Ça fait 20 ans…
20 ans que la loi «pour l’égalité des droits et des chances» a été adoptée.
Alors c’est vrai que modestement, je peux dire que ma maman et moi, nous en connaissons malheureusement un rayon en la matière, cette dernière ayant eu toutes les difficultés du monde à m’intégrer dans un parcours dit «classique».
En effet, beaucoup de chefs d’établissements scolaires ont exprimé leurs craintes à mon égard.
«Je ne vois pas ce qu’il est possible de faire avec un enfant comme lui» pouvait t-on entendre.
6 ans et deux agressions sexuelles plus tard «parce que je n’étais pas assez viril» et que je ne voulais pas pécho» et que j’étais un «sale handicapé qui trichait en cours avec son PC» parmi d’autres injures. Je finis par déchrocher mon bac.
Enfin pardon, je dis « agression sexuelle » mais avant on appelait cela «des jeux d’enfants».

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Il s’agissait de courir derrière moi et de me baisser le pantalon. (Au collège).
Sanction maximale, 2h de colle à copier des lignes.
Même chose pour celui qui m’avait fait une morsure à la main droite parce que je tentais de lui arracher son téléphone portable «à 400€» parce qu’il faisait circuler une vidéo prise à mon insu pour se moquer de moi.
Alors oui, il y a des choses qui ont évolué positivement, je crois et j’ose espérer qu’il y a certaines scènes que j’ai vécu, qu’on ne voit plus, même si je pense qu’il y a toujours une forme d’inertie au sein de l’éducation nationale en la matière et que les enseignants sont souvent démunis, face au manque de moyens. Par ailleurs, je croise énormément d’enseignants qui veulent quitter l’institution.
Mais globalement, il y a quand même un énorme goût amer dans la bouche, 20 ans après.
Je ne reviens pas sur l’emploi et sur mon cas personnel, la plupart d’entre vous savent déjà, ce que je cherche, pourquoi je suis capable de le faire plus qu’un autre, et pourquoi je le chercherais toute ma vie parce que de toute façon j’ai rien à perdre et je n’ai nulle autre prétention que celle d’exercer, c’est d’ailleurs le cas pour beaucoup d’entre nous, occuper un emploi est un luxe.
Je ne vais pas mentir, je ne connais pas la situation des personnes en situation de handicap dans la presse. Il m’apparaît que sur les évènements qui m’ont été donnés de couvrir, (Armada,DD80) j’étais le seul dans cette situation, mais je n’en suis pas sûr, en tout cas pour le débarquement, rien n’était adapté, ça a été un chemin de croix pour le couvrir. Je remercie par ailleurs des journalistes du Guardian et une journaliste de l’ORF de m’y avoir aidé.
Parce que c’est bien en terme d’accessibilité que le constat est le plus sombre, à Paris, c’est carrément le noir complet, il n’y a qu’une seule ligne de métro qui est adaptée et la vie y est un enfer. C’est comme si on était des citoyens de seconde zone en fait.
Je croyais qu’en république, nous étions tous des citoyens libre et égaux en droit.
En 2025, ce n’est toujours pas le cas.