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Billet de blog 13 mars 2016

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Pour une Gauche Plurielle

La rupture avec les officines du mensonge et de la trahison, l'oubli des objections de boutique, le ralliement à la campagne citoyenne, n'impliquent pas l'unanimisme

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Je me souviens avoir lu, peut-être dans une bande dessinée, que quelqu'un s'adressait à Georges Clemenceau pour lui dire « La société est grosse d'une révolution ! » Et le grand homme d'état répondait : « C'est vrai. Nous allons la faire avorter ».

La présente situation sociale se prête à des réflexions autour de cette anecdote. Les lois aveugles de la machine Capital dominent complètement la société et la détruisent, ainsi que les conditions de vie sur notre planète. Cela se manifeste banalement par une sorte de dictature absurde de l'actionnaire. Dans une certaine mesure, les sociétés humaines sont grosses d'un renversement de situation. Mais toutes sortes de privilégiés, sans même se le dire, travaillent à des avortements.

En France particulièrement, il se passe des choses, surtout du côté gauche de l'échiquier politique : des partis, PS, EELV, PCF se délitent plus ou moins. Des échéances électorales se rapprochent, et la situation sociale se tend. Objectivement, un seul processus est constructif, même à petite échelle encore, c'est la campagne citoyenne initiée par la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon pour l'année prochaine. Campagne qui concerne à la fois la lutte sociale, l'élection présidentielle et les élections législatives. Pour cette raison, des enjeux décisifs se jouent là.

Le moins discutable des atouts de cette initiative, c'est qu'elle n'a pas de concurrence.

Même si la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, dans le rôle du candidat à l'élection majeure de cette République, était la pire, cela serait tout de même la seule. Mais c'est loin d'être la pire :

Bien qu'en baisse, Alain Juppé (31%) reste la personnalité politique dont les Français ont la meilleure opinion, devant Emmanuel Macron (22%, -1), Jean-Luc Mélenchon (22%, +1) et Marine Le Pen (21%). Nicolas Sarkozy perd 3 points à 14%....François Hollande est à 15%.

(http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/18857-sondage-cotes-francois-hollande-manuel-valls-chutent.html

JLM s'avère être le moins clivant et le plus populaire, de loin, des personnalités politiques de vraie gauche. Voilà un fait. Sur ses idées, la solidité de ses engagements, ses compétences et ses talents, sa loyauté, on ne rencontre guère à gauche de contestation.

Je dirais, d'une manière volontairement naïve, que par conséquent, toute personne d'opinion progressiste devrait soutenir cette campagne. On sait qu'en ce milieu du mois de mars 2016, c'est encore loin d'être le cas.

Certaines oppositions sont politiciennes. Si la direction du PCF fait des manières et se livre à d'obscures manoeuvres, c'est sans doute parce que la minuscule coterie d'élus qui contrôle encore ce parti ne veut pas rompre avec une droite PS à qui elle doit des postes et les subsides qui vont avec. La situation est encore plus « avancée » (au sens où une viande est dite « avancée ») à EELV, puisque la secrétaire du parti l'a quitté pour un poste de ministre dans le gouvernement le plus anti écologiste qui soit.

Mais d'autres oppositions sont plus étonnantes. J'avoue avoir été stupéfait d'entendre Daniel Mermet, durant l'entretien qu'il a eu avec Pierre Jacquemain, conseiller de Myriam El Kohmry, démissionnaire, interrompre son interlocuteur, qui était en train de justifier sa proximité politique avec JL Mélenchon, pour s'exclamer « Mais Marine le Pen aussi ! Elle fait de la politique ! ».

http://la-bas.org/les-emissions-258/les-emissions/2015-16/le-conseiller-de-la-ministre-du-travail-demissionne-et-balance    ... La « comparaison » a lieu à la 14ème minute, et 23 secondes, de l'entretien.

Ce genre de comportement abject n'est pas motivé par l'argent, c'est autre chose. Je peux également parler du Monde Diplomatique, qui s'intéresse à Bernie Sanders, à Jérémy Corbin, mais à rien de ce qui se passe en France dans le même registre politique... Ou de la politique éditoriale étrange de la direction de Médiapart sur le même sujet...

Ce sont des oppositions de boutique. On peut être de gauche, pour Daniel Mermet, mais dans sa boutique. Idem pour le Diplo et pour Médiapart.

N'est-il pas piquant que ces cercles fermés de fidèles de tel ou tel (Daniel Mermet, Serge Halimi, Edwy Pleynel, Gérard Filoche) montrent du doigt le soi disant « ego démesuré» de JLM ?

Ce réflexe sectaire s'appuie sur de vieilles rancunes, des anecdotes. Edwy Pleynel ne cesse de raconter que dans les années quatre-vingt, Jean-Luc Mélenchon lui aurait reproché d'avoir publié une critique de Mitterrand ! Une chance qu'à l'école de Vichinsky, il ne remonte pas jusqu'à l'enfance de l'anti-héros.

Au dessus de ces comportements minables, le ciel est sacrément noir, pourtant. Aucun de ces « ennemis » de la campagne citoyenne n'est capable, le moins du monde, d'indiquer un moyen d'éviter la catastrophe politique et sociale qui se profile, non pas simplement pour les élections de l'année prochaine, mais pour l'avenir de la civilisation humaine.

Je ne compte pas comme alternative des gadgets inventés à la hâte comme les « primaires de la gauche » qui sombrent chaque jour davantage dans le ridicule.

Dans cette conjoncture confuse et pénible, on perd de vue quelque chose d'essentiel. Les idées de Jean-Luc Mélenchon sont intéressantes. Son positionnement politique éco-socialiste est rassembleur. Personne, ni au PCF, ni à EELV n'est capable d'exhiber un véritable désaccord. Personne, par exemple, ne dit qu'une politique progressiste pourrait et devrait respecter les traités européens.

Cependant, une fois admis que sur l'essentiel et l'urgence, il n'y a aucun désaccord profond, il est clair qu'au delà des prétextes, tout le monde ne voit pas exactement de la même manière la politique qui permettra de réduire massivement le chômage, la misère, l'insécurité, de conduire un bras de fer avec Bruxelles, d'opérer la transition énergétique au delà du nucléaire, de gérer les problèmes liés à l'immigration, de concevoir la politique internationale de la France, etc.

Il ne s'agit pas, grâce à la campagne citoyenne, de construire une gauche monocolore, mais bien une gauche plurielle.

Je conçois parfaitement que des solutions différentes aux différents problèmes s'opposent au sein d'une gauche anti libérale réaliste et démocratique. Que Filoche ou Cécile Duflot pèsent, dans l'affrontement avec Bruxelles, dans le sens d'un plus grand attachement à la communauté européenne, que Marie-Georges Buffet et d'autres responsables honnêtes du PCF insistent davantage que d'autres sur la nécessité, tout en dépassant le nucléaire, de préserver l'emploi des travailleurs et le prix de l'électricité, etc.

Rejeter les mensonges et les trahisons ne signifie pas aboutir à l'unanimisme. De vrais débats sont légitimes et nécessaires. Mais la rupture avec les partis soumis à l'oligarchie est un préalable. Et aujourd'hui, il n'y a pas d'autres lieux pour débattre et se rassembler que la campagne jlm2017, et les Assemblées Citoyennes.

L'échec nous mettrait, ainsi que nos enfants, dans les serres d'une dictature impitoyable. Car la science donne aujourd'hui à Big Brother des moyens terrifiants.

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