L'injustice a tellement de visages différents qu'on ne sait plus vraiment s'il y a autre chose à vivre dans ce pays dont on vous a confié les clés !...
Nous ne nous connaissons pas.
Pourtant je fais partie de ces gens qui n'ont rien et qui composent « de plus en plus » le peuple de ce pays.
A ce titre, aujourd'hui plus qu'hier, je me permets de parler plus fort que les autres car j'ai le cœur qui saigne « de plus en plus » face à cette banalisation de l'injustice.
Et puis, qu'aurais je de plus à perdre à vous faire part de ce sentiment puisque je n'ai rien d'autre à partager?
C'est une façon d'exprimer ce droit à l'existence qui figure en toutes lettres dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, pilier du bloc de constitutionnalité française et que notre société a « de plus en plus » de mal à reconnaître.
Oui, les cris de la misère de vivre sont si nombreux dans ce pays que vous ne les entendez peut être même plus dans ce brouhaha grandissant de détresse !
Mais derrière chaque cri, il y a un être humain qui vit mal...
Parmi ces cris,il y a ceux des Sans Abri !
Des cris qui, par la force des choses, n'ont PLUS les moyens de se faire entendre, au propre comme au figuré...
Des cris sans voix donc qui ne vous interpellent pas plus que ça au vu de l'inertie sociale qui, de toute évidence, y fait réponse.
De deux choses l'une :
Soit vous êtes l'incarnation personnifiée du mépris à l'égard des Sans Domicile Fixe et en cela résiderait une volonté « criminelle » de résoudre la question « SDF » par une « indifférence » sinistrement calculée!
En effet, si l'on considère les 6730 morts de la rue que la France a enregistré en trois ans, laisser faire les choses et ne pas réagir pour stopper l'hémorragie resterait à la longue une solution quelque peu sordide d'éradiquer le problème !
Soit vous êtes atteint par le syndrome de « surdité sociale » et vous l'ignorez. Auquel cas, il faudrait envisager de consulter au plus vite si vous ne voulez pas être surpris par des effets secondaires venus de l'incompétence qui remettrait en cause votre légitimité à conserver la gestion de ce pays...
Dans l'attente que vous envisagiez d'y remédier et vous éviter quelques surprises..., Je fais l'effort de vous proposer une alternative de communication : L'écrit.
Parce qu'il est grand temps que vous « entendiez » ce qui se passe du coté du peuple avant que cela explose de partout tant cela gronde dans les couloirs de la colère...
Des citoyens s'efforcent à rentrer comme il se doit dans le « moule » pour rester dans le droit chemin, mais au final, leurs efforts pour vivre décemment ne suffisent pas !
Voici, entre autres, un des messages que le 115 Du Particulier a reçu le 4 juin 2016 sur site : http://www.le-115-du-particulier.fr/
Contexte : Demande de mise à l'abri
« JE RECHERCHE UN TOIT POUR MA FAMILLE
Je suis marié et nous avons deux enfants de 14 et 10 ans,je travail mon épouse non,nous sommes sans domicile depuis plus de deux mois maintenant,j arrive a prendre des nuits a l’hôtel mais pas tout les jours car mon salaire y passe très vite malheureusement,j'ai appelé les Mairies qui m'ont dit d'appeler le 115(service public) difficile a avoir est quand j'y arrive c'est toujours désolé pas de place,je peux comprendre qu'il soit débordé ou autre mais quand même.
A l'aide !!!
Cordialement.
David »
Le 115 Du Particulier qui essaye de coordonner depuis plus de quatre ans l'accueil des Sans Abri par des particuliers, est chaque jour « de plus en plus » submergé par ce genre de messages que nous avons « de plus en plus » de mal à satisfaire.
Notre désarroi s’accroît au rythme de l'impuissance à ne pas pouvoir aider suffisamment et notre colère n'a de cesse devant l'inaction de l'état !
Alors que ce même état « contraint » le peuple à observer les règles d'une société dans laquelle il a, force est de le constater « de moins en moins » de place, donc de moins en moins d'intérêt à composer dans le sens souhaité faute de bien être ELEMENTAIRE.
Rappelons ces règles : Pour vivre honnêtement, il faut bosser. Le boulot permettrait en théorie d'obtenir l'essentiel, soit de quoi manger, un toit, de quoi se vêtir, de se laver, enfin toutes ces choses qui facilitent la vie.
Sauf que pour David, ce n'est pas le cas, et ce, malgré sa « SOUMISSION » réclamée par le système !
Cette situation n'en est que plus dramatique puisque SA petite famille y est entraînée malgré elle et en subit de plein fouet les conséquences !
Se retrouver à la rue avec sa famille alors qu'on bosse, est-cela l'avenir de cette famille ?
Cette situation n'a rien d'extraordinaire puisqu'un SDF sur quatre travaille,en France !
Reprenons : A quoi ça sert de bosser si on ne peut pas subvenir à l'essentiel pour vivre ?
Que l'on m'ôte le doute de croire qu'il serait préférable de tronquer son outil de travail, qui ne permet pas d'avoir un toit et de bouffer tous les jours, contre un fusil d’assaut pour aller braquer une banque...
En effet, dans le meilleur des cas, le braqueur profiterait de son larcin ! Et dans le pire, il irait en prison où il aurait un toit et à bouffer tous les jours !
Je n'essaye pas de légitimer le crime, mais ce raccourci mériterait votre ATTENTION Monsieur le Président, car la Fondation Abbé Pierre relève dans son dernier rapport 2016 prés de 894 500 personnes privées de domicile personnel, donc un quart de ces personnes seraient susceptibles de travailler...
Imaginons que ce quart réagissent de la sorte ?
Ne pourrait on pas y déceler un risque de forte augmentation de la délinquance ?
Le 115 Du Particulier, faute de mieux à proposer, va accueillir David et sa petite famille dans sa communauté de Villebéon le temps de trouver mieux. Mais cette mise à l'abri qui répond à une assistance à personnes en danger, et notamment deux enfants scolarisés qui n'ont rien demandé à la vie, sauf de vivre comme tout le monde, ne peut être que transitoire, car notre structure n'est pas conçue pour y faire garderie.
Par conséquent, Monsieur le Président, je vous demanderais de prendre acte et de considérer cette situation comme inacceptable au nom du Peuple Français dont je fais partie et au regard des règles républicaines qui le bordent juridiquement et dont vous êtes le garant national.
Des règles que nous rappelons avec simplicité :
Article L345-2-2 (code de l’action sociale) « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. Cet hébergement d’urgence doit lui permettre, dans des conditions d’accueil conformes à la dignité de la personne humaine, de bénéficier de prestations assurant le gîte, le couvert et l’hygiène, … »
Article L345-2-3 : « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation. » Loi de réquisition des logements vacants :
Article L641-1 (code de la construction) : « Sur proposition du service municipal du logement et après avis du maire, le représentant de l’Etat dans le département peut procéder, par voie de réquisition, pour une durée maximum d’un an renouvelable, à la prise de possession partielle ou totale des locaux à usage d’habitation vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés, en vue de les attribuer aux personnes mentionnées à l’article L. 641-2. »
et tel que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme peut le traduire
dans son article 25 :
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme
Article 25. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
Brann du Senon
Fondateur du 115 Du Particulier
Billet de blog 5 juin 2016
LETTRE OUVERTE à Monsieur le Président de cette France en larmes
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