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Billet de blog 20 juillet 2024

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Jean-Luc MELENCHON : l'adversaire numéro 1 de l'arrivée du NFP au pouvoir

Jean-Luc MELENCHON n'a t-il pas dès le soir du second tour, le 7 juillet, fait tout son possible pour rendre impossible l'arrivée au gouvernement du Nouveau Front Populaire et la mise en oeuvre de son programme ?

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Il convient, en premier lieu, de rappeler quelques principes constitutionnels et quelques réalités politiques. L'article 8 de la Constitution dispose que "le Président de la République nomme le Premier ministre". Cet article n'introduit aucune contrainte qui pèserait sur le Président de la République quant au choix du Premier ministre. S'il existe un usage, une coutume Républicaine qui veut que le Président de la République appelle à Matignon le chef de file ou, à tout le moins, un représentant de la formation ou de la coalition majoritaire à l'Assemblée Nationale après avoir remporté les élections législatives, cette pratique habituelle ne présente aucun caractère d'une obligation constitutionnelle. L'esprit présidentialiste de la Constitution de la Vème République  recommanderait d'ailleurs plutôt au Président de la République de choisir avant tout le Premier ministre sur un critère de convergence de vue avec le Président de la République. L'épée de Damoclès de la motion de censure est en fait la seule véritable limite à la liberté de choix octroyée par la Constitution au Président de la République quant à la désignation du Premier ministre. Certes, à trois reprises, en 1986, en 1993, et en 1997, nous sommes entrés en période de cohabitation, les Présidents MITTERRAND, en 1986 et 1993 et CHIRAC, en 1997, se résignant à appeler à Matignon le chef de la coalition victorieuse aux élections législatives-Jacques CHIRAC en 1986, pour la coalition RPR-UDF, Lionel JOSPIN en 1997, pour la gauche plurielle- ou l'homme de confiance de ce chef de coalition: Edouard BALLADUR, en 1993, en lieu et place de Jacques CHIRAC qui voulait se préserver pour la Présidentielle de 1995. Mais encore faut-il se souvenir qu'à ces trois dates, la coalition victorieuse aux élections législatives disposait de la majorité absolue en sièges à l'Assemblée Nationale. Le Président de la République ne pouvait donc politiquement refuser cette nomination car il n'y avait aucune majorité alternative. Aujourd'hui, la situation politique est complètement différente et inédite. Le NFP revendique la victoire mais cette victoire n'est reconnue par aucune autre force politique. C'est donc une victoire autoproclamée. En pratique, cette coalition ne dispose que d'un tiers des sièges. C'est certes plus que les partisans d'Emmanuel MACRON. Mais pour la première fois, sous la Vème République, une coalition opposée au Président de la République se retrouve en tête des coalitions, sans obtenir de majorité absolue. Cette majorité absolue est d'ailleurs très loin, il manque une centaine de sièges pour l'atteindre, rien de moins. En 2022, certes il n'y avait pas non plus de majorité absolue pour les vainqueurs macronistes mais ils en étaient tout de même beaucoup plus proches. Surtout, cette majorité relative était celle des partisans du Président de la République qui n'avait donc aucun intérêt à la contourner. Cette fois-ci, la possibilité même bancale de contourner la majorité relative du NFP existe pour Emmanuel MACRON, à la condition d'ajouter les votes des élus LR et divers droite aux votes des élus officiellement macronistes. La réélection de Madame BRAUN-PIVET à la Présidence de l'Assemblée en est l'illustration. En conséquence, la seule voie qui existait pour le NFP ( existe t-elle encore ?) pour accéder au pouvoir était celle de la conciliation, du compromis, du pacte, de l'entente avec Emmanuel MACRON et ses partisans. Le PS a d'ailleurs timidement tenté d'emprunter cette voie en proposant depuis le nom de Madame TUBIANA pour Matignon. Mais Jean-Luc MELENCHON a fait tout le contraire et persiste dans sa voie: exigence d'un premier ministre LFI, application de tout le programme et rien que le programme du NFP. Il n'y a absolument aucune chance pour que cela soit accepté par Emmanuel MACRON, même s'il y avait des millions de personnes dans la rue. Comment un homme aussi avisé que Jean-Luc MELENCHON peut-il ignorer cette impossibilité absolue ? Je me suis mis à imaginer ce qui se passerait si Jean-Luc MELENCHON et ses amis de LFI voulaient effaroucher et rebuter Emmanuel MACRON pour être absolument certains que le NFP ne soit pas appelé à gouverner le pays par Emmanuel MACRON? Que feraient MELENCHON et ses amis s'ils voulaient être absolument sûrs de rester dans l'opposition, la protestation, l'incantation ? Rien d'autre, rien de plus, rien de moins que ce qu'ils font depuis le 7 Juillet.

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