La Poste n'est pas encore privatisée mais elle a déjà pris le mauvais pli de certaines pratiques que le Conseil des prud'hommes d'Albi vient une nouvelle fois de sanctionner. Le service public est en effet condamné à verser à une factrice tarnaise la somme de vingt cinq mille euros de dommages et intérets et rattrapage de salaire. Il doit en plus réevaluer ses cotisations sécurité sociale et complémentaire afin de lui permettre de toucher une retraite décente. En quinze de travail, la plaignante, factrice à Carmaux a cumulé quelques centaines de contrats à durée déterminée en toute illégalité. Le jugement n'est pas pour surprendre Thomas Barba de la CGT. "la cour de cassation en 2007" dit-il " a déclaré illégale l'intermittence à la Poste par sept arrêts" tandis que l'avocat de la Poste regrette qu'une solution de conciliation n'ait pas permis une solution amiable.
En fait, ce n'est pas la première fois que la poste tarnaise est ainsi mise à l'index. A ce jour, soixante facteurs et salariés ont déjà obtenu de la Poste une réqualification de leur contrat et des sommes conséquentes de plusieurs milliers d'euros. A chaque fois, les plaignants ont vécu l'angoisse du salarié qui attend prés de son téléphone qu'on l'appelle pour travailler. A chaque fois, ils ont eu une multitude de contrats. Par exemple, Cendrine en a eu cent cinquante cinq, une factrice lotoise quatre cents dix huit, Jean luc facteur à Cabrerets cent quatre vingt huit, etc. Mais le cas le plus extrême fut celui de Christine Cros, employée comme remplacante par la Poste dans les bureaux de Gaillac et Massac. En dix neuf ans de travail, elle a cumulé cinq cent soixante quatorze contrats cdd - record de France du cdd - que la poste a du requalifier en contrat à durée indéterminée pour lui verser un rattrapage de salaire. A 58 ans, la postière était toujours à l'indice "employée débutante". Au tribunal, la Poste a d'ailleurs été condamnée, il y a deux ans, à lui verser soixante mille euros de dommages et intérêts.
La poste tarnaise est-elle le laboratoire de ce que la Poste nationale peut devenir en cas de privatisation ? Les syndicalistes tarnais ne sont pas loin de le penser.