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Conseil national du PCF, responsable de la commission "Lutte contre le racisme et l'antisémitisme" / Secrétaire départemental du PCF 54 / Conseiller régional du Grand Est / Adjoint au Maire de Nancy

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Billet de blog 28 août 2012

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Aux camarades du Front de gauche: sachez entendre les questions posées par Stéphane Alliès!

Je me lance pour un premier billet ici en réagissant aux deux articles récents de Stéphane Alliès sur les Estivales du Front de gauche et, surtout, aux nombreuses réactions qu'ils ont suscittés de la part de sympathisants et militants, comme moi, du Front de gauche.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je me lance pour un premier billet ici en réagissant aux deux articles récents de Stéphane Alliès sur les Estivales du Front de gauche et, surtout, aux nombreuses réactions qu'ils ont suscittés de la part de sympathisants et militants, comme moi, du Front de gauche. Merci à Mediapart de permettre à ce point l'expression de ses lecteurs.

Manquant de temps, je n'ai fait que parcourir les quelques 600 commentaires sur les deux articles de Stéphane Alliès (que, par contre, j'ai pris le temps de lire attentivement).

J'ai du mal à y croire en m'arrêtant sur certains d'entre eux. On s'autorise ainsi à distribuer les bons et les mauvais points à un journaliste qui fait son travail, c'est-à-dire qui informe et propose des analyses, sans se cacher derrière la pseudo-neutralité qui dissimule si mal les basses intentions de nombreux autres "journalistes" dans d'autres médias.

Alors que Jean-Luc Mélenchon lui-même en appelle à "des dialogues fracassants" pour "vivifier la citoyenneté" (il l'a dit, j'y étais !), on ne tolère pas d'un journaliste qu'il s'interroge sur quelques points de son discours. Nous devrions remercier Stéphane Alliès : en problématisant les responsabilités qui sont celles du Front de gauche, il contribue en quelque sorte à notre boulot d'intellectuel collectif. 

Je précise que je n'ai aucune sympathie politique particulière pour Jean-Marc Ayrault, François Hollande ou le Parti Socialiste, je suis un animateur du Front de gauche en Lorraine, membre de Gauche unitaire, et j'ai mené avec enthousiasme la campagne de Jean-Luc Mélenchon aux élections présidentielles. Je n'ai pas plus de sympathie particulière pour Stéphane Alliès que je ne connais pas et qui à d'autres occasions a su passablement m'énerver quand il rendait compte de rendez-vous du FDG (lorsqu'en septembre 2010 pour prendre un exemple, il qualifiait de populiste et d'antiparlementariste le fond et le ton du discours de Christian Picquet à la fête de l'Huma, celui-ci mettant alors au débat à gauche la revendication de dissolution de l'Assemblée nationale), mais peu importe, et même tant mieux...

Stéphane Alliès s'abandonne peut-être un peu trop à l'interprétation de la forme ("tonitruant" !) du discours de JLM, mais il pose une très bonne question de fond dans l'article de samedi : "Ces attaques en règle du gouvernement, au bout de seulement cent jours d'exercice du pouvoir, sont-elles audibles par une opinion et un électorat de gauche qui a largement voté socialiste aux dernières législatives ?" (je souligne).

Comprendre une situation politique pour définir l'orientation et les tâches qui découlent de cette compréhension, c'est à la fois qualifier la politique du gouvernement et la perception de cette politique à une échelle de masse. Toute analyse est sans cela complètement désincarnée, et vouée à ne satisfaire que celles et ceux qui la produisent. Or à ce stade, la politique du gouvernement ne me semble pas mal perçue par la majorité qui a élu Hollande pour en finir avec la brutalité du sarkozisme. Elle ne suscitte pas l'enthousiasme c'est évident, mais elle n'est pas mal perçue et rejetée pour autant. Je ne m'en réjouis pas, mais c'est un élément important à prendre en compte.

La perception que l'on peut avoir en tant que militant (surtout après avoir mener des campagnes comme celles du FDG en 2012 !) est parfois éloignée de celle de la population. Il nous faut donc savoir trouver les moyens de s'adresser à elle en prenant en compte son niveau de conscience au moment où on agit.

Il faut dénoncer le gouvernement et Hollande, c'est une évidence : quand il expulse des camps de Rroms sans se soucier du relogement, quand plusieurs de ses ministres s'apprêtent à participer aux universités d'été du Medef, ou encore, et surtout (tant son adoption sera un frein à la reconquête de nos acquis sociaux et démocratiques), quand il s'apprête à faire voter le TSCG au Parlement sans débat dans la société... Mais ça n'est pas suffisant pour convaincre, et cela peut même se révéler inefficace. Une majorité de la population, on ne saurait lui donner tort, souhaite que ce gouvernement réussisse à changer nos vies. Sachons nous appuyer sur cette aspiration en articulant notre dénonciation de ce qui est inacceptable avec la proposition d'une politique d'urgence pour toute la gauche, le mouvement social et le peuple tout entier.

Ce que j'ai trouvé problématique dans les deux discours de Jean-Luc Mélenchon ce week-end à Grenoble (à côté de leurs aspects, comme toujours, très positifs et enthousiasmant, on en redemande !), c'est qu'il affirme une orientation que l'on peut résumer ainsi : le Front de gauche serait le recours à gauche. Autrement dit, le recours aux échecs, voire aux trahisons à venir du gouvernement. Ce qui veut dire attendre les échecs et les trahisons, les espérer même puisqu'elles seraient à l'origine de la consécration à venir du FDG. Ce qui veut dire aussi attendre en regardant passivement se dégrader la situation des salariés et des jeunes de ce pays. Une passivité que l'on nous ne pardonnera pas. Et à ce petit jeu-là, c'est l'opposition la vraie, celle de droite, qui se nourrira de l'échec pour un retour fracassant, l'extrême-droite dans ses valises.

L'urgence, c'est d'affirmer le Front de gauche comme une force utile à toute la gauche, utile à la construction de majorités sociales et politiques contre l'emprise de la finance sur l'économie dont la seule boussole doit être la satisfaction des besoins sociaux.

Cela commence dès maintenant avec la bataille contre le TSCG et pour la convocation d'un référendum.

Bora Yilmaz

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