Monsieur Le Ministre,
Je suis très inquiète du nombre de situations de précarisation dans la Fonction Publique et dans certaines entreprises ayant encore des agents relevant de la législation spécifique en matière de droit médical (France Telecom, La Poste...).
Le statut dont ces agents relève en matière de droit au congé de longue maladie d'une liste de maladies (Arrêté du 14 mars 1986). En 25 ans, beaucoup de pathologies ne correspondent plus à cette liste. Je vais parler de ma spécialité : la psychiatrie. Pour avoir droit à un Congé Longue Maladie, les critères sont extrêmement stricts (pathologie endogène, hospitalisation, psychose...). Les patients que nous recevons dans nos cabinets présentent pour la plupart des dépressions graves que certains confrères nomment "réactionnelles", ce terme est assez rédhibitoire pour avoir un CLM même si la symptomatologie est lourde. Ces patients sont donc pris en charge 3 mois à plein traitement puis neuf mois à mi-traitement, éventuellement complété par leur mutuelle. Au bout de douze mois, le couperet tombe : D.O.R.S. (disponibilité d'office pour raison de santé). A partir de là, la carrière de ces fonctionnaires s'arrêtent, ils perçoivent les indemnités journalières de la Sécurité sociale mais surtout ne cotisent plus pour leur retraite.
Nos patients sont à ce moment là dans une vulnérabilité profonde psychique et sociale. Les salariés du privé perçoivent, si accord du médecin conseil, un droit à congé maladie supérieur à six mois pouvant aller au maximum à trois ans. Cette inégalité est problématique et source de confusion chez les patients qui discutent entre eux et vont sur les forums.
J'aurai plein d'autres exemples à écrire mais je souhaite aller à l'essentiel à savoir solliciter de votre part un rendez-vous pour réfléchir à une modification de cette Loi et à son adaptation aux nouvelles pathologies et aux nouveaux traitements, dans un contexte général de crise rendant très fragiles les patients. Leur précarisation financière est un risque de passage à l'acte, je reçois beaucoup d'appels en urgence pour ce genre de situation. Un collectif doit être créé composé de médecins agréés, de médecins libéraux, de membres de Comité Médical ainsi que les membres du Comité Médical Supérieur instance d'appel lorsqu'il y a un refus et bien sûr des membres représentatifs des syndicats de fonctionnaires.
Je me permets de souligner le caractère urgent de ma demande car beaucoup de vies sont en suspens à ce jour et seules les chaînes de solidarité permettent de retenir certains passages à l'acte... mais jusqu'à quand.
Docteur Font Le Bret, Psychiatre Agréé
Billet de blog 26 septembre 2011
Lettre ouverte au ministre de la fonction publique
Monsieur Le Ministre,Je suis très inquiète du nombre de situations de précarisation dans la Fonction Publique et dans certaines entreprises ayant encore des agents relevant de la législation spécifique en matière de droit médical (France Telecom, La Poste...).
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