« Je hais les dimanches » chantait Barbara sur des paroles de Charles Aznavour. Moi, je hais ce dimanche 7 mai 2017. Non par désœuvrement, par lassitude ou par ennui ; par dégoût. Nos pères, nos aînés, nous-mêmes, de 1791 à 2007 nous nous sommes battus pour ouvrir et enrichir ce droit précieux en démocratie qu’est le vote : faire de l’homme un citoyen éclairé, libre de ses opinions et de ses actes. Une personne digne qui choisit en conscience le chemin lui paraissant le meilleur. Un engagement audacieux pour l’avenir. Son geste, quand il vote, est comparable à celui de l’architecte qui trace des perspectives. Pas celui du renégat qui se convertit en déclarant « Paris vaut bien une messe », pas celui qui harangue la tempête pour qu’elle se calme, pas non plus celui de l’opprimé qui se résigne à la soumission pour atténuer ses souffrances.
Le vote mérite respect. Le détourner, le fourvoyer, le corrompre, c’est le réduire, l’anesthésier. Quelque part une insulte à son histoire.
Dimanche, je ne souillerai pas ma conscience, je ne tricherai pas avec le futur. Je ne répondrai pas aux consignes de la pensée unique qui veut me tordre les doigts, violer ma raison. Je resterai debout, le poing levé.
Je hais ce dimanche blafard. Heureusement, à l’heure du crépuscule, tout l’or du ciel se reflètera dans mes yeux: « Chez moi, un jour, j'ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois. Tu sais, quand on est tellement triste, on aime les couchers de soleil ».Le petit prince de Saint Exupéry.