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Billet de blog 25 mars 2020

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BLEU PYRENE, UN ROMAN DE DENISE DEJEAN

Destin de femmes et éloge de la vie simple

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Bleu Pyrène, un roman de Denise Déjean

Dans son petit village pyrénéen des Souleilles, Mimi est sous le charme de la Maison Bleue, voisine de l’habitation familiale, où vit un couple étrange. Jacques, son frère aîné, serait-il épris de la femme que les autres enfants surnomment Miss Plumcake ?

Trente ans plus tard, la narratrice du roman, Mimi, la petite dernière de la fratrie, rumine sa douleur. Ses parents, Amélie et Gilbert, ont disparu voici peu dans un accident de voiture. Comble de malheur : son compagnon, Lucas, la met à la porte deux semaines plus tard parce qu’il ne supporte pas ses larmes.

Mimi revient dans la maison où ont vécu ses parents, celle de son enfance, maintenant maison de vacances pour les héritiers dont elle est. La famille de rester unie contre les intempéries affectives.

Dans le souvenir que Mimi cultive de sa mère, se glisse celui de l’élégante et mystérieuse voisine, cette mystérieuse Miss Plumcake qui suscite toutes les spéculations.

Écrit dans une langue limpide et alerte, le récit nous entraîne dans un décor naturel d’où émanent les arômes de l’authentique.

Trente ans après, Mimi se souvient de son milieu d’origine, modeste mais riche de simplicité et d’une saine poésie de la nature. Le roman que nous livre Denise Déjean se lit aussi comme un éloge de la vie simple. Des bonds incessants, de 1965 à 1995 et retour, créent une dynamique narrative réussie. La forme choisie par l’auteure confère au récit son allant et sa vivacité. Alternant passages bon enfant et épisodes dramatiques, ce roman explore l’hypogée des sentiments humains.

Mimi est devenue institutrice ; elle cultive sa solitude et commence à en goûter les bienfaits. En présence de sa famille elle a cependant « mal à sa différence » de femme seule.

Elle rencontre un artiste peintre, le charmant Valentin, un temps l’homme idéal, qui l’attire vivement, jusqu’au moment où elle se remémore l’autre homme, celui qui l’a éjectée. Elle hésite.

Dans ce récit, les hommes sont rarement à la hauteur, au point « qu’ils trébuchent non pas sur les montagnes, mais sur les taupinières, » nous rappelle Mimi adulte. Pour un peu, on périphraserait ici Aragon : L’avenir de la femme est… la femme. L’homme aurait-il démissionné ? Cela n’empêche pas la narratrice de poser un regard de tolérance et de bonté sur ceux qui l’entourent. Richesse du cœur, trésor de l’enfance.

Trois décennies plus tard, dans cette maison de vacances, il y a ses frères, mais aussi sa belle-sœur, cette Josiane adjudantesque qui entend régenter la maisonnée au grand dam de Mimi éprise plus que jamais de liberté.

Heureusement, le ‘merveilleux’ Valentin pointe de nouveau le bout de son nez, déchaînant les ardeurs et exultations de Mimi.

Et toujours et encore cette Miss Plumcake qui intrigue les uns et les autres au passé et au présent. Quel fut son rôle ? Aurait-elle attiré les convoitises du père de Mimi. Et pourquoi a-t-elle disparu du jour au lendemain ? Et quelle était sa vie, flanquée de cet étrange mari, peintre lui aussi ?

L’effervescence du roman se dégage d’une cascade de trouvailles littéraires et de finesses dramaturgiques. Formidable trouvaille et fil conducteur aussi, ce Bleu Pyrène qui donne son titre au roman. On ne peut en dire plus… Il faut lire ce livre qui fait du bien, tout émaillé qu’il est d’espoir et de leçons de vie. C’est peu dire que l’on aime sa chute aussi inattendue que réjouissante.

Pierre-Jean Brassac

Denise Déjean, Bleu Pyrène, Éditions Élan Sud, 2019.

186 pages, 16 €

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