Pour donner une conclusion au sort réservé aux migrants et rėfugiės du lycée Jean-Quarré :
Le vendredi 23 octobre vers 7 heures du matin, j'ai appris que le lycée ėtait évacué par les forces de l'ordre. Cette opération a duré plusieurs heures et a nécessité plusieurs dizaines de cars. Quand j'étais allée les voir dėbut octobre ils m'avaient dit être environ 700 personnes entassėes dans ce lycėe ; le jour de l'évacuation ils ėtaient parait-il près de 1200, dont une cinquantaine de femmes et une trentaine d'enfants.
Ils ont été envoyės dans 46 villes différentes, regroupės par communautés de langue ou d'origine.
Le lycée Jean-Quarré a été barricadé et cadenassé, surveillé nuit et jour par des voitures de police. Pour empêcher toute nouvelle arrivėe de migrants dans les lieux. La Mairie de Paris annonce qu'elle souhaite réhabiliter ce bâtiment vétuste et insalubre, pour en faire un centre d'accueil officiel pour les migrants d'ici mai 2016 ; attendons de voir...
Mais avant cela, nous avions réussi à leur apporter un peu de réconfort matériel et humain :
- vêtements chauds, couvertures et chaussures ont été collectés auprès de nos collègues et amis et ont été apportés aux associatifs gérant la répartition des denrées à Jean-Quarré ; idem pour les aliments pour bébé, les couches-culottes et les produits d'hygiène ou d'entretien
- un grand merci à la Chorba pour tous, qui s'est déplacée tous les soirs pour leur distribuer la soupe, des biscuits, des fruits...
- un grand merci également à la Mairie du 19ème qui est venue distribuer des boissons chaudes et des petits déjeuners tous les matins
- merci aux quelques personnes qui ont financé de leur poche la livraison sur place de 600 litres de lait
- merci à mon collègue qui parle arabe et persan, et nous a servi d'interprète
Et bien sûr le fait que nous allions discuter et échanger avec eux autour d'un thé, le fait que nous ayons écrit un article sur eux, ce sont des choses qui les ont beaucoup touchés et leur ont apporté un peu de chaleur avant l'évacuation qu'ils savaient proche et inéluctable.
Il nous reste beaucoup de vêtements que nous n'avons pas eu le temps de leur apporter ; nous étudions la meilleure solution pour en faire profiter celles et ceux qui en ont besoin. Une grande partie cependant ont ėté déposés depuis à la mairie du 19ème, dans l'optique de la grande braderie solidaire du samedi 21 novembre.
Enfin, comme je n'ai pas eu le temps de leur dire au revoir avant leur évacuation et ne sais pas du tout où ils sont aujourd'hui, et que comme me le dit un ami "je me suis occupée d'eux donc je me sens un peu responsable d'eux" (c'est dans le Petit Prince de Saint-Ex), au cas où ils tomberaient sur ces lignes je leur souhaite à tous et toutes une vie plus douce, plus joyeuse, plus optimiste que celle qu'ils ont fuie avant d'arriver sur cette curieusement nommėe Place des Fêtes...