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Mardi 25 octobre 2016 à 10 h 30
Le standard du 115 Du Particulier bat son plein à quelques jours de la trêve hivernale…
Période de l'année où l'on encence l'épuration sociale par l'intensification des expulsions locatives !
« Bonjour, ici la Gendarmerie Nationale de Lorrez le Bocage 77, nous sommes en train de procéder à l'expulsion de Mickael D. sur la commune de Voulx 77 et ce Monsieur va se retrouver à la rue. Bien que nous nous soyons adressés au 115 départemental et autres structures, il n'y a pas de place pour lui. Pourriez vous l'accueillir dans votre communauté ? »
En mars 2014, alors que Mickael bossait dans une grosse boite de services en CDI, Il est cueilli par une phlébite qui déclenche une embolie pulmonaire le conduisant aux urgences de l'hôpital de Nemours.
Arrêt maladie instantané, soins intensifs : Soudain le monde s'écroulait autour de lui et sa vie bascula dans l'inconnu...
Mickael est un homme ordinaire pas du tout habitué à mettre un genou à terre et encore moins aguerri à la complexité des vicissitudes administratives françaises.
Pas simple d'être tributaire, du jour au lendemain, sans mode d'emploi réel, du système, des services publics, des autres quoi, avec son lot de portes qui ne s'ouvrent pas facilement faute d'être informé correctement...
Mickael se tape la tête contre les murs de services sociaux dont les rouages se complaisent dans le dysfonctionnement et l'incohérence, soit dans une machine à exclure aveugle et sourde.
Résultat : En juin 2015, Mickael est licencié, malgré sa pseudo couverture sociale !
Il se passe un an sans qu'il obtienne la moindre ressource !
D'un papier qui manque pour telle démarche et d'un autre pour ouvrir tel ou tel droit, la précarité s'installe impitoyablement dans l'existence de Mickael, tant est si bien qu'il ne peut plus payer son, loyer !
Les dettes s'accumulent…
J'entends d'ici les ceux et ceusses qui scanderaient : Il fallait faire çi, ou ça.
Sauf que les « si » et les « mais » sont faciles quand on se contente de les crier après coup !
Ils étaient où ces biens pensants au moment où cela commençait à ne plus aller ?
Malgré la loi qui l'encadre (articles L345-2-2 et L345-2-3 du code social) et en l'absence de fond de commerce, l'action sociale venait de le pousser à la rue…
Cette rue où on ne se lave plus !
Cette rue qui t'accueille dans ses addictions et ses prédations…
Cette rue où l'on ne mange plus à sa faim, qui te fragilise et qui ronge le peu de santé qui reste jusqu'au déséquilibre immunitaire…
Cette rue qui te met à poil !
Cette rue qui t'isole jusqu'à la non reconnaissance des autres…
Cette rue qui pue l'exclusion jusqu'au trognon de l'égoïsme !
Cette rue qui met les personnes en danger…
Cette rue avec ses 6730 morts en trois ans en France…
Ce mardi 25 octobre 2016, vers 13 h, le Village du 115 Du Particulier basé à Villebéon 77, communauté « maquisarde » faite de tout et de rien implantée dans un terrain privé, qui bouscule la bienséance de l'égoïsme sociétal et des règles administratives les plus stériles, composée de caravanes de récup', avec un réfectoire de fortune, un bloc sanitaire pourvu d'une douche collective, avançant depuis quatre ans et demi sans subvention D'ETAT et qui survit grâce aux poubelles de la société, ayant pour leitmotiv l'assistance à personneS mise en danger de mort par le système…
Cette communauté animée par le partage...
Et bien ce petit coin de terre dont l'équilibre est fragilisé par l'élu local à qui ON NE COÛTE RIEN !
Cette communauté qui ne figure pas OFFICIELLEMENT dans les tablettes de l'action sociale, offrant le toit, la bouffe, l'hygiène et l'accompagnement au retour à la dignité, ce fameux dû républicain pourtant bordé juridiquement, soit la citoyenneté en somme...
Tout en rappelant que 70 % des gens accueillis dans notre structure nous sont envoyés par des travailleurs sociaux !
Et maintenant par la gendarmerie…
Et bien, le Village accueillait Mickael !
Bienvenue chez Toi
Brann du Senon