C’est quoi, l’Espagne actuelle ? Une nation à l’image de la France ? Non. Un état fédéral comme l’Allemagne ? Pas vraiment non plus. Une fédération de nations ? Ca y ressemble. Mais aussi une mosaïque de langues régionales souvent en concurrence avec le castillan, langue officielle. Ajoutons à cela une monarchie dessinée par Franco et dont le successeur obligé est Rajoy. Une paella politique, pour faire simple.
Alors, la question de l’indépendance de la Catalogne n’a pas dut tout le même sens ni la même portée que chez nous, les gaulois réunis sous la protection du chef vénéré, qu’il soit roi ou monarque républicain. Ce qui explique que nos corses indépendantistes ne sont en rien frères des catalans. Les nôtres seront indépendantistes jusqu’au jour où il faudra bien choisir entre l’état français et la sécession. Ce jour-là, il y a fort à parier que nos insulaires se recycleront en autonomistes. C’est quand même plus confortable de gagner son émancipation tout en gardant la carte bancaire de papa ou maman que de s’affranchir et de gagner sa vie à la sueur du front.
Mais revenons à nos foutus catalans. Qui a gagné les élections de décembre ? Ce qui est sûr, c’est que le 1er ministre espagnol les a perdues, tout comme son Parti Impopulaire, et en profondeur. Un de Gaulle à la même place serait déjà rentré chez lui à Paloma las dos iglesias. Mais il va rester, lui, car le gaspacho en vaut la peine. Qui a gagné disions-nous ? Les indépendantistes avec 70 sièges leur donnant la majorité absolue au parlement ? Peut-être, mais on n’augure rien de durable d’un mariage à trois entre la carpe, le lapin et une alouette. Ciudadanos, 1ère force politique régionale ? On peut le chanter, sur un air de paso doble endiablé. Mais ça ne fait pas une victoire avec 1/3 des sièges. Les unionistes, comme on dit, bien que le terme ne reflète nullement la culture historique du pays (plutôt les monarchistes traditionalistes coalisés) ?. Ben non, et même pas en termes de voix. Oser dire 48 % pour les indépendantistes et 51 % (et 1 % de perdus?) pour les unionistes est une arnaque : Podemos reste assis entre deux chaises avec ses 8 élus. Le « ni ni » cher à Mitterrand les laisse à terre entre le trône madrilène et le transat de la Costa Brava. Ou faiseurs de roi – pardon de président peut-être.
En clair, ce n’est pas clair du tout. La table étant desservie, l’Espagne va sentir passer le chorizo épicé ; les mariés catalans d’un jour vont commencer leur lune de fiel. l’Europe va continuer à prouter mais risque le pet foireux.
Heureusement, nous on a Macron. Plaise à Dieu qu’il organise, en guide jupitérien, une conférence des nations en gare de Perpignan, le centre du monde à l’échelle de sa pompe, pour éclairer de sa splendeur le peuple des vachettes égarées.