Grâce la TNT, il devrait y avoir 50 télés locales hertzienne et numérique en France d’ici la fin de l’année. 100 dés la fin 2009 contre un millier en Espagne. L’hexagone est donc largement en retard. C’est que Le pari technique est facile à atteindre, le pari économique beaucoup plus délicat. Dernière illustration, Télé Toulouse qui va supprimer 33 emplois sur 53 temps plein*
Depuis sa création en 1988, TLT n’a jamais fait de bénéfice. Son déficit a toujours été de plus ou moins un million d’euros par an, 1,3 millions d’euros en 2007 pour un budget de fonctionnement d‘environ 5 millions d‘euros. Pourtant, Télé Toulouse est un succès populaire. Elle revendique 500 mille téléspectateurs par semaine en produisant, conformément aux demandes du CSA, « douze heures de programmes frais par semaine ». Des programmes multi diffusés dans la journée et le week-end pour toucher un large public et ne pas délaisser l’antenne. De plus, TLT est également sur la TNT , ce qui a démultiplié son audience potentiel.Mais après 20 ans de fonctionnement, le succès économique n’est toujours pas au rendez vous. TLT a pourtant environ dix minutes de publicité par heure produite ainsi que des émissions sponsorisées. Mais l’équilibre, initialement prévu pour 2007, n’est toujours pas atteint. Dans ce contexte, les détenteurs du capital, la Caisse d’Epargne, la Dépêche du midi, les laboratoires pharmaceutiques Pierre Fabre, le groupe Lagardère sont favorables à limiter les coûts, ce qui passe, pour eux, par les suppressions de postes envisagés et provoque l’ire des syndicats pour qui « faire une télé avec 20 personnes dont des commerciaux, des techniciens, quelques journalistes et des administratifs, même une télé low cost est impossible » sauf à dénaturer le rôle de la télévision de proximité.En effet, toutes les télés locales jouent un rôle dans le lien social qu’elles tissent émission après émission en auscultant le fonctionnement de la vie locale au plus des préoccupations de ses téléspectateurs et en donnant la parole aux associations, aux leaders d’opinions, aux acteurs d’initiatives originales, etc. Toutes ont également des difficultés à trouver un viabilité économique. Ce qui sur le fond est un aveu d’échec. Début Octobre, en Île de France, « la région a (même) décidé de soutenir les médias audiovisuels, souvent précaires financièrement, qui contribuent à créer du lien social ». Les radios et télés locales vont ainsi pouvoir toucher jusqu’à 25 mille euros d’aides pour acquérir du matériel et passer notamment au numérique. Ailleurs, dans les deux Savoie, 8 Mont blanc a obtenu des deux départements, une aide à la diffusion d’autant plus nécessaires qu’avec la diffusion numérique ajoutée à la diffusion hertzienne, le budget diffusion des télés locales double sans que les recettes publicitaires ne suivent le même mouvement.
Aujourd’hui, Télé Toulouse, comme les autres télés locales, sont donc en quête d’un nouveau modèle économique. « Il nous faudrait une syndication des télés locales pour obtenir de la publicité nationale, intéresser les gros budgets. Collectivement, nous représentons plusieurs millions de téléspectateurs » plaide Pascal Pigeyre, responsable CFDT. Elle ne représente à ce jour que 2 à 3% des recettes. En Novembre 2007, TF1 a cependant déjà pris en charge via sa régie la vente d‘espace publicitaire sur une trentaine de télévisions locales. NRJ est entré dans la télé locale de Montpellier, et le groupe Hersant dispose de 7 télés. « Nous avons aussi des idées pour être encore plus animateur du débat politique local, en diffusant par exemple les séances plénières de la Région et du Département, de Toulouse agglomération en filmant les concerts, etc ». Mais pour l’instant, les élus observent la situation. Même la Mairie de Toulouse, plus gros contributeur publicitaire, qui détient 20% du capital de la Télé Toulouse. A ce jour, elle ne fait que déplorer « l’attitude des actionnaires » dont la Caisse d’Épargne, présente dans 13 télés locales et qui préside désormais aux destinées de TLT.
* au total, avec les pigistes, les cdd, TLT emploie 84 personnes.