Il n’y a pas que l’Etat qui vole au secours des entreprises. La région Midi Pyrénées également. Son président Martin Malvy fait de l’interventionnisme régional un moyen de protection pour les PME de l’aéronautique qui sont en souffrance. Elle démontre ainsi que les Régions peuvent aussi jouer un rôle dans la crise actuelle.
Quand Airbus s’enrhume, c’est toute la filière qui tousse, car en général, le géant aéronautique demande des efforts à ses sous-traitants pour s’exonérer de choix coûteux pour son image de marque. Ainsi, depuis le plan d’économie Poewer 8, les sous-traitants de l’avionneur ont remercié des centaines de salariés intérimaires dont les contrats sont arrivés à terme. De Juin 2007 à Juin 2008, l’emploi intérimaire a ainsi baissé de 8% indiquait dans une récente stastistique la Direction Régionale de l’Emploi. Au total, il était prévu 5 mille suppressions de ce type d’emplois parmi les 500 sous-traitants d’Airbus. Elle devait également se regrouper pour obtenir des économies d’échelle et proposer au constructeur européen une plus forte capacité de production à moindre coût. Voire même délocaliser une partie de leurs activités dans les pays à main d’œuvre peu chère, ce que fait par exemple Latécoère dont 1.000 emplois seront délocalisés, dans les prochains mois, vers la Roumanie, la Tunisie, le Brésil et la République Tchèque. Depuis la crise financière est passée par là et amplifie les difficultés des PME dont l’avenir dépend d’Airbus.
C’est pour elles que le conseil régional Midi Pyrénées vient de concocter trois nouvelles mesures. La région veut ainsi prendre des participations dans certaines PME à travers deux fonds d’investissements : Midi Pyrénées Croissance et Aérofund 2. Il ne s’agit pas pour elle de co-gérer ses entreprises mais de les épauler dans leur développement. Elle créée également une plate forme financière pour les aider à accéder à un crédit qui se resserre. Enfin, la Région augmente sa participation au fond régional de garantie des emprunts. Midi Pyrénées n’a pas précisé le montant total de son investissement qui sera forcément conséquent puisque le budget régional destiné au développement des entreprises est déjà de 100 millions d’euros. La Région a également passé 30% de ses 400 « contrats d’appuis », depuis l’été 2007, avec des entreprises oeuvrant dans l’aéronautique.
L’objectif visé n’est pas que d’aider les entreprises à passer une mauvaise période. Il s’agit aussi de les inciter à se regrouper face au risque « d’internationalisation désordonnée aboutissant à l’effritement du tissu social », autrement dit, d’éviter par ce moyen la tentation de la délocalisation en zone dollar. Trois d’entre elles - Mécahers, Sogéclair, Cauquil - qui compte au total 700 salariés, viennent de décider de constituer des filiales communes. Eads cède, de son côté, la société Socata de Tarbes à l’entreprise Daher pour constituer un pole aérostatique solide.
Ce plan régional n’est pas le premier imaginé par la Région ou l’Etat pour soulager les entreprises sous-traitants d’Airbus. Entre 2000 et 2006, elle a investi 70 millions d’euros, plan Ader 1 aussitôt relayé par le plan Ader 2 centré sur le développement des matériaux composites. Au total, Midi Pyrénées a fourni 50 des 250 millions d’euros prévu dans ce plan financé aussi par l’Etat, l’Europe, les entreprises de recherche et les collectivités. De son côté, le gouvernement de Villepin débloquait 80 millions d’euros pour les PME en Novembre 2006.
Choyées, les PME devraient donc trouver l’argent frais dont elles ont besoin. Une des solutions serait aussi qu’Airbus paie ses sous-traitants en temps et en heure comme il s’y était engagé lors du plan Villepin. Aujourd’hui encore, certaines sociétés sous traitantes doivent attendre 200 jours avant de recevoir leur dû.