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Billet de blog 5 mars 2024

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LA DERNIERE TRAQUE, par Georges-Patrick Gleize

Une parlante illustration de ce qu’est le poison de l’espionnite aigüe, ses délires, ses excès et sa violence.

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LA DERNIÈRE TRAQUE,

par Georges-Patrick Gleize.

 Tout part d’un ordinateur déposé aux rebuts par on ne sait qui. Une trouvaille pas tout à fait dans les clous qui fait l’affaire de Xavier Lacoste. Sa compagne, Sandy n’apprécie guère l’arrivée dans son espace de vie d’une machine issue de la décharge.

Comment ce jeune couple pourrait-il soupçonner que cet ordinateur deviendra en très peu de temps la cause unique d’une avalanche de tracas et de menaces propres à bouleverser sa vie ? Voire pire… Une cause unique, certes. Mais pas sans origine… Et celle-ci restera longtemps aussi mystérieuse que tyrannique, quand ce ne sera pas mortifère. Des malfrats s’obstinent dangereusement à suivre leurs moindres traces.

De nouvelles flèches à l’arc de l’auteur.

Longtemps auteur à succès de sagas familiales brillamment composées et enracinées dans le terroir, voici que, depuis quelques années, Georges-Patrick Gleize signe des thrillers ayant pour cadre des terroirs qu’il connaît de l’intérieur, des Pyrénées à l’Auvergne. Sa langue est robuste, élégante et d’une limpidité cristaline, classique parfois, avec un allant naturel et imagé.

Dans « La Dernière Traque, » le mouvement des générations a fait place aux mouvements effrénés d’une course contre la montre, qui devient rapidement une course-poursuite haletante, à laquelle aucun lecteur ne peut rester insensible.

Les enjeux sont d’une importance vitale pour Xavier et Sandy. Une question hante le lecteur : seront-ils en capacité de faire face à la violence extrême orchestrée de loin par un réseau d’espionnage pyramidal truffé d’éléments mafieux ? Corse, Marseillais et Russes n’en sont pas absents. Un certain Donnadieu disparaît mystérieusement. Épiphénomène ou cœur de l’affaire ?

L’insupportable ignorance de l’origine du danger

 Si Xavier et Sandy finissent par comprendre qu’ils doivent craindre pour leur vie, ils peineront longtemps à identifier la vraie raison de cette obsédante menace. Raison qui est bien sûr une très mauvaise raison. Car enfin, que peut-on reprocher à Xavier et Sandy ? Pourquoi des individus sans autre loi que la crasse violence ont-ils commencé par dévaster l’appartement de ce couple tranquille et sans histoires ?

Le thriller se déploie sur plusieurs lieux, dans des univers socioculturels successifs très contrastés. Disons entre le millas et le caviar ou de la Peugeot 307 à la grosse BMW. Cela amplifie encore les antagonismes et la tension qu’il nous fait vivre, tout en offrant une parlante illustration de ce qu’est le poison de l’espionnite aigüe, ses délires, ses excès et sa violence.

Une irrésistible mobilité narrative

De Toulouse, l’action se déplace brusquement vers la Haute-Ariège en son sud-est, une région à la nature exaltante, dont c’est peu dire que l’auteur la connaît bien. On ne dira rien du troisième volet géographique de la dynamique composition romanesque imaginée par Georges-Patrick Gleize.

En Haute-Ariège, le lecteur rencontre une microsociété montagnarde aussi peu homogène que pourtant reconnaissable. Ces habitants du bout du monde auront vite fait de gagner son estime, tant leur détermination et leur courage exemplaires alimenteront avec esprit et vivacité le moteur du récit.

L’auteur réussit à nous préserver de la confusion qui règne peu à peu chez les uns et les autres, surtout chez les méchants. Lecteurs, nous conservons une vue d’ensemble plongeante sur ce vaste paysage romanesque. En cela, la petite communauté rurale d’Ariège sera peut-être la plus lucide de tous. Est-ce un hasard ?

Dans ce savoureux cocktail de terroir et d’espionnage le personnage de Simone nous comble d’un plaisir admiratif. Malgré les ans, elle n’hésite pas à s’engager totalement dans la neutralisation plus ou moins douce de ceux qui voudraient nuire au gentil couple.

Pierre-Jean Brassac.

La Dernière Traque, Georges-Patrick Gleize, Calman-Lévy, 321 pages, 19,90 €

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