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Billet de blog 11 février 2016

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L'Europe, tu veux ou tu veux pas ?

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Varoufakis a snobé le « PLAN B » européen de Mélenchon. Et Mélenchon sera absent au lancement du mouvement, lui aussi européen, de Varoufakis, le DIEM 25. La pomme de discorde, c'est l'Europe et plus précisément les projets des deux hommes concernant la place des pays dans l'avenir politique du continent. On ne peut comprendre ce constat de divergence sans connaître la culture de ces poids lourds de la politique, culture fortement imprégnée de l'histoire respective des deux pays. Car l'histoire forge les hommes qui la traversent, qui la contournent, qui la transforment. Et ceux qui en héritent.

La Grèce est depuis des siècles géopolitiquement fragile. Longtemps sous domination byzantine puis ottomane, la Grèce moderne ne se libère des ottomans que dans le 1er tiers du XIXème siècle, mais pour subir la xénocratie (comme actuellement d'ailleurs) imposée par l'Angletrre et la France ; c'est à dire un tutorat politique intransigeant. Après une monarchie importée, une dictature – celle des colonels – de 1967 à 1974, le pays redécouvre enfin la démocratie enfouie depuis l'antiquité. Quatre décennies de respiration, rien de plus. Et toujours une situation inconfortable : le voisin turc grogne toujours, la Russie n'est pas indifférente à ce secteur d'influence potentielle et l'Europe tient à garder le pays sous un protectorat de fait. Alors, quand Varoufakis le grec prétend pouloir transformer l'Europe de l'intérieur, on peut le comprendre. Rester dans l'Union relève d'une situation qui est loin d'être idyllique mais qui en tous cas protège quelque peu. La laisse est inconfortable, mais l'aventure solitaire au milieu des loups environnants calme vite certaines ambitions.

Pour Mélenchon, son bagage historique est tout autre . La France est un pays puissant et riche, quoi qu'en disent les déclinistes. Il s'est imposé dans l'Europe et dans le monde depuis la monarchie absolue. La Révolution de 89 s'invite encore dans les débats, infiltre les projets. Si l'Acropole grec est un – exceptionnel – vestige et témoin de l'antiquité grecque donné en pâture aux touristes, le Panthéon français reste, si j'ose le paradoxe, bien vivant. La France sait et peut, quand il le faut, taper du poing sur la table. Pour garantir sa culture et son indépendance. Ainsi ce que De Gaulle a su faire avec l'OTAN, Mélenchon peut aussi le faire avec les traités éreintant l'Europe. Et comme cette dernière est devenue un ogre qui croque ses propres enfants, le choix d'une table rase pour construire un nouvel édifice solidaire, social et humain est tout à fait cohérent. Parce que la France peut se permettre de donner de la voix quand la Grèce reste, hélas, contrainte à « négocier ».

les deux hommes, d'envergure et de valeur, se retrouvent par ailleurs sur les constats, les valeurs et les projets que nous devrons collectivement mettre en œuvre pour appliquer la généreuse formule « l'humain d'abord ».

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