Le “Makhzen” marocain invite Netanyahu. Et alors ?
L’annonce du roi marocain, Mohammed VI d’inviter au Maroc le 1er ministre israélien a scellé le deal. Après la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, la bienvenue est lancée à Netanyahou pour effectuer une visite au Maroc.
« C’est une priorité de la politique étrangère marocaine » avance-t-on. Et la « priorité de la politique étrangère israélienne » est la reconnaissance à tout prix de son état et, par-là, de sa politique. Le point de deal dans l’entérinement et le renforcement de la normalisation générale des relations entre le Maroc et d’Israël est alors permise par la question du Sahara occidental.
Une normalisation par le haut
Raison gardée, la normalisation a montré son caractère exclusivement politique lors de la coupe du monde au Qatar. Le chant des supporters marocains en soutien à la cause palestinienne, les joueurs célébrant la Palestine, les drapeaux palestiniens partout, les journalistes israéliens ridiculisés… ont rappelé la supercherie d’une normalisation factice organisé par le haut. A l’image de la légitimité démocratique des pouvoirs.
Alors que la colonisation et le fanatisme religieux juif d’appropriation des terres palestiniennes n’ont jamais été aussi violents aujourd’hui, la cause palestinienne peut-elle être l’otage d’intérêts nationaux ? La mise en concurrence des causes est une défaite en même temps qu’elle étale au grand jour la priorité politique donnée au sort tragique des palestiniens par la plupart des pays.
Domaine réservé du palais royal, la diplomatie marocaine a accéléré le processus de normalisation qui use d’une propagande tous azimuts pour faire avaler la pilule des « intérêts du Maroc en premier ».
Pourtant, à ceux qui scandent « le Maroc en premier » - ou tout autre pays d’ailleurs- qu’il sache que l’idée de nation comme construction occidentale a été, au nom d’intérêts territoriaux, à l’origine de toutes les guerres mondiales et qu’elle ne peut être à l’origine de tous les silences. Jamais elle ne pourra construire la paix.
Le nationalisme primaire est facile à réveiller et à exciter. Il peut être vernis de tous les artifices religieux ou de tous les arguments politiques mais il ne peut cacher la vérité d’une cause qui reste celle de la plupart des peuples qui se reconnaissent dans une lutte commune pour la souveraineté. Des souverainetés progressivement confisquées, partout dans le monde, soient par des régimes autoritaires, soient par des dictatures ou, bien enfin, par des élites technocratiques.