24 H de grève aujourd'hui pour les enseignants, 24 heures de grève dans une semaine sur la retraite. C'est un fait, il y a depuis l'arrivée de Sarkozy au pouvoir un renouveau des luttes qui envahissent de nouveaux les médias; à moins que ce ne soit ces derniers qui amplifient cette impression d'ampleur en évoquant les luttes qui hier passaient plus ou moins inaperçu à nos yeux en raison de leur choix journalistique.
Toujours est-il, que ça défile, ça revendique, ça interpelle. Et pas que les médias, les patrons, les politiques, mais aussi les syndicats eux mêmes. Devant le laminage entrepris par Sarko & co, ça rue dans les brancards syndicaux. contre ce qu'il faut bien appeler la "grévite", cette maladie sournoise qui vous prend durant 24 H et vous laisse ensuite sur la grève comme un poisson mort, le regard vitreux et l'ouïe pas fraîche.
Contre la "grévite" de 24 H, le collectif "sauvons la grève" a lancé, voici plusieurs mois, un appel à signer un texte qui demande aux directions syndicales d'en finir avec ce bégaiement permanent. Le texte, déjà signé par plusieurs milliers de personnes de toutes sensibilités syndicales ou non syndiqués, fait le constat qu' "aucune grève de 24 h n'a permis au mouvement social de progresser". il s'inquiète de ce qu' "à force de faire semblant de faire grève, c'est à dire sans rien obtenir, on finit par discréditer celle-ci et donner raison à ceux qui n'y voient que le moyen d'emmerder le monde". Les signataires revendiquent donc des directions syndicales, des mots d'ordres clairs, des objectifs ciblés et une unité syndicale adaptée. Et surtout qu'elle arrête de tout décider à la place des salariés. L'allusion concerne toutes les directions mais plus précisément la CGT.
Le texte a en effet été publié début janvier dernier, soit après le mouvement des cheminots fin novembre pour conserver leur régime de retraite. La veille du mouvement, le leader syndical proposait dans le journal le Monde une concertation avec l'Elysée sur la manière dont se passerait l'alignement des cheminots sur les quarante annuités. Sans le dire, il cédait ainsi à la pression ambiante sur le thème, la grève des uns, c'est la galère des autres. Peu crédibles - il n 'y a que 8% de syndiqués en France, et encore pas tous à jours de cotisations - le pari de tous les syndicats, c'est désormais de ne pas apparaître comme des perturbateurs antipathiques. L'image compte plus que les raisons de l'action et les syndicats accompagnent les réformes plus qu'il ne s'y opposent tandis que les partis politiques de "gauche" - PS,PC, Verts - ne constituent pas une authentique alternative. Aucun ne parle de revenir aux 37, 5 annuités pour tous, scandées dans les manifestations de novembre décembre 95.
L'appel aux directions syndicales est en quelque sorte l'expression d'une défiance avant la rupture finale. Les signataires de "sauvons la grève" place en effet leur action dans leur sillage et non comme une démarche corporatiste ou anti syndicats. D'ailleurs ils se gardent bien de proposer des alternatives à la grève qui, rappelle le syndicat sud éducation Vaucluse est par définition "un blocage".
"'les scénaristes Etats-Uniens viennent (d'ailleurs) de gagner devant les majors de cinéma, après trois mois de grève, après avoir infligé des pertes considérables à l'industrie télévisuelle américaine. Il n'avait pourtant pas l'opinion publique avec eux. Les cheminots allemands viennent eux aussi de l'emporter après un conflit de 9 mois, ils ont obtenu 10% d'augmentation de salaire".
Pour sauver la grève, il faudra donc plus d'un anti-biotique, plus qu'un autre fonctionnement, il y faudrait aussi une volonté politique contre le renoncement à se laisser marcher sur les pieds par Sarko& co.