Les sites de paris sportifs en ligne, portés par le succès de la Coupe du Monde de football, ont le vent en poupe : tous les principaux opérateurs (PMU, Betclic, Unibet…) connaissent en 2014 une augmentation significative de leur chiffre d’affaires ou de leur masse de joueurs (entre 10% et 30% selon les opérateurs).
A l’inverse, le marché des courses hippiques est en difficulté : le montant global des mises du 1er semestre 2014 est en recul de près de 10% par rapport à la même période en 2013. Or, dès le début de l’année 2012, Betclic, un géant dans le domaine des paris sportifs mais un nain dans celui du turf (2% de parts de marché), portait plainte contre le PMU pour concurrence déloyale.
Le motif ? La non-séparation des mises en ligne de celles « physiques » (enregistrées en bar-tabac, par exemple). Réunir tous les parieurs sous la même bannière est en effet un atout majeur pour PMU, puisque les cotes au turf dépendent directement du nombre de parieurs sur chaque cheval.
Grâce à son monopole légal sur le marché des paris hippiques « physiques », PMU bénéficie d’une masse de joueurs très importante qui permet de proposer des cotes plus stables et une gamme de paris plus étendue que celles des autres opérateurs. De plus, sans un volume de parieurs importants, PMU ne devrait plus pouvoir proposer de jackpots de plusieurs millions d’euros sur son site : finies, les super tirelires du Quinté + !

L’Autorité de la Concurrence a donc obtenu du PMU qu’il sépare ces 2 masses d’enjeux. Certains opérateurs s’en réjouissent, Betclic en tête, estimant que cela permettra de rééquilibrer les conditions de concurrence. D’autres sont plus circonspects en redoutent les effets pervers d’une telle décision. Rohan Chabot, le fondateur de Zeturf, estime que cela va affaiblir encore davantage le marché du turf en ligne, et que tous les acteurs en pâtiront. Avec un certains sens de la formule, il déclare préférer « prendre 1% d’un marché en croissance que 3% d’un marché en décroissance ».
En effet, on peut estimer que cette décision, pour légitime qu’elle soit, devrait pénaliser le PMU sans pour autant favoriser les autres opérateurs : l’avenir du turf en ligne passe d’abord par une reconquête d’une cible plus jeune. Des tentatives de simplification des paris ont été réalisées, sans grand succès pour le moment : aux acteurs de trouver des solutions concrètes pour que parier sur les courses à Vincennes soit aussi stimulant que miser sur la Ligue des Champions.