Rien n'est plus abjecte que de traverser la vie sans savoir vraiment où l'on va ?
Rien à quoi se rattacher sauf l'espoir de vivre autre chose que l'errance sur fond de persécution qui remet en cause les fondements mêmes de la vie...
Inlassablement traqués, chassés, déplacés, bougés dans les incertitudes de la survie...
Là, sur ce bout de terre, des enfants, des femmes et des hommes dont on cherche à museler l'existence aux portes de l'inadmissible...
Allant jusqu'à remettre en cause le simple droit de respirer comme tout le monde...
Condamnés à n'être vus que par l'inhumanité au nom de ce monde qui se dessine dans l'exclusion pour qu'une poignée d'ordures s'y épanouissent, eux, et ce, dans la plus parfaite insolence du mépris !
Je n'ai pas la force de fermer les yeux sur les violences que me renvoient le miroir de cette injustice !
Et la haine que peut susciter de plus en plus souvent l'impuissance, se réfléchit en légitime raison parce que je ne pourrais jamais me résoudre à la taire !
Même si le temps se joue de l'espoir par l'égoïsme, permettez moi encore cette naïveté de croire que la haine ne deviendra pas le dernier soubresaut du cœur...
Ce voyage à Calais fut long, très long...
On a beau être habitué à la misère...
C'est bien dans son antre que l'on arrive...
Première étape :
Une grande usine désaffectée et délabrée nous accueille.
Peter, Mary, Sylv', François et plein d'autres nous donnent la main pour vider nos camions.
Encore une fois, ce n'est pas l'état français, soit nos impôts, qui en financent l'existence !
Et 100 % des gens qui « s'y donnent » viennent des quatre coins du monde, dont une majorité d'ANGLAIS !
La plupart des dons viennent également du monde entier et très peu de France proportionnellement !
L'usine fleure le vieux, l'usagé, la seconde vie...
Des riens, des rebuts, en fait, qui ne devraient plus exister, interceptés avant la benne et destinés à des gens privés de reconnaissance sociale... Donc du même monde, celui qui ne figure sur aucune carte... de séjour ou terrestre...
Celui là même où s'organise la survie au nom de l'instinct !...
Seuls éléments neufs restés dans les camions : Cinq tableaux d'école que nous a offert Mr Dubois.
D'ailleurs, Peter nous a programmé une distribution de fournitures scolaires aux six écoles de la Jungle. Nous voilà à recharger les camions en crayons, cahiers, livres et jouets.
Au bout, restaurer le droit d'apprendre...
Seconde étape :
Après un casse croûte « manouche », direction la Jungle...
Peter nous sert de guide...
J'ai bien pris quelques images « anonymes » pour le fun...
Mais je ne me résous pas à violer « ces » vies...
Entre les bidonvilles de mon enfance et ceux là, le génie de la débrouille !
Par contre la détresse y farde toujours les êtres...
Et nous sommes bien ici pour briser l'omerta politique à laquelle on veut LES soumettre dans un véritable crime contre l'humanité...
Les droits de l'homme doivent sonner le glas de la mort du silence !
Rappelons le ensemble pour que demain ressemble à la vraie vie