Le poids de mon éducation me fait respecter, ne fut-ce qu’un moment, les traditions et donc les hommages funèbres. Mais au moins et même si, dans l’histoire ou dans la littérature, ces déclarations ont pu être passablement faux-culs, certaines avaient de la classe. D’un autre niveau que les larmes de serpillères dégoulinant des révérences obséquieuses et ampoulées déversées en continu par les grands prêtres du veau d’or. Jasis, avec des oraisons funèbres ciselées dans le cristal de la langue, on pouvait au moins se concenter sur le style, sur l’exercice, parfois brillant, de leurs auteurs. Les grecs, imités par les romains, s’exercèrent, non sans talent, dans le panégyrique mais ce fut Bossuet, plus près de nous, qui excella dans cet art macabre. Puis, le temps faisant son œuvre, et après avoir tâté du cadavre exquis, improbable et dérisoire composition collective, nous en sommes arrivés aux éloges révérencieux à la démesure de la soumission médiatique. Le roi de la gaule est mort (j’ai oublié la majuscule), l’empereur des desperados au béret et à la baguette s’en est allé, et le monde chavire sur son axe. Parfaitement oublié ces derniers jours, semaines, mois et années, voilà Ramses III porté maintenant en pleine lumière cathodique et appelé au royaume des dieux. Son corps, eu égard à la tradition, baignera 70 jours dans le macron (carbonate de sodium) avant d’être, passée la grand messe laïco-chrétienne, inhumé dans le plus grand secret sous la pyramide du Louvre, afin que nul Carter de notre époque n’aille profaner la sépulture du fils de Ra (je ne sais comment écrire certains maux).
Pour les bandelettes, et comme les kanaks n’en ont plus besoin, on pourrait en faire don aux éborgnés des gilets jaunes. Même si c’est un choix hasardeux, car, lorsqu’ils seront sculptés de profil…
Brettus