
Le rapport sur le mal logement de la Fondation l'Abbé Pierre joue depuis plus de 15 ans un rôle révélateur de la crise du logement en France. La Fondation a su à la fois quantifier la situation, rassembler largement autour de la cause du mal-logement des professionnels, des bénévoles, des politiques et même des people tout en accompagnant des initiatives locale tant financièrement qu'en terme de formation.
Cette action a contribué à une prise de conscience politique aboutissant notamment au plan de cohésion sociale et à une prise en compte significative du logement dans le plan de relance.
De manière moins consensuelle, elle a également révélé que le logement social et plus encore le logement très social méritait d'être concentré dans quelques grandes agglomérations. Le gouvernement a repris à son compte cette préconisation en orientant les crédits vers les zones dites tendues au grand dam des opérateurs et de quelques élus de la France profonde.
Face à ce succès, la Fondation l'Abbé Pierre aurait pu approfondir son combat au profit des ménages les plus défavorisés dans la droite ligne de son action et celle de son fondateur et revendiquer une priorité encore accrue pour la construction de logements en zone tendue ainsi que la satisfaction immédiate des besoins en logement dans les zones où le marché l'autorise. Elle aurait pu porter son action au devant des collectivités locales qui mettent en œuvre dans les faits le droit au logement.
Un autre choix a été fait autour de deux nouveaux combats: limiter l'accession à la propriété conçue comme un frein à la mise en place d'une offre de logement adapté et élargir la question du mal logement aux couches moyennes inférieures (sic Christophe Robert Europe 1 le 1erfévrier 2011).
Sur l'accession l'Allemagne est prise en référence et présentée comme un pays où le taux de propriétaire est inférieur à 50% et où grâce à cela les prix de l'immobilier n'auraient pas flambé. Sacré modèle allemand mais caractérisé également par un contraste des situations entre leSud et le Nord, l'Est et l'Ouest, par un urbanisme rationalisé au niveau des agglomérations et qui autorisent les villes à s'étendre pour qu'elles ne s'étalent pas, où l'architecture est simplissime et les coûts y afférents modérés et enfin où les transactions foncières sont transparentes et le foncier largement maîtrisé par les autorités locales. Alors le faible niveau de propriétaires dans tout cela....
Quant aux classes moyennes inférieures, elles mériteraient attention et cela nul n'en doute, au motif que là aussi l'accession à la propriété pourrait en cas d'accident de la vie les entraînerdans la spirale de la pauvreté. Doit-on oublier pour autant que l'accession à la propriété reste souhaitée par les populations jeunes, les vieux eux sont déjà propriétaires et qu'il est difficile de se projeter dans la vie en pensant qu'à 30 ans on ne verra plus ses revenus augmenter ou que se mariant, risquant déjà de divorcer, on ne devrait pas acheter son logement.
Citons l’Abbé Pierre: "La vie est plus belle que la prudence...."
L'accession à la propriété reste de toute évidence une aspiration légitime et générationnelle qui peut et doit être sécurisée contre les accidents de la vie. Les organismes HLM à l'initiative originelle des coopératives HLM savent faire cela.
Corréler le mal logement au développement de l'accession à la propriété ne paraît pas plus fondé, prendre l'Allemagne en exemple sur le seul critère du faible taux de propriétaires relève même de la mascarade.
Messieurs de la Fondation, de grâce revenez sur vos fondamentaux le mal logement et surtout les sans logis, d'autres sauront sous votre amicale pression mettre en œuvre une politique du logement régulatrice du marché. On ne peut pas tout faire.
L’Abbé Pierre disait « il faut que les hommes sans voix empêchent les puissants de dormir » en réalité seule la voix des sans voix peut empêcher les puissants de dormir la voix des autres elle les endort. Ne les laisser pas roupiller.