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Billet de blog 31 août 2015

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Le productivisme, questions et prétextes.

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Emmanuelle Cosse, présidente de EELV, balaie d'un revers de main l'alliance avec la gauche au motif que le PCF est « productiviste ».

Elle repousse également l'alliance avec le PS pour la même raison – mais compte tenu des faits passés, et de l'attitude de ceux qui furent ses proches il y a peu, on peut, de ce côté là, douter de sa fermeté.

Comment se pose, en réalité, cette question ? Il ne fait aucun doute que par nature, le capitalisme exige la croissance et le produire plus : « Sous notre régime de propriété privée, il faut rétribuer sous forme de rente, intérêts ou dividendes, les propriétaires des facteurs de production. La nécessité de la croissance est un artefact de notre système social » (Paul Jorion, « Penser l'Economie Autrement » Fayard, 2014).

La concurrence pousse à l'investissement et l'investissement permet et exige la croissance en retour.

D'un autre côté, Gabriel Chardin, par exemple, a mentionné une étude parfaitement incontestable (https://lejournal.cnrs.fr/billets/le-paradoxe-de-fermi-et-les-extraterrestres-invisibles) selon laquelle il suffit maintenant de quelques dizaines, peut-être une ou deux centaines d'années pour que, avec une croissance modérée de 2% par an en moyenne, TOUTES les ressources vitales (pour les humains) de la planète soient consommées. Pas seulement le pétrole, ou le gaz, mais le cuivre... l'étain … Et bien avant ce délai, d'ici vingt ou trente ans, la vie humaine aura été rendue immensément plus difficile pour l'immense majorité des huit ou dix milliards d'habitants humains de cette planète.

Par conséquent, des écologistes conséquents devraient définitivement fermer la porte de droite, celle qui permet des alliances avec les partisans du capitalisme, (i.e. de la concurrence libre et non faussée, du libre marché, etc).

De cela, il ne s'ensuit pas que la modération de la croissance, ou la stabilité, voire la décroissance, soient des questions simples, même si l'on tourne le dos au système capitaliste. Ce sont nécessairement des questions difficiles, redoutables. Elles doivent être abordées dans chaque pays et même dans chaque région, mais elles concernent toute la planète.

On ne peut pas dire à tels et tels travailleurs : vous serez au chômage et dans la misère parce qu'il faut produire moins. On ne peut pas dire aux peuples des pays du sud : vous n'avez pas le droit à l'électricité parce qu'il faut économiser les ressources.

Ce souci là est évidemment légitime et n'appartient pas aux seuls militants du PCF ! Il faut toute l'inconscience d'une petite bourgeoise parisienne, écologiste sans réflexion, pour balayer ces difficultés.

L'humanité, si elle veut survivre, devra sans doute miser en partie sur le local et les ressources autarciques, et par ailleurs, sur un énorme effort d'organisation mondiale et de solidarité.

Le Parti de Gauche a élaboré ce qu'il appelle « la règle verte ». C'est un principe qui consiste à dire : on ne prend pas à la nature plus qu'on ne peut lui rendre. On ne prélève pas plus que la nature ne peut reconstituer dans un délai court. « Il s'agit d'éteindre la dette écologique engendrée par le capitalisme et le productivisme ». JL Mélenchon a proposé que ce soit un principe constitutionnel.

Il n'est pas honnête d'accuser le Pcf de « productivisme » au motif que, il y a bientôt un siècle, le même parti vantait les performances économiques de l'Union Soviétique des années trente, qui ont été payées de dégâts humains et environnementaux considérables. Car il s'agit là d'une époque révolue. En effet, en partant de la Russie, pays des millions de serfs vivant comme au moyen âge, l'URSS est devenue la seconde puissance économique du monde. Les dangers liés à la mise à mal de l'environnement n'étaient perçus par personne, et surtout pas par les capitalistes.

Des écologistes honnêtes et sincères devraient mettre de côté tous les prétextes et prendre leur part des immenses tâches politiques, économiques et écologiques qui sont devant nous tous, nous qui refusons la dictature du capital.

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