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Billet de blog 9 octobre 2015

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700 réfugiés attendent notre aide au lycée Jean-Quarré

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ohé bonnes gens ! assis, souriants et joyeux sur la rive...

Quelqu’un dans l’eau est en train de périr,

Quelqu’un se débat des bras et des pieds sans arrêt,

Sur cette mer terrifiante, ténébreuse et violente.

Ohé bonnes gens ! Spectateurs assis sur la rive dans le calme,

Bien habillés, ayant la nappe du bonheur pleine de nourriture,

Quelqu’un dans l’eau est en train de périr !

Il vous appelle ! Au secours, au secours !

Nima YOUCHIDJ (1895-1959)

Fondateur de la poésie persane moderne 

ILS ATTENDENT NOTRE AIDE, ET NOUS NE FAISONS RIEN !

 Et voilà, après tant de souffrances, d’angoisses, d’attentes et de résistances, maintenant ils sont là : à la Maison des Réfugiés de la Place des Fêtes (à Paris 19ème) qui  n'est ni une maison, ni un refuge.

Ce lycée vide et inutilisé depuis plus de 10 ans, le lycée Jean-Quarré, que les réfugiés ont décidé de squatter depuis quelques semaines ressemble à un camp pénitentiaire où 700 personnes  abandonnées à elles-mêmes  se battent pour survivre.
Entassement, isolement, saleté, absence d'éclairage, manque d'eau et de sanitaires, manque d'intimité, manque de nourriture chronique, manque de soins médicaux, risques de contamination et d'épidémies, risques de conflits, ... Là, on trouve souvent 40 ou 45 personnes entassées dans une petite salle qui pourrait tout juste convenir à une famille.

Qui sont-ils ?
Ils sont des êtres humains comme vous et vos proches.

Ils étaient chez eux condamnés à disparaître... Décimés par la guerre, la répression, les exécutions arbitraires, la prison, la torture, menacés par des catastrophes naturelles comme la sécheresse ou la famine qui s'ensuit.

Ils sont venus en Europe pour trouver une solution et une issue. Ils espèrent tous une régularisation rapide et une vie même modeste mais digne.
Ils sont des jeunes hommes, des femmes, des enfants venus d’Afghanistan, de Lybie, de Syrie, de Tunisie, d’Egypte, d’Erythrée, d’Ethiopie, du Soudan, du Tchad, du Yémen...
Ces gens ont tout quitté derrière eux au risque de leurs vies, dans l'espoir de trouver parmi nous un lieu où vivre paisiblement et dignement.

Ils passent leurs journées souvent à jeun, dans un état dépressif qui peut générer des conflits entre eux (pas de langue commune, pas ou peu de nourriture).
Chacun se réfugie dans sa communauté à cause de l'insécurité ressentie au dehors.

Pas d'eau chaude ni d'électricité. Les nuits sont inquiétantes : bruits dans les couloirs, pas de lumière, sentiment de danger surtout pour les femmes.
Le moindre problème pourrait dégénérer et aboutir à des morts (incendie,...). Aucun moyen pour se déplacer, ils ne peuvent traverser Paris à pied car ils sont fatigués par le manque de nourriture ; pas d'énergie. Pourtant cela leur ferait du bien de sortir, de voir autre chose. Ils sont comme des grévistes de la faim imposée.

De quoi ont-ils besoin ?

Leurs besoins immédiats les plus urgents sont  par ordre décroissant d'urgence :

v     Une nourriture suffisante et quotidienne, y compris pour les jeunes enfants (par exemple lait et produits laitiers, sucre, thé et café,...)

v     Des produits d'hygiène (savon liquide, shampooing...), des produits d'entretien (produits javellisés, balais, sacs poubelle, poubelles en plastique)

v     De grands tableaux blancs effaçables et des feutres, pour les consignes

v     Vêtements et chaussures de toutes sortes et toutes tailles, et des vêtements chauds en prévision de l’hiver

v     Des cours de français pour apprendre le plus vite possible à se débrouiller et être autonomes

v     Une organisation d'accueil solide, assurant un respect du vivre ensemble

v     Une permanence médicale régulière

Que faire ?

Face à  cette terrible situation dans laquelle survivent plus de sept cent personnes, des femmes, des hommes et des enfants dans un lycée abandonné, ruiné et insalubre  où les risques de maladies contagieuses et psychologiques sont  immédiats, nous devons  nous lever et agir.

 Nous devons renforcer et multiplier nos efforts humanitaires pour secourir ces gens qui se trouvent démunis de tout : sans force, sans réserve, sans défense et vulnérables. Ils n’auraient jamais imaginé qu’ils seraient exposés à tant de souffrances en venant ici.

La question ne se pose même pas comment faire ! il s’agit de faire quelque chose, quoi qu’il en soit, pour sauver la vie des enfants, des femmes et des hommes qui ne voulaient pas mourir sous les bombes ou sous la torture. Aidons ces gens qui ne voulaient pas être égorgés par les extrémistes fanatiques ou emprisonnés dans les horribles cellules des dictateurs. Sauvons ceux qui se sont aujourd'hui réfugiés ici à coté de nous.

Nous n’avons pas besoin d’envoyer de bateaux, de brigade de sauvetage, de secouristes marins, car ils sont là : à deux pas de chez nous !

Face à une tragédie qui guette derrière nos portes, il va falloir mettre en place une action urgente pour loger et aider dignement ces réfugiés qui sont à présent entassés dans des lieux affreux et insalubres.

Ils ne cherchent pas une vie de luxe ou d’assistance, mais une vie humainement correcte et respectueuse.

Avec un peu de volonté et d’altruisme, nous sommes capables de changer la couleur de leur avenir en les encourageant à apprendre le français pour s’intégrer rapidement dans notre société et y participer activement.

Nous pouvons et devons mobiliser l'ensemble de nos forces pour lutter contre l’indifférence face à cette situation douloureuse de plusieurs centaines d’êtres humains délogés de chez eux et parvenus à grand peine dans notre partie du monde. L’histoire épouvantable de l’Europe après les deux guerres mondiales, nous a bien appris que si l’accueil, la générosité, le courage, l’audace et la résistance des hommes et des femmes, ne s’étaient pas mis en marche et n’avaient pas reçu les victimes de guerre et de persécution du fascisme et du nazisme, on aurait peut-être chez nous aujourd’hui une destinée sombre et humiliée sur le plan individuel et collectif.

En prenant des initiatives constructives et humaines, nous pouvons accueillir ces réfugiés et les aider à regagner leur dignité humaine, à cicatriser leurs blessures psychiques et physiques, à reprendre leurs vies créatives et s’intégrer activement dans la vie socioprofessionnelle.

Les volontés fortes se traduisent par des actes (Un proverbe chinois):

Maintenant que le bateau des réfugiés est  ancré au bord de nos cœurs, avec le concours de tous, nous pouvons agir résolument et manifester notre solidarité avec eux en mettant en œuvre une importante et rapide opération de secours.

Nous devons nous lever et agir contre ces tragédies humaines qui se passent quotidiennement sous nos yeux !

Souvenons nous tous de nos histoires respectives.

Agissons vite tant que l’irréparable n’est pas arrivé.

N’acceptons pas que les réfugiés du lycée Jean-Quarré soient expulsés par la force et dispersés dans les rues, abandonnés à leur sort !

Que tous ceux et celles qui peuvent leur apporter sur place de la nourriture ou des vêtements chauds, n’hésitent pas à le faire !

                                                                                      Ici et maintenant ! Voici une belle lutte !

                                                                                      Brigitte PARRAUD et Reza EBRAHIMI

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