Dans une société multiculturelle comme la notre, on respecte le droit à la différence. Cela dit, parce que nous ne sommes pas ignorants les uns des autres, l'expression de la différence dans l'espace public nous concerne tous. Ainsi en est il du port de la burqa ou du niqab.
A nouveau, on se pose les mêmes questions sans réponses. Les femmes qui le portent y sont-elles contraintes ou sont-elles consententes ? Dans le premier cas, il faut les aider. Dans le second cas, on ne peut rien faire pour elles. Bien sur, tout ceci est à nuancer. Le consentement peut s'obtenir par une pression du mari, du frère, du cousin, de l'iman. Et le fait de le revendiquer devant les étrangers est parfois un moyen de se réhabiliter à ses propres yeux alors qu'on est en réalité totalement nié. Généralement, les femmes, qui sont dans ce cas, affirment haut et fort qu'elles n'ont jamais été aussi libres que depuis qu'elles portent la burqua.
Une loi peut elle aider ces femmes ? Ses partisans pensent que oui. Ses opposants le redoutent. Ils expliquent, comme précédemment, que la loi risque de
Le communautarisme ? Plus on affiche de signes différencialistes, moins il devient possible de se recontrer. La burqa empéche physiquement
toute rencontre, pas seulement parce qu'on ne voit pas les yeux de son interlocutrice, mais parce qu'il est impossible à un homme de croiser cette femme et à cette femme de rencontrer d'autres femmes qui ne seraient pas d'accord avec sa pratique. Il y a donc bien durcissement autour de signes communautaires qui exclut celui qui ne les reconnait pas comme essentiel - c'est à dire faisant partie de l'essence, de l'identité même de celle qui les porte. Certes, on objectera que cela ne concerne que quelques femmes, mais il ne faut pas fermer les yeux sur une autre réalité. Les croyants musulmans ne dénoncent pas cette pratique. Ils l'a jugent juste excessive.
L'influence des intégristes salafistes ? Ceux qui sont en France pratique la Dawa, la prédication. Pour eux, la burqua est l'habit incontestable de toutes musulmanes sincères qui doit vivre dans la peur d'Allah et la soumission à son mari. Ils suivent, pensent-ils, à la lettre le Coran, les faits et dits du prophéte ( hadiths), etc. Pour eux, les textes sont à la fois la loi ( la norme) la voie (le chemin) et la foi (la croyance). Il n'y a rien à discuter, ni de l'interprétation ni de l'adaptation des textes à un contexte européen ou à notre siècle. La parole de Dieu est incrée, on ne l'amende pas. Au nom de ce principe, ils sont contre des médecins hommes pour soigner les femmes, contre la mixité homme femme dans les lieux publics, contre la mixité "ethnique" dans les écoles, etc... la pureté, c'est l'entre soi sans contestation possible. Cette pureté, c' est précisement un principe fasciste qui sert à hiérarchiser les humains. Les notres, les autres, les infidèles.
le ghetto ? Nos quartiers populaires sont trés souvent des quartiers de relégation. On les appelle communément les banlieues, le lieu des bannis. Pour beaucoup d'entre nous, ce sont des quartiers où nous n'allons jamais. On les aperçoit généralement à la télévision quand une émeute les met à la une de l'actualité. Homogène économiquement, culturellement, cultuellement, ils deviennent, qu'on ait peur du mot ou non, des ghettos. Et pour les femmes qui portent la burqua, ce sont de fait les seuls endroits fréquentables. Impossible pour elles d'aller en ville, de prendre le métro, ou un bus.
Que faire ? Personne n'a envie de réprimer, de passer pour ce qu'il n'est pas. Pourtant, il n'y a pas dix solutions. Il faut l'interdire pour de multiples raisons en plus de celles évoquées plus haut. Comment vérifier l'identité de quelqu'un dont on ne voit pas le visage ? Comment parler à l'école de l'éducation des enfants sans savoir à qui on parle? comment créer des liens quand ce qui prime dans l'échange, c'est votre appartenance "ethnique" ? etc.
Certains diront que le phénomène est marginal - la commission d'enquête sur cette question dira ce qu'il en est vraiment - et qu'il n 'y a pas de risque de contagion. Nulle ne peut en être certains. Le risque du relativisme à tout crin, c'est que demain, ce que nous accorderons aux islamo fascistes ne soient aussi revendiqués par nos propres extrémistes.