La crise financière est devant nous. Elle n'épargne aucun secteur de l'économie réelle mais certains sont plus emblématiques et structurants que d'autres. C'est le cas de l'industrie aéronautique qui emploie en Europe 120 mille salariés et qui entre dans l'oeil du cyclone.
C'est en tout cas, ce qu'on peut déduire de l'étude faite par le bureau d'analyse de l'assureur crédit Eurles Hermès Sfac. Dans une livraison communiqué vendredi 11 Octobre, ces spécialistes estiment que l'actuelle crise financière touchera de multiples manières les deux plus gros
constructeurs que sont Airbus et Boeing. La crise financière a pour première conséquence de restreindre le crédit aux compagnies aériennes qui ont pourtant besoin d'acheter de nouveaux avions pour rajeunir leurs flottes et réduire leurs coûts de fonctionnement. Dans ce registre, le prix élévé du kérosène pourrait mettre à terre 50 à 60 compagnies aériennes également fragilisée par la contraction du marché du tranport. Celui ci s'accroit depuis de nombreuses années de 4,5% par an. Dans l'étude Eurles Hermès, les analystes le situent à plus 3, 5% pour cette année et 1,5% de plus seulement en 2009. Moins de passagers signifie bien sûr moins d'avions en vol. Le carnet de commandes d'airbus serait ainsi impacté de 5,4% du total des commandes et celui de Boeing de 16,2%. Ce qui est peu comparé au carnet de commandes total. Mais les experts estiment qu' au delà de 2010, les choses se compliquent. " Les deux avionneurs pourraient décider de ne pas accroitre les cadences compte tenu du ralentissement en cours. Cependant un certain nombre de facteurs limiteraient le repli à moins 25% contre moins 40% en moyenne lors des précédents retournements". En effet, l'aéronautique est une industrie a cycles faite de progression et de regression.
Mais dans l'instant, le problème d'Airbus et de Boeing est de connaître l'avenir du plus gros loueur d'avions au monde, la société IFLC qui leur a commandé quelques 155 appareils dont l'A 380 et le Boeing 787 Dreamliner pour un montant d'environ 25 milliards de dollars. La filiale d'AIG, l'assureur recapitalisé par l'intervention de l'Etat américain, est en effet à vendre. Elle a elle aussi été secourue par un prêt de 6,5 milliards de dollars. Et pour le moment, les acheteurs ne se bousculent pas même si les économistes du secteur aéronautique estiment que seules les puissances du Golfe Persique et la Chine ont la surface financière nécessaire pour le faire. Bank of China a d'ailleurs racheté en 2006 la société Singapour Aircraft leasing entreprise. A moins que le patron d'IFLC n'entre au capital de la société qu'il a fondé en 1973 et vendu 1 milliards et demi de dollars à AIG en 1990, dans le cadre d'un fond de capital investissement. La question est d'autant plus sensible qu'un avion sur trois qui vole est aujourd'hui vendu par les deux plus gros constructeurs à ces sociétés de leasing. C'est dire s'il est impossible de s'en passer.
A ce jour, Airbus est cependant mieux placé que Boeing. L'avionneur européen a par exemple enregistré, au troisième trimestre, plus de commandes (785) et éffectué plus de livraisons (349) que son concurrent américain ( 623 ventes pour 325 livraisons). Il est vrai que Boeing est empétré dans une grève qui dure depuis un mois déjà et mobilisent 27 mille salariés. Ce qui a pour conséquence de perturber le calendrier du premier vol et les essais du B787 et de retarder à 2010 ses livraisons à Japan Airlines et ANA pour lesquels il faudra payer des indemnités de retard.