En 2020, le rapport annuel de l’OIM dresse un bilan des migrations internationales dans le monde. Il se base sur l’analyse du nombre de personnes ayant quitté leur pays d’origine pour résider dans un autre pays sur une durée supérieure ou égale à un an. Six grandes régions sont concernées par ces migrations internationales : l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Amérique Latine et Caraïbes, l’Asie, l’Afrique et l’Océanie. Selon ces données, les mouvements humains dans le monde s’effectuent, dans la majeure partie des cas, vers une région proche géographiquement.
Des raisons économiques, culturelles et géographiques
La principale raison évoquée est celle du coût élevé du déplacement hors frontières. La migration internationale implique de longues distances et des frais de transport. Les restrictions d’accès imposées par les politiques migratoires constituent également un facteur. Seules les personnes ayant des moyens financiers élevés ou des compétences professionnelles recherchées prennent l’initiative de partir dans une autre région du monde.
Les migrants s’orientent principalement vers des territoires qui ont une proximité géographique, mais aussi historique, linguistique et culturelle avec leur territoire d’origine. Les États-Unis ont par exemple un espace migratoire régional en commun avec le Mexique et l’Amérique centrale. En Amérique du Sud, des pays comme le Chili, l’Argentine ou le Vénézuela accueillent des migrants venant des pays limitrophes (Bolivie, Pérou, Équateur, Honduras…).
Une régionalisation de la migration
La régionalisation correspond au phénomène de déplacements des migrants dans une même région. Les migrants constituent des espaces et des réseaux, qualifiés d’« espaces migratoires régionaux », dans lesquels ils entretiennent des liens historiques, linguistiques et culturels de proximité.
Dans certaines régions, les migrants ont créé une « identité régionale ». En Russie notamment, qui, depuis la dislocation de l’URSS en 1991, attire par ses ressources naturelles, la main d’œuvre des anciennes républiques soviétiques (Ouzbékistan, Kazakhstan, Tadjikistan). Celles-ci, devenues indépendantes, ont conservé un lien fort avec la culture russe.
Au sein d’une même région, il peut également y avoir des complémentarités qui s’organisent entre des zones d’accueil et des zones de départ. Certains pays sont en effet devenus des pôles d’attraction pour les nouvelles mobilités. Les pays pétroliers du Golfe, par exemple, qui ont des besoins importants en main d’œuvre, attirent des travailleurs du Maghreb, du Proche-Orient et de la Corne de l’Afrique. De leur côté, les pays arabes constituent des pays d’accueil pour les migrants provenant du Golfe Arabo-Persique. En 2015, l’Égypte a fourni de l’aide à près de trois mille personnes originaires du Yémen.
Aurélien Moreau, Bpi
Plus d'articles sur le cycle de conférences « Migrants, réfugiés, exilés » à lire sur Balises, le magazine de la Bibliothèque publique d'information.

Agrandissement : Illustration 1

