Cher Alain,
Je me suis d'abord dit : "Ah, le vieux con !" et je sais qu'en homme du sud, tu ne te serais pas formalisé. Mais du calme...
Tu sais, je t'aime bien. Je t'ai écouté à Marseille, et j'en ai fait le compte rendu pour Médiapart, ça doit être dans la collection de mes billets. Le compte rendu t'a plu, tu m'as remercié. J'aime bien ce que tu as écris sur l'amour, c'est sympa. J'aime bien que tu préfères Sartre à Camus (par exemple. Oui, je sais qu'il n'y a aucun rapport). Je ne déteste pas que tu aiens une petite formation en maths, ça ne peut pas faire de mal.
Donc, ce matin, j'ai écouté sur France Inter, chez Patrick Cohen, la voix du vieux qui veut corrompre la jeunesse, au sens de l'accusation portée contre Socrate.
Mais vois-tu, Patrick Cohen n'invite pas Socrate, ça n'est pas son genre. Il t'a invité pour que tu respectes la consigne : en matière de politique: -- ils sont tous pareil, Hollande, Juppé, Le Pen--. pas tout à fait pâreils. Une variation de couleurs... Comme c'est mignon cette expression. Donc, tu n'as plus voté depuis 1968 et il est bien certain que tu ne voteras plus. Voilà le message.
Comme souvent, le médium ... c'est le message. A France Inter, tu le sais, il y a un nom que l'on ne prononce pas, celui de Jean-Luc Mélenchon. C'est pourquoi tu ne l'as pas prononcé. La politique, ça va de Hollande jusqu'à Le Pen. Tout le monde sait cela.
Ton auditoire à Marseille votera Mélenchon, n'est-ce pas ? Tu es bien d'accord ? C'est probable, non ? Non ? En majorité, je veux dire. Tu les as bien eu ! Le vote, c'est vulgaire, pour celui qui a insisté pour qu'on le présente comme "le philosophe le plus traduit à l'étranger" ! Et qui ensuite a fustigé les "winners"...
Le vote c'est vulgaire, tu te réserves pour l'insurrection. Ah l'INSURECTION ! C'est une longue marche, mais on peut toujours faire un premier pas. Aujourd'hui on se couche, mais demain ! AH DEMAIN !
Tu auras toujours ton rond de serviette pour un petit dej chez Patrick Cohen ! Ah, le vieux con !