L'impensable advient, nous commençons à nous habituer aux annonces quotidiennes par les médias et les journaux des décès par suicide, de jeunes adolescents, de personnes agées, de salariés. Le TGV a eu du retard à cause d'un corporel dit-on de manière soft, il a mis fin à ses jours...Dans un pays hypersophistiqué en matière de statistiques et d'épidémiologie, nous savons nous préparer à l'attaque du virus X de la grippe à la porte de notre quartier mais alors combien de suicides, comment, où, quel âge..nous ne savons pas faire ! . Remarquez bien que je ne dis pas pourquoi car ça c'est une autre question. Pourquoi ce recueil tarde-t-il tant ? De quoi avons nous peur ? Combien de temps allons nous taire ces souffrances infinies pour ceux qui restent et qui ne peuvent même pas se repérer dans un groupe à qui il est arrivé la même chose. L'explication du tabou du suicide ne suffit pas. Les analyses récentes ont mis en évidence des responsables punis par la Loi et c'est bien ça qui est au coeur du problème : protéger jusqu'au bout ceux qui contribuent à ces extémités en mettant des êtres humains dans des situations de vie intolérables et inhumaines.
J'en appelle à toutes et à tous ceux pour qui un homme égal un homme où qu'il soit dans le monde à refuser de banaliser le suicide, à s'y habituer et à conserver sa capacité de s'indigner et de demander des comptes. Tout ne s'explique pas par la fragilité humaine, le phénomène auquel nous sommes confrontés est un phénomène sociétal acutisé par les inégalités sociales et un libéralisme débridé.
Docteur Brigitte FONT LE BRET PSYCHIATRE co auteur du livre avec Marin LEDUN et Bernard FLORIS de" Pendant qu'ils comptent les morts" titre qui serait à ce jour " Pendant qu'ils ne comptent plus les morts".