L’enregistrement a eu lieu le 18 février 2024 au format podcast.

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Brian : Alors, ça fait longtemps que je ne l'avais pas calé dans un des épisodes. La première question que je pose à tous mes invités, je ne sais même pas, on n'en a même pas parlé, je ne sais même pas si tu le sais forcément, c'est Where is Brian ? Est-ce que tu peux me dire où est-ce qu'on est ?
Quentin : Eh bien ici, on est au Théâtre à L’Ouest de Rouen, sur la scène. Donc c'est plutôt assez cool, tu vois, c'est assez stylé, on a une petite lumière plutôt cool et tout. C'est là où j'ai joué la première fois de ma vie et où je crois que j'ai joué le plus de fois.
Brian : Mais alors, je précise pour les auditeurs qui s'inquièteraient, je ne joue pas ce soir avec Quentin. Évidemment, c'est Quentin qu'on retrouve. Donc, on te retrouve sur scène au Théâtre à l'Ouest, notamment, c'est ça ?
Quentin : C'est ça, assez régulièrement en première partie. Le mardi 20 février, on fait Maromme à l'espace culturel Beaumarchais. C'est une salle de 450 places pour fêter un petit peu la dernière du spectacle dans le coin. On a pas mal de trucs à fêter et à raconter, donc ça va être sympa.
Brian : Tu as un petit peu disparu ces derniers mois. Où étais-tu ?
Quentin : Eh bien, j'étais à l'hosto. J’ai fait un troisième pneumothorax. Je ne vais pas me porter la poisse en disant quatrième. Mais j'ai fait un troisième pneumothorax qui a été assez compliqué à enrayer. J'ai dû être transféré sur Paris en urgence pour être opéré. Finalement, on n'a pas pu opérer. C'est un peu galère. J’ai mis beaucoup de temps à m'en remettre parce que ça m'a vraiment fatigué, mais on remonte sur la selle et on bombarde, c'est parti.
Brian : Nous allons y revenir un petit peu plus tard dans l'émission dans l'épisode mais parce que comme tu ne fais pas les choses à moitié mon cher Quentin on va dire que t'as eu la double promo chez Auchan.
Quentin : La double promo, le double sms, voilà, le carré d'As.
Brian: Tu es atteint des syndromes du Marfan et de Loeys-Dietz. Est-ce que tu peux nous expliquer le contenu de ces « promos » ?
Quentin: C'est la merde. On ne va pas se le cacher.En gros, très souvent, ces maladies-là, tu as soit l'une soit l'autre. Moi j'ai pris les deux, je suis quelqu'un de généreux, j'ai adopté les deux diables, j'ai eu un prix de groupe, deux pour le prix d'un.
Brian : Comment arriverais-tu à décrire ton quotidien ?
Quentin : En fait, ces maladies-là, ça affecte pas mal les tissus. Donc par exemple, des dilatations de l’aorte où de certains tissus, que ce soit articulaires, quoi que ce soit. Par exemple, je suis hyper laxe, tu vois, des jambes. Donc je peux carrément retourner mes genoux.
Brian : Ces syndromes sont-ils comparables avec la maladie des « os de verre »?
Quentin : Non. Non, rien à voir. Mes os ne sont pas très très solides, mais ce n'est pas à cause de cette maladie-là, c'est à cause du syndrome de Marfan, justement, qui peut fragiliser pas mal de trucs. Mais non, le syndrome des os de verre est un syndrome bien distinct encore.
Brian :Ainsi donc, tu as décidé, au lieu de subir la vie, de sourire.
Quentin:Ben ouais, j'ai décidé de me marrer, c'est quand même mieux. On va moins se faire chier, je pense.
Brian : Quand est-ce que t'es venue l'appétence pour l'humour, et faire rire les autres ? T'as toujours fait rire les autres, volontairement ou pas d'ailleurs ?
Quentin :J’ai toujours... dit des conneries j'ai jamais fait attention vraiment, mais je rigolais toujours je trouvais que c'était c'était marrant de se marrer. C’est un peu bête comme phrase, mais c'est marrant de rigoler tu vois. Du coup je rigolais un peu tout le temps et en fait même à l'hôpital que ce soit avec mes parents ou quoi on rigolait parce que c'était notre seul moyen de respirer un peu de tout ça donc on a toujours beaucoup rigolé avec mes parents.Après j'ai rencontré Waly Dia (en photo à droite) que je devais venir voir ici donc sur scène au Théâtre à l'Ouest.

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Le problème c'est que j'ai fait ce qu'on appelle un press syndrome, c'est genre un double AVC bien vénère tu vois. J’ai oublié 14 ans de ma vie c'était sympa, enfin, le quotidien quoi tu vois j'ai envie de te dire la routine. J’étais à Limoges donc j'ai pas pu voir Waly. J’ai été transféré sur Rouen pour voir des spécialistes, justement le même jour où Waly était venu ici pour jouer donc comme moi j'ai pas pu venir, Waly lui est venu à l'hôpital. C’est Loïc Bonnet donc le directeur du Théatre à l'Ouest qui l'a fait venir à l'hôpital et alors il était pressé.Il devait rester un quart d'heure, il jouait le soir ce que je comprends tout à fait, et en fait il est resté deux heures. On s'est parlé on s'est vanné et tout et il m'a dit si tu veux venir faire des trucs avec nous sur scène tu peux essayer d’écrire et tout je dis: bah écoute à part réapprendre à marcher moi j'ai rien d'autre à foutre donc c'est parti quoi et c'est comme ça que ça a commencé en quelque sorte.
Avant je marchais pas autant. J’avais mon fauteuil quasiment tout le temps.. Depuis que j'ai commencé la scène, je suis beaucoup plus heureux dans ma tête et je le ressens sur mon corps. Alors, ça n'enlève pas les douleurs, mais t'as un peu plus de motivation pour dire « ah, les douleurs, je me bats les couilles ce soir je joue », alors c'est bon, ça va.
Brian : Tu te rappelles la première fois que tu as joué sur scène ici ?
Quentin: Ouais, c'était le 12 avril 2018. C'est noté là, laisse tomber. Et alors, à ce moment-là, parce qu'on se dit, effectivement, c'est la première fois de ma vie que je vais jouer sur scène. En fait moi j'appréhendais surtout, je me suis dit: « imagine, je monte, je fais mon truc qui est censé être drôle, et c'est pas drôle. » En vrai, il se passe rien de grave, mais juste les gens qui ne rigolent pas. Je me suis dit : putain, mais c'est le pire truc qui peut m'arriver, en fait. Juste avant de monter sur scène, j'avais des poumons serrés, j'avais du mal à respirer et tout. Je n'étais pas bien, je suis monté sur scène. Oh, c'est génial ici, en fait. Et après, c'était parti. Il y a quelque chose de libérateur, en fait. Il y a un truc où vraiment, moi, sur scène, je me dis, ah, ça y est. Je peux enfin extérioriser et lâcher tout ce que j'ai. C'est vraiment, en fait, le meilleur outil. En plus ce qui est formidable c'est qu'en plus tu le fais pour te libérer toi-même mais aussi donner du bonheur aux gens c'est ça moi je trouve que la scène c'est un échange c'est un partage on passe un bon moment le public et l'artiste moi je passe autant le bon moment sur scène que les gens dans le public. Je trouve que c'est ça qui est important c'est vraiment l'échange et prendre du plaisir tous ensemble, se marrer se retrouver après, boire une bière et rigoler encore tu vois.
Brian : Cela t'est déjà arrivé par exemple parce que tu parlais de prendre une bière avec modération évidemment est-ce que ça t'est déjà arrivé de prendre un verre une bière ou autre chose avec des spectateurs ?
Quentin : Ouais carrément ouais même souvent ça m'arrive souvent avec des habitués du théâtre et tout parce que je trouve que justement c'est ça qui est cool genre on peut parler du spectacle on peut parler de milliers d'autres trucs ça crée du lien ça rapproche les gens un théâtre un restaurant un lieu public en fait ça rapproche les gens.Bah ouais, évidemment, on va prendre un verre après, on rigole, on parle.
Brian : On va continuer de tirer un peu le fil parce que tu vas voir où je vais forcément venir, tu as commencé en 2018. À partir de mars 2020, il y a eu une période qui n'était pas très très drôle. À savoir le Covid. C’était une période où forcément, les acteurs culturels, en général, ne pouvaient pas faire de spectacles. Comment toi, tu l'as vécu ?
Quentin : C'était un peu galère parce que du coup, c'était la partie de ma vie ou je me disais ah ! en fait la vie peut être cool là je me dis ah ça c'est cool et après tu sais il y a eu le covid et tout a été fermé je me suis retrouvé là genre « bah non ça fait 5 jours que je kiffe ma vie laissez moi kiffer ma vie un petit peu pourquoi le monde se met à l'arrêt quand moi je commence à kiffer ». Je l'ai un peu vécu comme ça: bah c'est maintenant que je peux profiter de ma vie tu dis la seule chose qui fonctionne c'est les hôpitaux ouais c'est ça le seul truc qui fonctionnait c'était les hôpitaux moi c'était le seul moment où je pouvais ne pas aller à l'hôpital. Je pouvais aller à un autre endroit enfin dans ma vie et ils ferment absolument toute la planète je me dis putain c'est une blague ou quoi et du coup j'ai eu un peu de mal parce que ouais je me suis dit putain c'est maintenant que je peux profiter de ma vie, je me sens bien et tout est fermé et surtout je pouvais pas monter sur scène.
Brian : J'ai vu que tu as fait des sketchs sur les réseaux, le contact avec le public à ce moment-là doit être différent…
Quentin :…Il est différent mais il est obligatoire parce que moi ça me manquait tu vois de voir les gens dans le public, ça me manquait d'avoir ce contact-là de rigoler avec les gens même de parler du spectacle tu sais genre moi ce que j'adore après le spectacle c'est quand je demande aux gens c'est quoi votre blague préférée et bah j'ai retrouvé un peu ça sur Instagram quand je postais mes vidéos tu vois dans les commentaires les gens ah putain cette vanne là trop marrante ou alors ouais cette vidéo là moins bien que la semaine dernière tu vois et du coup je retrouvais cet échange avec les gens et je me dis, en fait les réseaux et la scène ne sont pas si éloignés que ça.
Brian : Ça fait du bien des fois d'entendre quelqu'un qui nous énonce des points positifs des réseaux, parce qu'en fait, souvent ce qu'on entend, surtout dans le monde actuel, les réseaux sociaux n’ont pas forcément bonne presse.
Quentin :Les réseaux sociaux, c'est absolument comme tout, en fait, c’est quand tu commences à en abuser, c’est la que ça devient toxique, nocif. C'est-à-dire quand tu regardes les réseaux, par exemple, comme moi, je suis fan de MMA, par exemple Twitter tout ça je vais pour voir les infos sur le MMA. D’ailleurs c'est marrant parce que moi je fais un peu le parallèle entre la scène et une cage. Je trouve que l'entrée c'est un peu pareil tu vois, tu te mets dans ta tête qu’il faut que tu performes aussi tu vois. Il faut que tu fasses un truc que les gens kiffent, et bon alors moi ce qu'il y a c'est que j'arrive sur scène je suis déjà pété alors que le mec il arrive normal et il repart et dans tous les cas t'es fracassé c'est clair donc en fait du coup pour continuer à parler réseaux sociaux donc forcément on va pas faire mystère de ça et d'ailleurs tu en joues forcément même quand tu arrives sur scène et les réseaux sociaux sont une scène effectivement on peut voir qu'il y a eu une couille dans le pâté ou un problème dans la marchandise.
Brian : Justement, quelle est la première réaction sur les réseaux sociaux quand on voit un « colis à moitié brisé » comme ça ?
Quentin : C'est une bonne question. Je pense que la première réaction, elle est propre à chacun. Elle est surtout propre à l'éducation que la personne a reçue. Parce que sur les réseaux sociaux , j'ai une audience qui est assez jeune, tu vois. Genre entre 12 et 20 ans, je pense, et c'est vraiment en fonction de l'éducation que la personne a reçu je pense que j'ai eu autant de premiers commentaires de gens qui me découvraient qui étaient en mode putain c'est génial ah trop cool genre malgré son handicap il fait ça et tout. J’ai eu par exemple à l'inverse autant de messages qui disent ah ouais mais il se sert de son handicap pour faire ci pour faire ça. J’ai eu tout autant de messages qui parlaient absolument pas de mon handicap, les gens s'en battaient les couilles totalement et disaient juste putain ce mec là est trop marrant, c'était les commentaires que je préférais bah en fait j'ai envie de te dire que dans les deux cas pour être honnête tu fais du bien en fait parce que dans les deux cas parce que moi je vais te dire un truc en fait souvent j'imagine que c'est pareil pour toi c'est à dire que moi j'ai pas de mal à en parler mais en fait quand les gens me regardent et qu'ils quand les gens regardent ils me voient que j'ai du mal à marcher ou que j'ai des difficultés ou que Fred(NDLR : le réalisateur) tout à l'heure m'a aidé à monter, t'as des gens qui sont ok mais ils osent pas.
Il y a beaucoup de gens qui sont gênés voilà tu sais qui se disent putain je veux l'aider mais j'ai pas envie qu'il se sente diminué. Ce que je conseille souvent c'est en vrai tu fais comme à quelqu'un d'autre tu sais tu t'approches et tu demandes : tu veux un coup de main oui bon bah je t'aide tu veux un coup de main non bon bah tu te démerdes puis voilà tu vois comme à quelqu'un d'autre en fait oui c'est ça et ce qui est formidable aussi c'est de voir que le côté comique n'est pas forcément dans l'handicap ce qui est mis en avant en premier c'est ton côté comique et ça je trouve ça super je trouve ça super bien aussi souvent quand on parle d'une personne handicapée le premier truc qu'on dit c'est pas ah il est marrant C'est... « Ah le pauvre ! Le pauvre, cette fameuse phrase ». C'est la première phrase que t'entends de toute façon. Enfin, celle que t'entends le plus quand t'es handicapé. « Ah le pauvre. Le pauvre. »
Mais pourquoi « le pauvre ? » T'es à ma place ? Je te le dis, je suis pas pauvre t'inquiète enfin pas pauvre je parle émotionnellement parlant je suis pas à plaindre je suis pas en train de me morfondre tout ça tu vois je suis en train de vivre ma meilleure vie.
Je suis resté deux semaines et demi à l'hôpital et ce qui n'est pas beaucoup pour moi d'ailleurs surtout avec la gravité de ce que j'ai eu. Malgré tout j’ai failli y passer encore une fois et en fait, plus encore que la rééducation c'est le repos qui m'a pris du temps parce qu'en fait si tu veux, un pneumothorax c'est hyper handicapant parce que en fait t'as plus le droit de faire beaucoup de choses, c'est à dire par exemple porter des trucs à bout de bras je peux pas, porter des trucs de plus d'un kilo je peux pas, lever les bras je peux plus, faire des efforts si je suis fatigué, je peux plus tu vois il y a plein de trucs vraiment que même rire trop fort d'ailleurs rire trop fort, tousser trop fort je vais te donner une anecdote, c'est très drôle je suis en train d'écrire là dessus d'ailleurs quand je vais aux toilettes si je pousse trop fort je peux me décoller un poumon et décéder je trouve ça trop marrant c'est trop drôle. Je vais paraître très vulgaire mais je chie je crève putain c'est trop drôle, désolé mais c'est trop drôle.
Brian : Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour l’avenir ?
Quentin : Je suis toujours très simple, terre à terre. D'ailleurs, on me le dit souvent dans les interviews que je ne rêves pas assez, mais je suis comme ça. Je suis très terre à terre. Le temps que je continue à m'amuser avec les gens et qu'on continue à kiffer, à prendre du plaisir, moi j'ai tout gagné.
Brian : Ne penses-tu à l'avenir, parce que dans ton syndrome il est question d'une espérance de vie plus courte pour poser la question franchement ?
Quentin : Mon syndrome ne met pas de date limite de péremption entre guillemets tu vois ce que je veux dire y'a pas genre, après 32 ans ça commence à être chaud tu vois j'ai pas de date limite de consommation. Mais bon je ne cotise pas pour ma retraite, par exemple. Tu vois ce que je veux dire ? Moi, j'utilise tout, tout de suite, comme ça, Mais du coup, c'est vrai que je me dis pas où je serai dans 10 ans ou dans 15 ans, parce que je me dis en fait, moi, là, je suis heureux, je profite et je fais ce qui me plaît. Je veux profiter de maintenant et je veux pas me concentrer sur dans 10, 15 ans, j'aimerais faire ça. Prends ton plaisir maintenant, kiffe et profite maintenant.
Brian : Tu as joué avec Jérémy Ferrari et le regretté Guillaume Batz, Est-ce que tu as un mot, quelque chose à dire, un souvenir émouvant avec Guillaume que tu aimerais nous partager ?
Quentin : Comme j'ai dit sur mon Instagram quand il est décédé, je ne vais pas faire des grandes phrases, des grands machins, des grands trucs parce qu'on n'a jamais été hyper potes parce que malheureusement, les rencontres… On s'est vus que 4-5 fois on avait bien accroché quand même on avait bien rigolé sur quelques petits trucs mais en fait ça a été le premier d'entre nous tu vois un des premiers mecs handicapés qui a dit on est là, on va pas bouger tu vois, on est là, on a le droit d'être là, on a le droit d'être drôle comme vous et on est même encore plus drôle que vous tu vois et c'est lui qui a mis un coup de pied dans la porte en mode ça y est, on arrive et nous tu vois on a suivi ce chemin que Guillaume avait tracé et on s'est dit ah bah en fait ouais on peut, on a enfin un mec comme nous, qui est drôle et qui y arrive.
Brian :Aujourd’hui, peut-on vraiment rire de tout, et en particulier sur la condition physique ou le handicap de quelqu'un ?
Quentin : Je pense que tu te doutes bien qu'on me pose beaucoup la question. Ce que je réponds à chaque fois, pour moi en tout cas, tant qu'il y a du respect entre les deux personnes ou par exemple l'artiste et la salle qui rigolent d'un sujet,ou de quoi que ce soit, tant qu'il y a du respect des deux côtés en fait et que c'est pas de la moquerie c'est de la rigolade.
Il y a une grande différence entre la moquerie et la rigolade. Par exemple on rigole tous ensemble mais on se moque de quelqu'un tu vois ? La nuance, elle est là : On rigole tous ensemble et on se moque de quelqu'un. Parce que dans le fond, la personne qui est moquée ne rigole pas forcément. Là, ça deviendrait irrespectueux pour la personne parce qu'elle passe un mauvais moment et tous les autres se foutent de sa gueule. Donc moi, je n'aime pas trop ça. Je trouve que c'est un échange, un partage. Donc pour moi, tant qu'il y a du respect, toutes les personnes qui sont là sont OK pour rire de ça ou de tel truc ou de tel truc. Eh bien, trop cool, on rit de tout.
Brian : En parlant de Jérémy Ferrari, j'ai ce souvenir en mémoire. Je me rappelle du tollé qu’il s’était pris, pour parler franchement, quand il avait osé critiquer, si on peut dire le programme en disant que le Téléthon, c'est du pathos pendant 30 heures..
Quentin : En fait, moi, je vais te dire un truc pour être très honnête. Le Téléthon, j'ai beaucoup de mal.
Brian : On t'a demandé d'y participer ?
Quentin : Pas en France, mais en Belgique ouais, j'ai participé à l'émission Cap 48 que d'ailleurs j'ai beaucoup aimé ,et qui était pas comme en tout cas plus familial que le Téléthon en France plus convivial plus dans l'échange tout ça c'est ce que j'ai beaucoup aimé, d'ailleurs en France on m'a jamais encore proposé on m'a déjà demandé de faire des spectacles où les dons allaient justement au Téléthon tout ça et en fait je ne l'ai jamais fait pour une raison très simple.
Les personnes handicapées que tu vois le jour du Téléthon, tu sais le soir quand il y a le plateau télé, tu as tous les handicapés qui sont comme dans une vitrine exposée et en fait ces gens là à part ce soir là tu ne les vois pas, et puis très honnêtement tout le monde s'en bat les couilles de pas les voir autre part qu'à ce jour là. On met les handicapés devant, les gens qui sont dans leur télé, comme tout à l'heure. «Oh, le pauvre !» On va donner un peu, et voilà. Je trouve que c'est dommage, parce que pourquoi on doit attendre un moment spécifique dans l'année pour être gentil avec des handicapés ? Pourquoi tu dois attendre un moment spécial dans l'année ? Tu vois ce que je veux dire ? On creuse encore plus les inégalités. Tu vois c'est comme par exemple la journée de la femme on ne peut pas féliciter une femme que la journée de la femme et en plus tous ceux qui viennent te dire « bonne fête chérie ». Je trouve qu'on limite et c'est en faisant ces trucs là qu'on creuse la séparation entre les gens.
Brian : Je voudrais que tu nous parles pour terminer de cette collaboration que j'ai moi même faite avec la marque inclusive « Ouais et Alors » il y a un an, qu'est-ce que qu'est-ce que toi ça t'évoque ce type partenariat ?
Quentin : Bah moi ouais alors en fait à la base je connaissais pas du tout et j'ai vu sur Instagram dans une story d’un pote qu'on doit avoir en commun avec Laetitia. J’ai vu la petite vidéo qui explique la marque et en fait j'ai dit mais ouais c'est ça c'est vraiment le truc universel que t'as envie de dire c'est Ouais et alors? Qu’est-ce que ça peut te foutre ? Tu vois ce que je veux dire c'est ce que t'as envie de dire aux gens qui te regardent comme ça ouais et alors tu vas faire quoi qu'est-ce que ça peut te faire? et du coup je me suis dit putain avec le spectacle toujours debout, c'est pas une collaboration parce que je vois pas de taf ou de business ou quoi que ce soit là dedans pour moi c'est juste deux trucs qui se rejoignent et je pense que ensemble on sera plus fort tu vois et donc je me dis ouais j'ai envie de voir si déjà la personne est cool, parce que si la marque est cool, mais que les gens sont des gros connards, tu vois ce qui peut totalement arriver.
Alors que Laetitia, c’es un bonbon que je conseille à tout le monde d’avoir dans sa vie. Elle est passionnée par ce qu'elle fait et elle est vraiment dévouée par ce qu'elle fait. Elle se met corps et âme là-dedans et je trouve ça vraiment admirable. En plus son fils et sa fille. Elias et Raph que j'adore ils sont trop drôles aussi on passe des super après-midi et tout et d'ailleurs justement c'est devenu beaucoup plus que que juste une marque avec qui on fait des photos et que je porte le t-shirt sur scène. Moi, Laetitia, c'est une pote. C'est quelqu'un avec qui je vais manger, par exemple, sans faire de photos ou sans faire de machin, tu vois. Des fois, on se voit, il n'y a pas de photos qui sortent ou quoi que ce soit. C'est le sel de ces rencontres. C'est avant toute chose de l'humain.
Brian :Le mot de la fin revient toujours à l'invité dans cette émission. Qu'est-ce que tu aimerais aborder qu'on n'a pas abordé ? Oui, je sais. Qu'est-ce que t’aimerais aborder ?
Quentin : Ce que j'aimerais aborder, c'est la période où je n'étais pas présent. Je pense que c'est important d'expliquer un peu. Il y a eu le pneumothorax qui m'a énormément fatigué, qui m'a énormément pris d'énergie. Donc il a fallu évidemment que je me repose que je me remette à manger que je me remette au sport que je me remette à tout ça pour tenir sur scène et tout mais il n'y a pas eu que le corps qui a été très compliqué à gérer parce que j'ai perdu mon grand-père et en fait très honnêtement à ce moment là juste avant le pneumothorax j'étais genre à mon pic de mon mental j'étais genre Mohamed Ali, tu vois. Ça y est putain je vis tout ce que je rêve j'ai plus qu'à bosser comme il faut et c'est ce que je faisais pour continuer à tout niquer et à kiffer tu vois et en fait je me suis rendu compte que même si la santé est là, parfois si t'es pas bien dans ta tête en fait, t'as rien qui sortira tu pourras pas bosser parce que t'es pas en phase avec toi même.
Une fois que j'ai compris ça et que j'ai fait le deuil de mon grand-père, je me suis dit, ok, j'ai compris que si t'es pas bien dans ta tête, tu peux pas être bien dans ton corps non plus et c'est là où tu reviens on revient au tout début de l'histoire. Avant la scène je marchais pas et maintenant je marche parce que je suis heureux. C’est vraiment ça.
Faites ce que vous kiffez mettez vous en phase avec vous même, prenez le temps de réfléchir en fait tout simplement de vous poser de prendre du temps pour soi je trouve que c'est vraiment important pour être bien dans son corps et pour être bien dans son corps il faut être bien dans sa tête. Donc prenez du temps pour vous, kiffez les uns les autres, ne vous prenez pas la tête pour de la merde et profitez et rigolez sinon on va se faire chier moi je vous le dis.