité, prétend supplanter et régenter les services publics nationaux et internationaux en charge et les comprimer pour faire la part toujours plus belle au secteur privé et même instaurer la concurrence entre les organismes sensés collaborer ensemble pour garantir la sécurité aérienne. La logique de telles concurrences étant qu'en raisonnant cyniquement, en tant que concurrent au marché de la sécurité aérienne, on a intérêt qu'un autre de ses concurrents soit responsable d'un crash... Quelle absurdité! Cette Commission Européenne donc, revendique impérieusement un rôle toujours accru dans le domaine de la navigation aérienne dans laquelle, fidèle à elle-même, elle a toujours chercher à impulser des méthodes ultra-libérales inspirées de celles qui ont presidé à l'essort des télécoms. Mais la différence, que semble ignorer la Commission Européenne, c'est qu'en télécoms la chute d'une communication ne provoque pas la mort de 150 personnes...

En effet la Commisssion Européenne, activement épaulée par son Agence Réglementaire EASA, s'imagine qu'il suffit de légiférer et de laisser n'importe qui, délégué à cet effet suivant des processus de délégations très contestables, en charge d'appliquer la législation et/ou de certifier les équipements, les procédures ou les organismes, pour obtenir des résultats aussi bons et même meilleurs qu'avec des services publiques techniques importants, compétents et impartiaux qui exerçaient jusqu'il y a peu la tutelle rapprochée sur l'application des lois et la certification des matériels et des procédures ou organismes. Sur le caractère très contestable des délégations pour la certification pratiqués par la Commission Européenne et l'EASA, mentionnons seulement que faute de disposer d'organismes compétents et indépendants comme il en existe seulement au sein du service public, il existe des cas dans lesquels les organismes chargés in fine (au bas de la pyramide de certification) de certifier certains équipements sont les fabriquants eux-mêmes, certes à priori compétents, mais pas forcément indépendants quand il s'agit de répondre négativement!

Voilà où nous mène la folie bureaucratique ultralibérale de la Commission Européenne et de ses séides, la sécurité aérienne régresse déjà en Europe après quelques années d´intrusion de leur part dans ce domaine! On ne saurait que leur conseiller de faire dans ce domaine, comme par exemple dans celui de la sécurité alimentaire brillamment illustré jadis par l'affaire des fromages au lait cru et plus récemment par celles des OGM, un prudent pas en arrière, au moins un pas! Les organismes velléitaires de l'Union Européenne ne sont malheureusement pas taillés pour faire face efficacement aux problèmes du monde réel. La méthodologie appliquée pour la construction européenne ne fournit que des monstres bureaucratiques contre-productifs et antidémocratiques qui nous mènent droit au désastre et ne peuvent que brasser de la paperasse. Bien sûr puisque les trop nombreux Etats Membres incapables de se mettre d'accord sur des choses sérieuses (et les peuples désormais exaspérés par leur gouvernance bancale), ne leur donnerons jamais le pouvoir ni le budget pour constituer de véritables administrations fédérales de service publique comme la Federal Aviation Administration aux États Unis, alors que c'est la seule chose qu'il faudrait justement. Alors ils proposent des erzats libéraux de gouvernance qui ne peuvent mener qu'à des catastrophes...

Plus généralement, il  fallait, il faut, appliquer une autre méthode de construction européenne, commencer par fusionner des États comme la France et l'Allemagne par exemple, comme Joschka Fischer l'avait d'ailleurs proposé à ces imbéciles de Chirac et Jospin à une époque (il était encore temps, l'Europe n'était pas encore complètement discréditée par sa bureaucratie, ils auraient dû sauter sur l'occasion ainsi offerte), et ensuite faire adhérer les autres sous forme d'une spirale d'intégration ou le noyau -la tête-, garde la haute main sur le pilotage de la queue de la comète, et non l'inverse! Pourquoi donner comme on l'a fait les mêmes droits et les mêmes devoirs à ceux qui (du point de vue de l'intégration européenne) descendent des neiges d'antan et à ceux qui tombent de la dernière pluie? La méthode communautaire multilatérale conduit inévitablement aux plus grands communs diviseurs qui ne sont que des erzats de compromis: des compromissions. La priorité d'un processus d'union est l'approfondissement et l'intégration, pas l'élargissement. L'élargissement doit suivre en spirale, comme une conséquence du succès des deux premiers termes auxquels il doit être subordonné.

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