Ci-dessous, vous trouverez le projet que le Front de gauche entend défendre aux élections municipales dans l'aglomération nancéienne.
Pour un Grand Nancy protecteur, solidaire, démocratique et émancipateur
La crise s’accompagne de la mise en place dans toute l'Europe de politiques d’austérité, qui vont à l’encontre des exigences des peuples, conduisant à des dérives autoritaires et alimentant la défiance des citoyens à l’égard des responsables politiques.
Après trente ans de pouvoir d’André Rossinot sur Nancy, notre agglomération n’a pas échappé à cette régression. Il suffit pour s’en convaincre de regarder nos services publics locaux, ils ont tous été vendus à des grands groupes privés, dont l’objectif, avant la satisfaction des besoins humains, est la rémunération de leurs actionnaires (parkings à Vinci, transports, déchets et chauffage urbain à Veolia, traitement des eaux à Suez…), ou de comparer différents quartiers de l'agglomération.
Cette agglomération, qui a été ghettoïsée et privatisée, le Front de gauche propose de la reconstruire en partant des besoins concrets et urgents de la population, en prenant appui sur l’humain.
Bien sûr, la commune ne peut pas tout, et ne doit pas tout prendre en charge. Il ne s’agit pas de dissimuler les responsabilités d’un État qui a trop souvent tendance à transférer des missions aux collectivités, sans qu’elles aient les moyens de les assumer.
L'ambition de notre projet est double : répondre aux besoins de la population en faisant du Grand Nancy un bouclier contre l'austérité, tout en posant les premières pierres d'une nouvelle société.
Habiter autrement
Notre projet s’attachera à proposer une nouvelle politique urbaine, permettant de mieux vivre ensemble dans un environnement urbain de qualité accessible à tous. Notre politique devra aussi répondre aux défis écologiques, en luttant contre l’étalement urbain par une densification harmonieuse.
Ce n’est pas en construisant des logements par ici, ou un éco-quartier par là, que nous résoudrons la crise dans laquelle notre société est plongée.
Nous devons envisager la ville dans sa globalité en diversifiant l’offre de logement dans un même lieu, en désenclavant tous les quartiers, en aménageant des espaces publics de qualité favorisant la vie sociale, en implantant des équipements publics, en planifiant le retour de la nature en ville… .
Cela passe par la construction de logements sociaux au cœur de la ville, le soutien aux projets d’habitats participatifs ou coopératifs, le développement de l’éco-construction. Ce travail devra nécessairement s’accompagner d’une lutte contre la spéculation immobilière en reprenant en main la politique foncière.
Cela passe aussi par une politique de réduction des déchets et des gaspillages, notamment par un travail sur les eaux usées ou encore le développement du chauffage urbain.
Cela passe enfin par un renforcement du travail social et un appui du monde associatif qui favorise le lien social.
Cette nouvelle politique urbaine est aussi la première réponse à la délinquance. Elle devra signer l’abandon des doctrines sécuritaires, basées uniquement sur la vidéosurveillance et une police répressive. Nous donnerons la priorité à une mission de proximité, de médiation dans les conflits et d'actions de prévention. Nous rappellerons à l'État qu'il est dans ses prérogatives d'assurer la sécurité de tous les citoyens.
Resocialiser les biens communs
Sont concernés en premier lieu les transports, les parkings, les déchets, l’eau, le chauffage urbain ou encore la restauration collective. Le retour de ces services en gestion publique devra permettre une véritable association des citoyens à la prise de décision et assurer aux salariés des emplois stables.
Il faut réfléchir à étendre cette gestion directe à d’autres services et équipements comme les crèches par exemple.Il faudra développer aussi des centres de santé communaux, ainsi que des établissements de prise en charge des personnes âgées.
Ce travail de reconstruction de la propriété sociale doit permettre l’accès de tous aux services et équipements publics ; cela signifie la mise en place de la gratuité de certains services, en particulier les transports et les premiers mètres cubes d'eau.
Entre le tout voiture et le transport en commun, l’équipe Rossinot a fait de mauvais choix. Nous faisons résolument le choix des transports en commun. Il faut réorienter les dépenses d’investissement de la communauté urbaine vers le transport urbain et non vers les grands projets de stationnement au centre ville.
La commune gère également la restauration scolaire : là encore, nous constatons que le choix de l’équipe Rossinot est de déléguer ce secteur à des groupes privés, la Sodexo et Avenance, pour la plupart des écoles de l’agglomération. Nous proposons la création d’une régie publique de la restauration scolaire qui s’approvisionne autant que possible auprès des producteurs de la région, dans une perspective de relocalisation de l’économie. Ce choix politique est aussi un moyen pour la collectivité d’engranger des recettes supplémentaires, plutôt que de financer les dividendes des actionnaires de la Sodexo et d'Avenance avec l’argent des parents d’élèves.
Cette resocialisation va de pair enfin avec une laïcisation des biens communs. Ceci doit nous conduire à remettre en cause le financement des écoles privées, à garantir le strict respect de la laïcité dans les services et équipements publics, mais aussi à faire sortir la publicité de ces derniers.
Pour de bons services publics, il faut garantir de bonnes conditions de travail et de statut, notamment des personnels des services communaux et intercommunaux : opposition à toute mesure visant à réduire le nombre des agents, résorption de la précarité, respect et développement des droits individuels et collectifs des agents.
Jeter les bases d’une économie humaine
Il faut interroger nos besoins et réorienter nos productions et consommations,en fonction de leur utilité sociale et écologique. A cela s’ajoute la nécessité de contribuer à l’émancipation des salariés.
La Communauté urbaine soutiendra ainsi les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). En effet, ils représentent une alternative au productivisme et à la concurrence destructrice.
L’ESS participe enfin, par le développement des coopératives de consommateurs, des Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (SCIC) et des circuits-courts, à la relocalisation de l’économie que nous défendons.
Cependant, pour construire une économie humaine, il faudra réglementer la publicité qui alimente le consumérisme, et refuser de sacrifier notre santé publique au nom du profit.
Libérer la créativité et favoriser l’éducation
Faire le choix de l’Humain d’abord, revient à refuser la domination du capital financier. Or pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de libérer la créativité en œuvrant pour l’émancipation des consciences.
Une ville peut contribuer au partage des savoirs, à l’accès de tous à l’art, à la culture, au sport, au développement des médias et de nouvelles pratiques culturelles.
Pour cela, nous devons envisager la création d’espaces de réunion et de culture avec des ateliers d'artistes, des petites salles de concerts, des espaces sportifs...
Nous nous fixons deux objectifs en matière de politique culturelle :
- Un rééquilibrage budgétaire entre les lieux et évènements « grand public » et ceux au rayonnement plus confidentiel.
- Plutôt que des financements ponctuels en fonction de projets présentés a priori, nous proposons que la commune et la communauté urbaine mettent à dispositions durablement des lieux à vocation « multiculturelle », ancrés dans les quartiers, gérés par les associations et les collectifs qui les occuperont, de façon à développer un tissu de petites salles de concert, bars associatifs, salles de réunion, ateliers d’artistes, espaces d’échanges de services (exemple de Dynamo, l’atelier du vélo)…
L’éducation relève et doit relever de la responsabilité de l’État, c’est le cadre qui doit garantir l’égalité d’accès à une éducation de qualité. À ce titre nous refusons la logique de territorialisation de l’éducation et de la formation induite par la loi Peillon sur l’école et l’acte III de la décentralisation en préparation. Nous refusons également que la réforme des rythmes scolaires se traduise par un désengagement de l’État sur le temps périscolaire et une charge sur les collectivités qui induira inévitablement des inégalités entre les territoires. La commune est compétente pour la construction, l’entretien et l’équipement des établissements scolaires du premier degré, elle doit recevoir de l’État les moyens de garantir l’égalité sur tous les territoires : pour bien apprendre, il faut de bonnes conditions matérielles.
C’est enfin dans cette optique d’émancipation que nous devons placer notre réflexion sur la question des rythmes scolaires, de la gestion des bâtiments éducatifs qui nous ont été confiés, ou encore des liens d’une municipalité avec l’université.
Redonner le pouvoir au peuple
La construction d’un Grand Nancy protecteur, solidaire, émancipateur et démocratique que nous proposons, se fera en replaçant le citoyen au cœur de l’ordre politique. Nous revendiquons une citoyenneté de résidence et donc le droit de vote et d’éligibilité pour tous aux élections locales, quelle que soit la nationalité.
Nous débuterons notre mandat par l’installation de commissions d’audit citoyen de l’ensemble des services publics, ainsi que de la dette de l’agglomération, afin de préparer la transition vers le nouveau Grand Nancy que nous proposons.
En mettant en place dans tous les quartiers des mécanismes de participations actives, nous permettrons de faire des habitants des coproducteurs de l’action publique dans leur ville. C’est dans ce cadre que seront notamment développés des budgets participatifs et l’association systématique des usagers et des salariés dans l’ensemble des comités de gestion des équipements et services publics.
Les publications des communes et de la CUGN servent trop souvent d’organes de propagande aux équipes en place. Ces publications doivent devenir des outils démocratiques, en diffusant des informations sur la vie locale, mais aussi en réservant une large place aux débats publics, qu’ils soient locaux, nationaux ou internationaux.
Enfin, la création d’un observatoire des engagements donnera la possibilité aux citoyens d’évaluer la mise en œuvre de notre programme.
Nous on peut !
L’objectif que nous fixons pour notre agglomération peut sembler inatteignable à première vue. En effet, le Grand Nancy c’est un endettement qui a progressé de 30% depuis la dernière élection municipale, atteignant désormais plus de 613 millions d’euros. A cela s’ajoutent la volonté du gouvernement de diminuer sur les prochaines années, les dotations de l’Etat aux communes.
Cependant, le Grand Nancy c’est aussi plus de 250.000 habitants, et plus de 400 millions d’euros de recettes annuelles.
Nous commencerons par rééquilibrer la fiscalité locale, car l’imposition mise en place par la majorité actuelle est clémente pour les entreprises et dure pour les ménages, particulièrement les plus modestes. Pour illustration, les taxes d’habitation et foncières ont augmenté ces dernières années, tandis que la cotisation foncière des entreprises n’a pas bougé.
Avec la resocialisation des biens communs, nous pourrons remettre au service de l’intérêt général l’argent qui sert actuellement à assouvir les intérêts privés des actionnaires.
Nous dégagerons des marges de manœuvre en concentrant nos moyens sur les projets qui permettent de reconstruire du lien social et d’améliorer le bien-être des habitants. Cela nous obligera à faire le bilan de la décentralisation et à combattre l’acte III que le gouvernement actuel prépare.
Enfin, nous savons que la commune et la communauté urbaine sont confrontées à une forte pression budgétaire. En tant qu’élus, nous assumerons donc la confrontation avec le gouvernement s’il persiste à négliger la dotation des collectivités locales, tout en accordant des cadeaux fiscaux aux plus riches et en mettant les territoires en concurrence avec l’acte III de la décentralisation. Nous engagerons les communes de l’agglomération dans la construction d’un réseau national des collectivités contre l’austérité et pour une révolution fiscale permettant aux communes d’assumer efficacement leurs compétences et de répondre aux besoins du plus grand nombre.
Nancy, le 22 octobre 2013